New York connaît une recrudescence de vols dont les auteurs semblent insaisissables. La journaliste April O'Neil est persuadée que cette vague de larcins est liée à une organisation japonaise. Pendant ce temps, quatre héros sont sur le point d'émerger des égouts !
Véritable fruit du hasard, Kevin Eastman et Peter Laird s'amusent un soir de 1983 en dessinant un peu tout ce qui leur passe par la tête. Kevin Eastman finit par montrer un croquis d'une tortue équipée de nunchakus à son acolyte qui trouve la chose amusante. Tellement qu'ils décident de mettre en scène des tortues justicières. En 1984, ils sortent une première aventure griffonnée en noir et blanc dont l'édition est faite à compte d'auteur grâce, entre autre, à un chèque de remboursement des impôts. Ils en profitent pour créer dans la volée leur propre maison d'édition qu'ils vont appeler Mirage Studios. Le succès est immédiat et les exemplaires partent à toutes vitesses. Mais le succès va dépasser les espérances des deux hommes lorsqu'ils vont signer un accord de distribution avec une marque de jouet en vue de réaliser une gamme de figurines. Seul impératif, les tortues ninja doivent être portées sur le petit écran de manière à finaliser le deal sur les jouets. Pas de problème, Kevin Eastman et Peter Laird vont rapidement conclure un accord dans la foulée avec Murakami-Wolf-Swenson Film Productions spécialisé dans l'animation. C'est ainsi qu'à la fin de l'année 1987, la série TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES (LES CHEVALIERS D'ECAILLES en France) investit les écrans. Toutefois, les reptiles adeptes des arts martiaux vont être policés de manière à entrer dans le cadre étriqué du petit écran et des émissions de la jeunesse. La violence graphique et les idées adultes vont ainsi être épurées pour n'en retenir que la basique moelle à même d'être présentée à un public d'enfants et adolescents.
Le passage de la version dessinée (animée ou pas) vers le cinéma ne va pourtant pas être aisé même si la série télévisée rencontre un joli succès auprès des jeunes. Personne n'y croit et la plupart des studios n'oseront pas parier sur quatre tortues ridicules. L'histoire prouvera qu'ils ont eu tort ! Etrangement, c'est la Golden Harvest qui va être l'une des premières à croire dans ce projet. Dirigé par Raymond Chow, le studio est déjà implanté depuis vingt années à Hong Kong et n'a plus grand chose à prouver sur le marché asiatique après avoir lancé Bruce Lee, produit les films des frères Hui ou encore certains des grands films réalisés par Jackie Chan. A l'aube des années 80, le studio de Hong Kong va donc commencer à attaquer plus spécifiquement le marché international en produisant des films plus aptes à conquérir largement le monde. Ainsi, ils vont en partie financer L'EQUIPEE DU CANNONBALL, CHASSE A MORT, NIGHT EYES ou encore une sympathique grosse production avec Tom Selleck (LES AVENTURIERS DU BOUT DU MONDE). Dix ans plus tard, avec LES TORTUES NINJA, ils vont probablement connaître leur plus grande réussite financière dans le domaine de la coproduction internationale mais cela marquera aussi, bizarrement, la fin de ce type de financement pour le studio.
En tout cas, c'est sur l'initiative des producteurs chinois que le réalisateur Steve Barron est contacté de façon à porter à l'écran les aventures de nos quatre héros. Pourtant, le cinéaste n'a réalisé jusque là qu'un seul et unique film de cinéma, ELECTRIC DREAMS, qui n'a strictement rien à voir avec l'univers des tortues ninja. Steve Barron est surtout connu, à ce moment là, pour son travail en tant que réalisateur de clips vidéo pour Michael Jackson, David Bowie, ZZ-Top, Bryan Adams, Tears For Fears ou bien A-ha. L'homme ne se fait pas prier et il trouve le projet plutôt enthousiasmant. Ayant aussi réalisé des épisodes pour la série télévisée MONSTRES ET MERVEILLES, il va tout naturellement travailler de nouveau avec Jim Henson Company. La société d'effets spéciaux va en effet assurer, comme dans la série déjà citée, la création des différentes créatures du film. La boîte de Jim Henson va ainsi faire un boulot assez surprenant de manière à intégrer des tortues humanoïdes au milieu d'un décor tout ce qu'il y a de plus normal. Pari réussi qui surprend encore aujourd'hui, plus de quinze ans plus tard, en voyant dans LES TORTUES NINJA nos personnages fictifs évoluer ou se battre avec une étonnante aisance alors que leurs visages sont dotés d'expressions faciales plutôt vivantes.
Techniquement, LES TORTUES NINJA tient la route et les années n'ont pas vraiment érodé cette impression. Les origines de nos tortues ainsi que d'autres rebondissements ont bel et bien été glané directement dans les bandes dessinées d'origine mais le film de Steve Barron s'inscrit dans la même lignée que le dessin animé. A savoir qu'il a été réalisé avant tout comme un spectacle grand public pas mal orienté vers la jeunesse. Cela se ressent lors de différents passages que l'on pourra trouver un peu horripilant ou complètement niais. La danse improvisée de deux tortues semble, par exemple, totalement incongrue et hors sujet. Au spectateur de trier ces touches infantiles et gratuites pour apprécier le reste. Car si LES TORTUES NINJA n'a rien d'un spectacle raffiné pas plus qu'il n'est politiquement incorrect, les aventures de nos quatre tortues sont tout de même plutôt enjouées. Un ressenti dispensé en grande partie par la personnalité des quatre personnages principaux, malgré leur aspect pourtant factice, et de quelques idées plutôt amusantes (comme l'inattendu message donné par l'un des membres du clan dans une station de métro). Certainement pas de quoi faire des TORTUES NINJA un chef d'œuvre mais il n'y a pas tellement non plus de raison de cracher dans la soupe d'un film aux ambitions se limitant à donner vie à quatre tortues combattantes parrainées par un rat philosophe. Enfin, on notera que le casting d'acteurs aux têtes bien réelles est plutôt anonyme à l'exception de Elias Koteas ou encore de l'apparition d'un jeune Sam Rockwell.
Alors que le projet semblait voué à être un gigantesque four, LES TORTUES NINJA va engranger des millions de dollars à la surprise générale. Il va ainsi devenir l'un des films les plus rentables de l'année 1990 avec pourtant un budget de départ très restreint. Le film rapportera en gros quinze fois sa mise de départ lors de son exploitation à travers le monde. Sans surprise en raison de ce phénoménal succès, le film de Steve Barron sera suivi de deux suites à la qualité très inégale. De leur côté, Kevin Eastman et Peter Laird ont continué à développer la franchise au travers de différents supports. Ainsi, on dénombre donc deux versions animées, une série télévisée avec de véritables acteurs ou, plus récemment, un nouveau film de cinéma entièrement réalisé, cette fois, en image de synthèse. La rentabilité des tortues ninja ne semble pas vouloir s'arrêter !
Metropolitan sort tardivement le film en France alors qu'il est disponible depuis quelques temps déjà aux Etats-Unis où LES TORTUES NINJA est proposé avec le doublage français et un sous-titrage dans notre langue. L'éditeur français ne fait pas des merveilles mais réussit à marquer quelques points ici ou là. Il sera ainsi possible de voir le film avec une piste en Dolby Digital 5.1 pour le doublage français. Ce dernier est absent du disque américain qui se contentait d'une piste brute et d'origine pour la langue française. Reste que le doublage français n'est pas d'une très grande qualité d'un point de vue artistique. Par contre, à l'écoute, la piste Dolby Digital 5.1 anglaise est plutôt démonstrative et s'avère d'une belle puissance. La traduction du clan des vilains du film n'est pas évident puisque «Foot» signifie «Pied» en anglais. Toutefois, la traduction retenue pour le film est curieusement «Savate».
Du côté de la retranscription vidéo, ce sera déjà moins impressionnant. Le transfert 16/9 au format cinéma respecté n'offre pas une image d'une grande fraîcheur. Le rendu est regardable mais l'image n'est tout de même pas d'une grande netteté et affiche souvent un grain dans lequel se perd la compression. Le transfert du DVD américain présentait les mêmes défauts et on peut se demander légitimement si tout cela ne serait pas d'origine (à l'exception de la compression). Difficile de répondre avec assurance à ce sujet !
La partie interactive du DVD n'est pas mirifique mais l'édition américaine ne faisait pas mieux. Il faudra donc se contenter de la bande annonce du film ainsi que d'autres bobines promotionnelles pour les films sortis ou à venir chez l'éditeur. La présentation de ces dernières part d'un principe amusant mais n'est pas véritablement pratique. Il faut choisir une part de pizza mais aucune indication ne vient donner le titre de la bande annonce qui s'y cache. Amusant à explorer la première fois, ce sera plus aléatoire dans le cas où vous voudriez revoir spécifiquement une bande annonce. Avant de terminer, il est important de noter que les menus ont bénéficié d'un excellent travail avec des animations inédites et très réussies des personnages déformés pour l'occasion.