Cinq mois après le décès d'Angela, cette dernière essaie de continuer à vivre normalement. Mais cela ne s'avère pas si simple dans un monde où les morts-vivants sont vus d'un très mauvais œil. D'ailleurs, son ancien compagnon, Josh, casse du zombie en compagnie de ses potes avant d'être embrigadé au sein d'une organisation encore plus radicale à l'encontre des personnes différentes…
Cas plutôt atypique dans le domaine du cinéma d'horreur tourné avec des bouts de ficelles, Marc Fratto préfère citer comme influence Martin Scorsese plutôt que Lucio Fulci. Car pour Marc Fratto, le cinéma d'horreur ne doit pas se laisser guider par l'exploitation purement mercantile mais proposer un véritable fond et de véritables personnages. Un discours que le jeune réalisateur applique donc en opposant carrément le maître du gore transalpin ou bien Jesus Franco à des cinéastes tels que Francis Ford Coppola ou Stanley Kubrick. Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'approuver Marc Fratto lorsque celui-ci affirme qu'un film doit se baser sur un bon scénario, des personnages travaillés et donc une solide écriture. Pour son deuxième long métrage, après le film de vampires STRANGE THINGS HAPPEN AT SUNDOWN, le cinéaste va donc peaufiner un film de morts-vivants qu'il veut différent du tout venant. C'est là où cela se corse puisqu'il va accoucher d'une œuvre carrément schizophrène. ZOMBIES ANONYMOUS propose d'un côté une véritable critique sociale plutôt acerbe et de l'autre un délire gore peu enthousiasmant. Pour apprécier le film de Marc Fratto, il va donc falloir surtout se focaliser sur la portion du métrage la plus convaincante.
Durant la première partie de ZOMBIES ANONYMOUS, le récit avance en parallèle en suivant deux personnages : Angela, fraîchement décédée et devant faire face à sa condition de morte vivante, et Josh, mec un peu perdu s'affirmant en tapant sur les faibles. Les deux forment un couple pour lequel la rupture s'est faite de manière violente. Chacun à alors repris son chemin en solo avant de finalement se recroiser à nouveau... Optant pour un traitement aux airs de comédie dramatique, le parcours d'Angela est assurément le plus réussi. Car le ton adopté sied plutôt bien aux maigres budgets du film et donne l'occasion d'exposer l'intolérance au sein de notre société. Particulièrement bien vu, Marc Fratto développe de nombreuses idées astucieuses confrontant son héroïne autant à des problèmes de racisme qu'à des discriminations pouvant toucher des personnes atteintes du SIDA. Pour s'intégrer, elle n'a donc pas d'autre choix que de camoufler son statut. Le fait qu'elle soit une morte vivante pourrait ainsi être assimilée, en fonction des circonstances, à une ethnie particulière, à une maladie ou encore à une orientation sexuelle. Ponctuée d'idées annexes, comme le flash-back évoquant l'abattoir des morts-vivants, ou encore des déclarations télévisées, cette partie du film apparaît comme la mieux maîtrisée à tous points de vue. On n'en dira pas de même en ce qui concerne le récit qui suit le personnage de Josh. Pourtant, une nouvelle fois, les idées sont bien présentes mais peinent à être exposées de façon satisfaisante à l'écran. Avec son atmosphère beaucoup plus sérieuse, cette partie souffre du jeu des acteurs et des moyens mis en œuvre. Peinant à retranscrire son groupuscule armé, très nettement d'extrême droite, ZOMBIES ANONYMOUS y perd un peu de sa superbe. Avec un peu d'indulgence, on trouvera tout de même le propos global plutôt pertinent en suivant les chemins séparés de nos deux personnages principaux. Les deux seront amenés à rencontrer des groupes extrémistes dans chacun des camps. Mais le gros problème survient à peu près à la moitié du film, alors que le cinéaste donne l'impression que son propos touche à sa fin et qu'il n'a donc plus vraiment rien à traiter. Dès lors, ZOMBIES ANONYMOUS aligne d'interminables affrontements et fusillades ponctués d'un grand nombre d'effets sanglants. Encore une fois, avec des moyens très limités, le résultat à l'écran flirte gentiment avec l'amateurisme et le ridicule, particulièrement lors du carnage final. Le contraste est alors assez saisissant puisque l'on passe d'un métrage plutôt posé, exposant un véritable propos intelligent, à une fiesta grand-guignolesque. Un peu comme si l'on passait d'un croisement entre FIDO et AMERICAN HISTORY X à une déconnade gore filmée entre potes. A l'arrivée, il est d'ailleurs un peu rageant de constater de quelle manière Marc Fratto plante lui-même son film. ZOMBIES ANONYMOUS retrouve heureusement un peu de sa «crédibilité» lors d'une dernière séquence qui renoue avec l'ambiance du début et terminant le métrage sur un geste aussi simple qu'évocateur.
Titré initialement LAST RITES OF THE DEAD, évoquant autant les derniers sacrements que les droits civiques, le film va changer de nom, probablement sous l'impulsion du distributeur, au moment de sa sortie aux Etats-Unis. Devenu ZOMBIES ANONYMOUS, le métrage va aussi être allégé de plus d'un quart d'heure sans le consentement du réalisateur. A vrai dire, ce n'est peut être pas une mauvaise idée. Surtout que Marc Fratto éprouve apparemment quelques difficultés à trancher au moment de son montage. D'ailleurs, son précédent film, STRANGE THINGS HAPPEN AT SUNDOWN, affichait une durée conséquente de deux heures et quart. Dans le cas de ZOMBIES ANONYMOUS, le premier montage faisait dans les deux heures avant qu'il ne révise le film pour atteindre les 108 minutes. Le cinéaste déclare d'ailleurs qu'il ne voit pas trop où il serait possible de couper davantage. En tous cas, soyez rassurés car le DVD édité par Neo Publishing propose donc le montage définitif du réalisateur.
Tourné en vidéo, ZOMBIES ANONYMOUS expose donc une image qui ne fait pas vraiment cinéma. Quelques passages laissent d'ailleurs apparaître du bruit vidéo hérité, bien évidemment, de la technique employée. Sur ce type d'image, il est toujours assez difficile de se montrer, quoi qu'il arrive, très critique. Pour sonoriser le film, une seule piste audio est proposée. Il s'agit de la version originale sous-titrée en français. Comme pour l'image, il apparaît peu pertinent de pinailler mais on constatera tout de même que certains dialogues sont parfois peu clairs. Encore une fois, impossible d'imputer ce souci à l'édition française en DVD.
Sur le menu du choix des pistes audio, on trouve l'option permettant d'activer le commentaire audio. Le réalisateur, en compagnie d'une demi-douzaine d'intervenants (acteurs et techniciens), commente donc le film jusqu'au bout. Tellement que le dernier mot de la dernière phrase prononcée par Marc Fratto passe in extremis avant une coupure abrupte et un retour vers le menu principal. Ce commentaire audio amène son lot d'anecdotes et précisions mais s'avère aussi très inégal, la faute au grand nombre d'intervenants et à leur complicité qui les mènent à blaguer ou bien à faire des réparties incompréhensibles pour qui ne les connaît pas réellement. Quelque part, l'interview, manifestement enregistrée spécialement pour le DVD français, est bien plus intéressante. Marc Fratto parle de son film et de ses vues en tant que cinéaste et cinéphile durant une dizaine de minutes. L'homme y paraît d'ailleurs un peu à l'image de son film comme lors du passage où il fustige le cinéma hollywoodien de manière un peu ridicule. Une petite Featurette vient compléter son intervention mais la poignée de minutes ne sont carrément pas passionnantes. On y croise à la vitesse de l'éclair le réalisateur ainsi que les acteurs, chacun lâchant quelques infos ou sentiments face au tournage ou au film. Cette petite vidéo a été montée bien avant la sortie américaine puisqu'elle arbore toujours l'ancien titre, LAST RITES OF THE DEAD. Une autre vidéo met en scène Fast Ali, jouant dans le film une extrémiste décapitant les morts-vivants à coup de machette. Elle est aussi la chanteuse du groupe Hexx Wrench et chante ici un titre punk. Le clip n'est pas sous-titré en français ce qui est fort dommage puisqu'il s'ouvre sur une bonne minute de dialogues qui risquent donc d'être obscurs pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais.
En plus de la bande-annonce, le DVD propose aussi de découvrir plus de vingt minutes de scènes coupées. Chacune d'elle est précédée d'un carton expliquant à quel endroit elle devait se trouver et les raisons de sa suppression. L'une d'entre elle vient d'ailleurs lever le voile sur une étrangeté de ZOMBIES ANONYMOUS où des personnages doivent se rendre à une fête pour finalement se retrouver simplement à discuter autour d'une table de restaurant. La fameuse fête, prenant des allures de séances de torture, se trouve donc dans les scènes coupées. Il est plutôt intéressant de découvrir toutes ces scènes même si, à l'évidence, il était plutôt salvateur de les retirer du montage final qui est, déjà, un peu longuet. L'édition DVD française propose en tout cas une interactivité plutôt complète pour ZOMBIES ANONYMOUS.