Un an après l'effroyable accident qui a tué son mari et son enfant, Sarah accompagne ses cinq amies dans une sortie spéléologique. Mais afin d'en apprécier toute la difficulté de l'entreprise, Juno a choisi d'emmener ses copines dans des grottes encore non explorées sans les prévenir et après l'éboulement du seul passage qui aurait pu les ramener vers la sortie, elles se voient contraintes de continuer sans savoir où elles vont. De plus, elles ne sont pas seules dans les entrailles ténébreuses des grottes…
En 2002 sort DOG SOLDIERS, le premier long métrage du britannique Neil Marshall. Sans se hisser aux côtés d'œuvres phares comme LE LOUP-GAROU, LE LOUP-GAROU DE LONDRES ou encore HURLEMENTS, les fans du genre apprécient pleinement cet effort dédié aux lycantropes plein de dynamisme, de passages gore et d'humour cynique so british. Autant dire que lorsque Marshall a mis en chantier son deuxième projet, les amateurs d'horreur attendaient le résultat avec une certaine curiosité. Et force est de constater que non seulement le réalisateur confirme l'ébauche de talent aperçu dans son premier long métrage mais surtout, il dépasse toutes les attentes placées en lui en livrant rien de moins qu'un véritable monument d'épouvante qui en laissa plus d'un sur le carreau, à commencer par une autre production similaire, LA CRYPTE. Une histoire simple et engageante, une distribution 100% féminine où les actrices remplissant leurs rôles à la perfection, des créatures réellement effrayantes, un score sublime, une ambiance terrifiante – que demander de plus ? A l'instar de ses compères du «Splat-pack» (Rob Zombie, Eli Roth, Alexandre Aja…), Marshall ne recule devant rien et va jusqu'au bout de son concept, évoluant dans un univers qui lui est propre tout en rendant intelligemment hommage à ses aînés (John Carpenter, Ridley Scott, Stanley Kubrick ou encore John Boorman). Vous l'aurez compris, les superlatifs ne manquent pas pour décrire le choc frontal qu'est THE DESCENT, une œuvre qui semble avoir été touchée par la grâce en dépit d'un tournage difficile et d'un budget réduit.
L'idée d'une distribution principale composée uniquement de femmes n'est pas de Marshall mais de Keith Bell, son partenaire dans leur société de production Northmen. Et c'était une idée de génie. Fortes et fragiles, traîtres et féroces, les six actrices portent le film du début à la fin avec une Sarah traumatisée en tête qui effectue en quelque sorte une descente au fond d'elle-même pour y affronter les démons qui la hantent. Ayant surtout des rôles télévisuels à son actif, Shauna Macdonald démontre ici qu'elle a tout d'une grande en passant de mère et femme endeuillée par la disparition brutale de sa petite famille à une guerrière à mi-chemin entre Rambo et Carrie. Confrontée à l'inattendu, séparée de ses amies, elle fera face aux évènements avec une maîtrise étonnante que l'on devine paradoxalement renforcée par son esprit malmené sur le point de basculer dans la folie ambiante.
Cette même folie imprègne la quasi intégralité du métrage et contamine peu à peu les «naufragées des grottes», leur volant toute forme d'emprise sur leurs émotions à fleur de peau. Marshall joue ainsi sur toute la gamme à sa disposition, comme la claustrophobie, la peur du noir, la paranoïa et bien sûr l'isolation. Coupées du monde réel au propre comme au figuré, la première attaque choquante des créatures sous-terraines va conduire l'une d'elles à commettre l'irréparable en agressant l'une de ses coéquipières au lieu d'une créature. Mais au lieu de rester avec elle et tenter de panser ses blessures, l'agresseur involontaire disparaîtra dans l'ombre avec ses secrets qu'elle espère ainsi enfouis à jamais.
Dans une telle situation, on devine que le réflexe de survie prend le pas sur toute forme d'amitié mais Marshall instaure néanmoins un fort sentiment de fraternité au sein de petit groupe par le biais des relations entre Sam (MyAnna Buring) et Rebecca (Saskia Mulder). Respectivement petite et grande sœur, Rebecca est sans cesse dans le rôle de la protectrice, allant jusqu'à soûler Sam de sa présence. Petite blonde au visage enfantin, cette dernière prépare quand même ses examens de chirurgien et prétend être tout à fait capable de se débrouiller seule. Et dans le monde extérieur, on l'imagine sans problème sauf qu'ici, toute limite entre réel et irréel a été fortement brouillée et la petite sœur s'en remet à l'affection quasi maternelle de Rebecca. Une confiance aveugle qui rendra l'impuissance de la grande sœur face aux évènements d'autant plus déchirante.
Le personnage de Juno (Natalie Mendoza) sert de contrepoint à celui de Sarah. Sans hésiter, elle a recours à une violence similaire mais pour des raisons qui lui sont entièrement personnelles. Très ambigüe dans son comportement (c'est à cause d'elle que le groupe s'est perdu mais elle sauve la vie de deux de ses amies sans reculer devant le danger), elle ne montre à aucun moment son vrai visage. Moins casse-cou que son amie proche Holly (Nora-Jane Noone), elle aime toutefois assez le danger pour le provoquer sans égards pour la sécurité d'autrui. Certains de ses secrets ne seront pas passés inaperçus aux yeux de Beth (Alex Reid) mais elle préfère les passer sous silence afin de ménager Sarah qui en est directement concernée.
La présence des créatures, ou "Crawlers", vivant dans ces grottes est expliquée au travers de peintures rupestres qui font penser qu'il s'agirait d'hommes préhistoriques ayant évolué différemment du fait d'être restés sous terre. Devenus aveugles, les bestioles se localisent grâce à leur ouïe surdéveloppée mais également à leur odorat. Se déplaçant en silence, ils n'ont de cesse de surprendre nos infortunées spéléologues et la toute première attaque atteint des sommets de terreur. Leur cerveau étant resté à l'état primitif, leur seule occupation est de chasser et leur férocité n'a d'égale que leur laideur. Peau maladivement blanche rappelant celle des asticots et leur tête celle d'une chauve-souris, on se surprend à penser à Nosferatu, le célèbre vampire aux dents de devant si proéminentes.
A partir d'une histoire simple et directe, le film ne cesse d'évoluer et d'avancer, sans ennuyer le spectateur avec une exposition assez longue, passant de moments touchants à menaçants en toute subtilité. Marshall nous emmène ainsi au travers de grottes gigantesque, ramper dans des tunnels claustrophobiques, passer au-dessus d'abîmes insondables et assister à une multitude d'effusions sanglantes jusqu'à un final aussi terrible que sublime. Un parcours vraiment sans faute.
Contrairement à l'édition française, le DVD anglais contient une section de suppléments largement plus plus fournie. En effet, l'éditeur français s'était contenté de reprendre que le Making Of et rien d'autre. Fort dommage pour les non anglophones puisque, comme souvent, nos amis d'outre-manche n'ont pas inclus de sous-titres en français sur le film et les divers suppléments. Par contre, des sous-titrages anglais sont présent sur le film. En ce qui concerne l'aspect technique, les deux éditions s'avèrent similaires au niveau de la qualité d'image ou du format sonore.
Le film est proposé dans son format d'origine, un Scope sublime (2.35) dont Marshall a su tirer entièrement partie, autant sous terre que dans les scènes d'introduction en extérieur. La majeure partie du film se déroule dans le noir mais des éclairages astucieux laissent entrevoir tout ce qui a de l'importance.
Quant au son, il n'y a qu'une seule langue présente, l'anglais avec un sous-titrage anglais pour malentendants. La bande sonore est encodée, au choix, en DTS et Dolby Digital 5.1 et l'immense travail en post-production a porté ses fruits puisque tout est d'une limpidité cristalline. Des bruits de pas sur les graviers aux cliquetis gutturaux des créatures, rien n'a été oublié et contribue bien sûr au réalisme de l'ensemble. La piste DTS est d'ailleurs particulièrement impressionnante !
Sur le premier disque, un commentaire audio réunit Neil Marshall, Shauna Macdonald, Alex Reid, Saskia Mulder, MyAnna Buring et Nora-Jane Noone. Ne manque à l'appel que Natalie Mendoza ce qui est fort dommage au vu de son personnage. Le réalisateur se trouve ainsi seul, entouré de ses actrices principales, et on constate que la bonne humeur est au rendez-vous autant que les anecdotes et les blagues graveleuses. Marshall arrive quand même à parler un peu de son film et évoque notamment une interprétation des plus intéressantes que lui a faite une amie suite à la lecture du scénario.
Un deuxième commentaire réunit cette fois Neil Marshall et une partie de l'équipe technique, à savoir Christian Colson, Jon Harris, Simon Bowles et Catriona Richardson. Cette fois, l'ambiance est bien plus sérieuse et porte d'autant plus sur les aspects techniques de la production. Marshall évite les redites autant que possible et laisse largement la parole à ses collaborateurs.
Passons ensuite au deuxième disque... Le Making Of dure un peu plus de quarante minutes et nous emmène dans les coulisses du film, avec interviews des actrices, du réalisateur ainsi que des créateurs des effets spéciaux ou même des acteurs sous le maquillage des créatures. L'ambiance semblait au beau fixe à en juger par le grand nombre de blagues et autres poses équivoques. Mais le plus hallucinant reste le fait que l'intégralité des prises de vue sous-terraines ont été réalisées en studio avec des bouts de décor que les techniciens réassemblaient différemment dès qu'une scène était terminée pour économiser de l'argent et du temps. Le résultat est à l'écran et rien de moins qu'entièrement bluffant.
Les scènes coupées sont au nombre de neuf et à regarder individuellement. Elles ne comportent pas de commentaire audio ni de carton explicatif mais dans ses commentaires précédents, Marshall évoque parfois les raisons du raccourcissement de l'une ou l'autre. S'ensuit un bêtisier de cinq minutes dont le point fort est sans aucun doute la danse techno d'un "Crawler" en ombre chinoise sur fond d'écran vert. On passe au menu des biographies qui réunit un nombre impressionnant de personnalités du réalisateur aux actrices en passant par une bonne partie de l'équipe de production.
La galerie photo est divisée en quatre sections et nous aurons un aperçu des dessins de production des "Crawler", des photos prises sur le tournage, des images du film et enfin deux photos de Meg à qui le film est dédié (le chien de Marshall décédé en cours de tournage avec qui il partage un plat de spaghettis). La partie story-boards présente un comparatif entre les dessins et les images du film sur une dizaine de minutes. Enfin, nous terminons par deux bandes annonces du film ainsi que le Teaser pour cette édition DVD de grande classe même si l'on pourra juger les menus du premier disque quelque peu déconcertants. Si vous maîtrisez un peu l'anglais, ce double DVD est chaudement recommandé !