Un bail que nous n'avions pas visionné un film de David
DeCoteau. Ca tombe bien puisque Elephant sort PRISON OF THE DEAD
qui s'est retrouvé inexplicablement traduit par CASTLE OF THE DEAD.
Néanmoins, si le film contient une prison, elle se trouve dans un château.
Et puisqu'il y a des morts, ça ne risque pas de déranger grand monde.
Au passage, David
DeCoteau change de nom lui aussi, puisqu'il signe le film sous l'un
de ses pseudonymes que les lecteurs de DeVil Dead connaissent bien :
Victoria Sloan.
La jaquette, elle aussi, se permet de faire dans le révisionnisme. Disons
que le résumé nous laisserait croire, tout comme le visuel de la jaquette,
que CASTLE OF THE DEAD s'inspire de LA
MAISON DU DIABLE (voire de son remake)
ou de LA
MAISON DES DAMNES. A vrai dire, cela n'a pas grand chose à voir...
Plusieurs amis se rendent aux funérailles de l'un d'entre eux. Ils forment un cercle de jeunes érudits qui s'intéressent à l'occulte. "Erudits" est peut être un peu fort puisque dès que l'un d'eux propose une séance de spiritisme avec un Ouija, tous les autres n'ont pas l'air bien chauds. A moins qu'ils n'aient vu L'EXORCISTE, ce qui leur donne de mauvais pressentiments face à la planche en bois. Mais qu'importe... Ils se rendent donc dans une lugubre bâtisse où repose le cercueil de leur camarade. Pendant ce temps, une bande de jeunes les suit, avec des motivations un peu floues si ce n'est de leur mettre la pétoche.
Cela fait un bon moment que David DeCoteau pond des films de jeunes. Entre les écoles d'ados, les étudiants en goguette... Que des jeunes et c'est encore une fois le cas ici. Plus on voit de films de David DeCoteau et moins il y a de surprises. En tout cas dans ce que l'on a bien voulu nous montrer. Alors pas d'étonnement, les jeunes en question tergiversent jusqu'à ce qu'un élément surnaturel surviennent pour faire avancer l'histoire, car jusque-là, la trame était ténue malgré les apparences. On en profite pour ajouter une scène de sexe gratuite, l'un des personnages se demandant tout naturellement qui a bien pu installer un lit dans la demeure. Le spectateur averti ne se pose plus ce genre de question depuis longtemps. Marque de fabrique de David DeCoteau, l'un des acteurs masculins se ballade pendant un bon moment en caleçon avant de connaître un funeste sort.
Si l'on peut déceler une influence dans PRISON OF THE DEAD, ce serait celle de la série des templiers de Amando de Ossorio (LA REVOLTE DES MORTS-VIVANTS...). Les bourreaux médievaux nous rappellent ainsi des souvenirs avec leur lente démarche...
CASTLE OF THE DEAD fait partie du dessus du panier parmi les récentes réalisations de David DeCoteau. La mise en images avec ses tons bleus glacés est jolie. On ne peut regretter que l'avance un peu mollassonne du récit. On peut difficilement le lui reprocher puisque le film est produit en direction d'un public adolescent pour une exploitation en vidéo. Les séquences gores sont elles aussi plutôt soft, probablement pour les mêmes raisons. Les dix dernières minutes du film demeurent les plus intéressantes. L'action s'enclenche enfin à ce moment là et les quatre bourreaux sont un peu plus menaçants, aidés par une poignée de zombies. Puisque l'on parle des gardiens, le scénariste aurait dû revoir ses ambitions à la baisse. Le réalisateur essaye de nous endormir en nous passant deux fois une même scène filmée sous un autre angle. A l'évidence, la production n'en avait que trois sur le tournage... On notera aussi le générique de début du film très réussi.
Dans la même lignée technique par rapport aux autres titres Full Moon, CASTLE OF THE DEAD ne bénéficie pas d'une compression très soignée, pas plus que d'un contraste à couper le souffle. On remarquera que le film est présenté dans son format d'origine (1.85 environ) et non pas dans un transfert plein cadre. S'il n'y a toujours pas de sous-titrage sur les disques Elephant, l'éditeur innove en proposant deux formats sonores pour chacune des langues. En plus de l'habituel remix en Dolby Digital 5.1, il est possible d'utiliser la bande son en stéréo d'origine. A force de claironner ici que les remix étaient un peu trop généreux dans les graves, on nous a apparemment entendu. Vous ne serez pas étonné d'apprendre que le fameux remix en fait des tonnes mais pas au point de donner mal au crâne comme c'était le cas sur un TALISMAN. A côté, la bande sonore d'origine fait pâle figure et est assez plate. Le spectateur a au moins le choix !
La bande-annonce en version originale, c'est le bonus présent sur tous les disques Full Moon édités par Elephant. D'autres se voient adjoindre un making of, ce n'est pas le cas pour CASTLE OF THE DEAD. A la place, une filmographie déroulante du réalisateur nous est présenté. De quoi évaluer la belle productivité du cinéaste avec sa quarantaine de titres.
Plus soigné qu'un TALISMAN, on aura tout de même tendance à lui préférer WITCHOUSE doté d'un "umour", comme le dit l'un des personnages de CASTLE OF THE DEAD, salvateur et d'une histoire plus mouvementée. A l'exception de cela, c'est du même tonneau !