Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la collaboration entre
George Romero
et Stephen King
n'a pas débuté avec CREEPSHOW. Les deux hommes se connaissaient
déjà. Et pour cause, ils se rencontrèrent quelques années auparavant
sur le projet des VAMPIRES DE
SALEM. Film que ne réalisa pas George
Romero. S'ils n'avaient pas réussi à travailler ensemble, ils devinrent
amis. On peut d'ailleurs voir Stephen
King apparaître en crétin qui pique-nique face au spectacle des
chevaliers motorisés dans KNIGHTRIDERS
(où l'on croisait déjà Ed
Harris dans le rôle principal). Ce rôle d'idiot, il le retrouvera
dans le film suivant de Romero.
C'est à dire CREEPSHOW. Après le bide de son précédent film,
George Romero
se rend chez Stephen
King. Après une discussion, ils s'aperçoivent qu'ils ont baigné
dans le même genre de culture dont celle des EC Comics. Des BD horrifiques
dont l'historique est en partie retracée, dans une interview réalisée
dans une boutique parisienne, par un spécialiste de la question.
Plus qu'inspiré des recueils illustrés d'histoires horribles et non dénuées d'humour noir, CREEPSHOW est un véritable hommage. Dans l'esprit et la forme. Le film contient donc cinq parties distinctes qui sont toutes reliées par un fil conducteur. Un père de famille découvre le magazine Creepshow entre les mains de son fils. Il lui met une torgnole (on ne le voit pas mais on s'en doute à la bouille du gamin) et jette illico l'illustré aux ordures. Un départ qui n'est aussi innocent que cela puisque justement les EC Comics originaux avaient été la cible de ligues moralisatrices dans les années 50. Les pages de la BD sont alors tournées au grès du vent nous permettant d'y découvrir toutes les histoires. Les plus attentifs auront noté que le coupon pour commander une poupée vaudou a déjà été découpé ! Dans l'esprit, chaque histoire va droit au but ce qui ne veut pas dire que la narration est forcément linéaire. Par exemple, le segment "Father's Day" contient des flash-back ou celui de "Jordy Verrill" des ellipses ainsi que les rêves du personnage. Des rêveries que l'on retrouve dans l'épisode "The Crate" avec un bonheur certain... Ce sont toutes des histoires efficaces. Il n'y a aucune baisse de tension tout du long. Jusqu'à la cinquième histoire où l'on suit le destin d'un exécrable personnage aux prises avec des cafards. Des bestioles dont seul le nom est déjà synonyme de dégoût. Et dans CREEPSHOW l'environnement qu'ils investissent est immaculé. La moindre petite bestiole à pattes se voit à plusieurs mètres renforçant l'aspect viscéralement horrible de ces insectes. La production aurait d'ailleurs utilisé plus de 20.000 de ces créatures. Cinq histoires aux petits oignons qui fonctionnent à merveille. Certaines retenant plus l'attention que d'autres après la vision du film. Mais aucune n'est réellement plus faible que les autres, ce qui est une chose plutôt rare dès que l'on parle de film à sketches. Dans la forme par la manière d'amener les histoires avec ces poses des personnages typiques des EC Comics comme la fin du sketch "Father's Day" ou "Something To Tide You Over". Mais aussi par l'utilisation du dessin animé qui relie chacun des segments. Passant d'une version dessinée aux acteurs. C'est aussi l'utilisation des vignettes telles que l'on peut en voir dans une bande dessinée, des cadrages ainsi que des couleurs agressives (rouge, vert et bleu). Tout cela fait de CREEPSHOW l'illustration parfaite de ce qu'étaient les EC Comics.
Stephen
King à l'écriture... George
Romero à la réalisation... Et pour compléter cette Dream Team, Tom
Savini s'occupe des effets spéciaux. Jusque là, il n'était connu
que pour les effets gore de slasher (VENDREDI
13, MANIAC,
CARNAGE...)
et bien entendu pour avoir réalisé les maquillages de ZOMBIE.
Sur CREEPSHOW, Tom
Savini était donc face à un challenge puisqu'il ne s'agissait pas
simplement d'aligner morsures et jets de sang. Pour la petite histoire,
il aurait demandé quelques conseils à Rob
Bottin et Dick
Smith sur la manière d'appréhender certains des effets (la construction
du monstre de la caisse...). Et le maquilleur spécialisé dans l'hémoglobine
s'en tira de manière magistrale en créant un bestiaire hétéroclite plutôt
varié : une poignée de morts-vivants, un homme plante, une sorte de
diable de Tasmanie... Une grande réussite ! Sans oublier les scènes
coupées au montage et qui semblent perdues à jamais (une visite à la
morgue dans le segment "Father's Day"...). En fonction des
sources, le film aurait été raccourci de dix à vingt minutes. Ne vous
enflammez pas trop vite. Il n'est point question de censure ici mais
simplement de scènes qui ont été écartées au moment du montage par le
réalisateur lui-même. Les notes sur la genèse du film, sur le DVD, n'en
font aucune mention et, bien entendu, ces séquences ne font pas partie
des suppléments.
A l'instar de Stephen King, Tom Savini apparaît lui aussi dans CREEPSHOW en interprétant le rôle de l'un des éboueurs. On retrouve d'ailleurs ces deux personnalités, une fois de plus en tant qu'acteur, au générique de CREEPSHOW 2. Une habitude pour le maquilleur qui n'hésite pas à se montrer dans divers films parfois même pour des rôles assez conséquents (KNIGHTRIDERS, UNE NUIT EN ENFER ).
Tout cela nous amène à parler des bonus proposés sur le disque édité par TF1. La bande-annonce du film qui pourtant était elle-même dans l'esprit des EC Comics n'a pas réussi à parvenir jusqu'au disque français. En échange, l'éditeur vous propose une interview d'un spécialiste de la BD dans une librairie parisienne. A côté, les biographies de George Romero et Stephen King. Absolument rien d'autre en rapport avec le film. TF1 a tout de même ajouté une poignée de bandes-annonces d'autres films d'horreurs édités en DVD.
La version française est manifestement en Mono. Il est indiqué sur la jaquette que la version anglaise est, elle aussi, présentée en Mono. Il s'agit d'une erreur. La bande sonore anglaise qui se trouve sur le disque est bel est bien en Stéréo surround. Pourtant, une fois décodée, la bande-son n'est pas d'une grande précision dans les enceintes arrières. Si l'on compare avec l'édition américaine du film, la bande sonore du disque Zone 1 propose une ambiance plus claire mais aussi des effets plus marqués et moins confus. Etrangement, c'est le contraire en ce qui concerne l'image. Le disque français affiche une image à la définition cristalline alors que celle du disque américain était beaucoup moins précise. Est-ce à dire que le disque français présente une image supérieure ? Difficile à dire car la colorimétrie n'est pas respectée. Les noirs sont souvent gris et certaines couleurs ont perdu leur dominante (dans notre exemple, le bleu disparaît presque !). Le master du disque français a du passer par une étape de nettoyage qui s'est faite de manière violente et au détriment de la photographie d'origine. Le master contient à de rares moments de très gros défauts comme ces problèmes sur la pellicule au chapitre 5 (0'56'40). Ces défauts n'apparaissent pas sur le disque américain.