Header Critique : NIGHTBREED (CABAL)

Critique du film et du DVD Zone 1
NIGHTBREED 1990

CABAL 
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Plus ou moins rebelle envers la société et hanté par de terribles cauchemars, Boone est traité par un psychiatre histoire de rentrer dans le droit chemin. Mais Boone rêve chaque nuit de Midian, une cité peuplée de monstres. Accusé de plusieurs meurtres, il s'enfuit et le destin le mène vers Midian.

Se basant sur le succès de HELLRAISER, un studio n'hésite pas à confier un gros budget à Clive Barker. Les producteurs, n'ayant aucune idée de ce à quoi ils peuvent s'attendre, puisqu'ils n'ont sûrement jamais lu ne serait-ce qu'une ligne de l'un de ses livres, tombent sur le cul en découvrant le premier montage du film. Pas commercial pour un sou, torturé, un peu lent et trop violent, le spectacle n'est pas de leur goût. Tout comme il ne le sera pas non plus, après plusieurs coupes, à la MPAA devant laquelle le film passe plusieurs fois avant d'obtenir son "R" à la place d'un "X". Obligeant le réalisateur, au passage, à retourner certaines séquences jugées trop excessives. Le film ayant perdu plus de vingt minutes tout au long de son parcours du combattant. Clive Barker ne renie pas le film pour autant mais il en garde tout de même un mauvais souvenir. Une histoire qui se répétera plusieurs années plus tard avec LORD OF ILLUSIONS. Pas étonnant que l'écrivain laisse passer du temps entre chacune de ses réalisations cinématographiques.

Balancé comme un vulgaire film d'horreur sur les écrans américains, il se plante et ne ramasse pas les dollars escomptés. Même en France, sa sortie confidentielle lui assura une rapide disparition des écrans. A partir de là, les fans " lambda " de cinéma d'horreur cracheront sur le film, lui reprochant d'être un fourre-tout graphique sans les énormes bouillons de sang d'usage. CABAL ne mérite certainement pas tout ce dédain. Film de monstres avant tout, son propos n'est pas de faire peur. Tout comme la plupart des livres de Barker, il y a ce mélange entre le merveilleux et l'horrible. Entre la fascination et le dégoût. Clive Barker, avant d'écrire des histoires d'horreur, est un créateur d'univers. Celui de CABAL est d'une grande richesse. Et pour cause puisque l'on y croise plus d'une centaine de monstres ayant pour la plupart des noms et des personnalités.

Le plus terrifiant des monstres naît de la normalité. Un thème déjà abordé au cinéma mais jamais avec autant de faste. Pour incarner le mal, on y croise un chef de la police locale, accessoirement leader d'une milice locale et nationaliste, un prêtre tout aussi halluciné qu'intolérant et un psychiatre froid comme la mort. Pour l'incarner, Clive Barker fait appel à David Cronenberg. C'est après une rencontre pendant la promotion à Toronto du " Royaume des devins ", l'un de ses livres, que Barker propose à Cronenberg d'incarner celui qui se dépeint lui-même comme la " mort ". Sans émotion, froid et calme, Cronenberg interprète un bien inquiétant Dekker qui est, à ce jour, son seul grand rôle dans un film. Ses autres apparitions, comme dans RESURRECTION, sont souvent de tous petits rôles alors qu'ici, il tient le haut de l'affiche, à tel point qu'il était mis en avant sur le matériel promo en France (voir l'affiche française).

En face du mal, on trouve donc une centaine de monstres terrés à l'abri du sanctuaire souterrain de Midian. Camouflés à la vue du monde extérieur pour éviter l'élimination. Monstrueux, mais bien plus humain que les véritables monstres cachés dans l'esprit de personnes bies sous tous rapports. Car ils sont différents, ils sont la cible de l'intolérance, que ce soit de celle de la religion (ici un prêtre) ou simplement la haine de la différence (le chef de la police que l'on imagine raciste et fasciste). Une intolérance qui perdure à travers les âges comme nous le démontre un flash-back nous menant à l'époque de l'inquisition (ou assimilé). Les monstres de Midian ont leurs propres lois et il n'est pas question de tuer ceux de l'extérieur même si un personnage tel que Peloquin ne les considère pas autrement que de la viande. Un bout de viande qui naît, vit et meurt en essayant de se fondre dans la masse et en faisant tout son possible pour être comme les autres. Ou pour certains en faisant semblant !



Tout comme le livre, le film se termine de manière particulière. Sur une fin ouverte et qui reste à ce jour sans suite. On peut le voir comme un défaut qui laisse le spectateur avec une sensation d'inachevé. Il est vrai que l'on aimerait assister à ce qui suit. A vrai dire, la fin s'explique aisément par le fait que l'intolérance et la haine ne seront jamais éradiquées. Ceux qui seront différents continueront de se cacher alors que l'intolérance renaîtra toujours de ses cendres avec toujours des fanatiques pour l'ériger en véritable culte. Un combat qui n'a pas de fin... ! Avec le personnage de Boone, le récit prend des allures messianiques : le bien, le mal et le sauveur.

Dès que l'on a affaire à une adaptation de livre, on échappe difficilement à la comparaison. Les lecteurs sont déçus par les films. Parfois le contraire. Le cas de CABAL est un peu à part. Le film et le livre sont complémentaires. Plus introspectif, le livre s'attache aux personnages, à ce qu'ils pensent ou ressentent. Les monstres n'y étaient même pas définis en détail. Le film lui prend une direction différente. Inévitablement plus visuel. Décrire des monstres à l'écran passe obligatoirement par leur matérialisation physique. Les pensées et les sentiments des personnages sont canalisés différemment. Enfin, le dénouement voit plus grand. L'histoire demeure la même, en omettant des passages du livre, tout en étant raconté de manière sensiblement différente.

Pas mal de rumeurs ont circulé avant l'annonce officielle de la sortie du DVD de CABAL. Clive Barker aurait enregistré un commentaire audio... Le disque devait contenir des scènes coupées... Un documentaire... De bien belles rumeurs qui, à l'arrivée, sont très éloignées de la réalité. Le disque édité par Warner fait le strict minimum. Une bande-annonce et quelques filmographies. Rien de plus ! Son prix peu élevé est l'un des seuls atouts à mettre au crédit de cette édition. Même si l'on peut être content de visionner le film sur DVD, nous sommes un peu frustrés. Surtout, comme nous l'avons déjà dit, en considérant le fait qu'il existe (ou qu'il a existé) un montage différent du film tout comme un grand nombre de séquences coupées parmi lesquelles, on pouvait découvrir des implications sexuelles plus explicites ou des développements de certains personnages tels que Leroy Gunn (l'homme qui abrite une sorte de serpent en double dans son ventre).

Passée la déception concernant les bonus, on en vient à la qualité du disque. Dans l'ensemble l'image est de bonne facture. On peut tout de même se plaindre d'un grain un peu trop voyant dans les scènes nocturnes ou sombres. Le DVD propose une nouvelle bande-son en Dolby Digital 5.1. Il s'agit plus d'une adaptation de la bande-son d'origine en Dolby SR que d'une véritable nouveauté. Tant mieux pour nous. Il aurait été gênant de découvrir un mixage démonstratif et absurde juste pour satisfaire la demande en matière d'esbroufe. Cette nouvelle bande-son ne propose donc qu'une dynamique plus élevée et une plus grande précision sonore. Pourtant, il y en aura bien quelques-uns pour se plaindre du manque d'impact des explosions ou coups de feu. On peut le parier dès maintenant ! A côté de cette nouvelle bande-son, on trouve le mixage original codé sur deux canaux matricé.

Passons outre le manque de bonus tout comme le fait ne reflète pas, et ne l'a jamais reflété, la véritable vision de Clive Barker. En lui-même, CABAL est un film fastueux, monstrueux et merveilleux à redécouvrir d'urgence !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Une édition qui manque cruellement de bonus satisfaisant !
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L'édition vidéo
NIGHTBREED DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h41
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
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