Claire, une jolie trentenaire, rend visite à sa famille vivant dans une ferme en pleine campagne pour leur présenter son compagnon. Elle y retrouve son père, sa jeune sœur et sa grand-mère. Cette dernière, mourante, avise Claire que des esprits vont venir «l'emmener dans la mort» et qu'il ne faudra surtout pas les contrarier dans leur tâche. Un soir, une «banshee» apparaît et s'infiltre dans la chambre de la grand-mère. Lorsque Claire s'interpose et «tue» par accident la créature, elle va ouvrir une faille où les morts reviennent à la vie.
Venu d'Australie, DAMNED BY DAWN est un tout petit budget qui aura mis des années à se finaliser suite à une post-production interminable. C'est le premier long-métrage de Brett Anstey après le court-métrage ATOMIC SPITBALLS, un hommage aux films de science-fiction des années 50. Si le titre DAMNED BY DAWN vous rappelle quelque chose, ce n'est pas un hasard. Le métrage s'inspire en partie de EVIL DEAD 2 de Sam Raimi et réutilise à sa sauce son sous-titre : DEAD BY DAWN (mort avant l'aube). Bien qu'un peu foutraque et doté d'idées venant de Mars, DAMNED BY DAWN n'est pas pour autant un rollercoaster comico-horrifique tel que l'était le métrage de Sam Raimi. C'est un film qui hésite constamment entre horreur décomplexée et tension oppressante. Un film qui hésite, peut-être un peu trop…
DAMNED BY DAWN a l'initiative de mettre en scène une créature peu représentée au cinéma : la banshee. Issue originellement des cultures celtiques, la banshee est une jeune femme tout de blanc vêtue, le visage dévoré par ses pleurs incessants. Elle apparaît pour venir chercher les personnes passant de vie à trépas. Sa caractéristique principale, pour ne pas dire son originalité, c'est son cri effroyable qu'elle pousse pour annoncer sa tâche morbide. Ce cri, le plus terrifiant jamais entendu, est le chant funeste annonçant la mort prochaine. La banshee est plus connue dans notre culture sous la forme de «la dame blanche», une figure cependant moins hystérique du mythe.
Le premier tiers de DAMNED BY DAWN est sans aucun doute le plus réussi. La présentation du compagnon de Claire à sa famille caricaturale dirigée par un père ultra bouseux vaut son petit lot de scénettes amusantes. La mythologie de la banshee est ensuite intelligemment mise en image via l'apparition d'un personnage aussi terrifiant que tragique. Impressionnante et belle, la banshee est sans conteste la grande réussite d'un métrage capable de construire autour d'elle des images à la poésie délétère. Le film change pourtant totalement de registre dès que Claire la tue accidentellement pensant sauver l'âme de sa grand-mère. DAMNED BY DAWN se met alors en mode «Sam Raimi» et lâche les vannes d'une horreur huluberlue faite de zombies perdant dix mètres d'intestins ou encore de squelettes volants. Oui, oui, des squelettes volants !
Petit à petit, DAMNED BY DAWN se réoriente sur un EVIL DEAD (très) bis où la petite famille va se retrancher dans une vieille ferme sous les assauts des morts, tout en s'autorisant quelques sorties en forêt pour des raisons plus ou moins obscures. Généreux et toujours divertissant, DAMNED BY DAWN alterne alors séquences réussies et d'autres complètement ratées (comme cette risible attaque par un zombie dans une cuisine de trois mètres carrés). On est parfois bluffé par certains plans de toute beauté (Claire essayant de fuir en voiture face à une nuée d'esprits volants), parfois gêné du rendu bien Zédouille de certains effets spéciaux en image de synthèse.
Il ne faut clairement pas espérer trouver dans DAMNED BY DAWN un spectacle visant à révolutionner le genre. Il s'agit d'une récréation n'ayant aucun autre but que de nous divertir. En ce sens, et malgré les nombreux bémols et incohérences, le film atteint son objectif car il ne nous ennuie pas une seconde. On préférera donc retenir la très belle photo du film, la beauté macabre de la banshee tout comme les idées les plus folles du métrage, quand bien même ces dernières souffrent parfois d'effets approximatifs. DAMNED BY DAWN a aussi la très bonne idée de confier le rôle principal à Renee Willner, une belle trentenaire au physique très éloigné des canons de beauté adolescents et standardisés que le cinéma de genre hollywoodien ne cesse de nous imposer. Les qualités d'actrice de Willner finissent de tirer DAMNED BY DAWN vers le haut et d'en faire une série B oubliable mais diablement efficace pour passer une soirée sympathique. On pourra ainsi sans mal préférer cette petite bobine destinée au marché de la vidéo aux remakes et/ou séquelles fantastiques inondant actuellement nos salles de cinéma.