Lors d'une descente de police musclée, les forces de l'ordre découvrent avec circonspection que Jigsaw les attend tranquillement. Mais bien sûr, il ne se laisserait pas prendre aussi facilement et les policiers mettent rapidement le doigt à l'intérieur d'un véritable piège. Dans le même temps, un groupe de personnes, enfermées dans un lieu inconnu, ont deux heures pour déjouer des pièges mortels avant de succomber au gaz neurotoxique qu'ils ont déjà respiré…
Nous avions déjà chroniqué SAW II lors de sa première sortie française en DVD. Pour en savoir un peu plus, nous vous invitons à lire la chronique de l'édition qui proposait jusqu'ici seulement le montage cinéma. Cette première édition contenait déjà de nombreux suppléments mais pour ce Collector, Metropolitan nous en propose de tous nouveaux. A l'instar de la toute nouvelle édition de SAW III, celle-ci propose aussi la version non censurée et reprend également tous les bonus du disque américain en leur rajoutant des sous-titres français.
Cette suite est basée sur THE DESPERATES, un scénario de Darren Lynn Bousman retravaillé par Leigh Whannell. Sur le papier, elle prend des allures assez conventionnelles dans le sens où elle ne semble pas apporter grand chose au mythe élaboré dans SAW : deux personnes qui ne se connaissent pas sont enfermées pour une raison inconnue mais peuvent s'en sortir en jouant au jeu proposé par leur détenteur. Ici, les captifs sont plus nombreux et l'éventail de pièges plus large, tout simplement. Mais bien que Bousman se concentre davantage sur l'action plutôt que sur l'aspect psychologique, il n'oublie pas ses personnages pour autant dont l'un d'eux se révèlera capital pour la suite des évènements. Nous découvrons également que le personnage clé n'est pas celui que l'on croit tandis que l'histoire se met en place petit à petit, à la façon d'un puzzle.
Encore une fois, l'histoire développe les thèmes récurrents dans le genre Horreur de l'enfermement, la peur de l'inconnu et la capacité de faire confiance à des étrangers dans une situation extrême. Chacun doit, en gros, placer sa vie entre les mains de personnes qui seraient prêtes à les lâcher pour s'en sortir eux-mêmes. Et Bousman a choisi délibérément de laisser ses personnages dans l'ombre pour que le spectateur découvre en même temps qu'eux leur véritable identité et motivation. Le fait d'avoir pris des acteurs relativement inconnus ne nous donne pas d'indices qui meneraint à deviner l'ordre dans lequel ils vont être éliminés ni même qui s'en sortira (si toutefois, il reste des survivants à l'arrivée). De ce fait, la personnalité de chacun reste un peu dans l'ombre ce qui ne provoque pas beaucoup d'élans de sympathie de la part du spectateur.
Mis à part Emmanuelle Vaugier, dont la présence ne sert qu'à distraire le mâle à sang chaud vu qu'elle est incapable d'exprimer aucune émotion discernable, le reste du casting s'en sort plutôt pas mal. Des alliances se forment, des trahisons défont les amitiés naissantes et, bien sûr, la mort rôde : moins gore que véritablement dérangeante (la chaudière, la fosse aux seringues…), nous n'avons aucun mal à nous mettre à la place des captifs et à frissonner devant les pièges.
Mais l'acteur qui remporte la palme du charisme est sans conteste Tobin Bell. Il incarne Jigsaw avec une intensité incroyable, prêtant son physique particulier à ce personnage manipulateur ayant franchi la ligne de non retour. On en apprend un peu plus sur ses motivations dans un flash-back qui précède même l'histoire de SAW tandis que dans la même scène, il ne perd aucun de ses moyens face à un policier à qui il demande un verre d'eau. Ce qui apparaît comme un détail devient un véritable jeu de pouvoir dans lequel Jigsaw démontre que, pour lui, la défaite n'est pas une option. Attestant de son talent et aussi de celui des scénaristes, il arrive même à nous faire ressentir de la sympathie pour son personnage.
L'image est présentée dans un format 1:85 avec transfert 16/9ème. Elle ne présente aucun défaut de compression et sa qualité au grain d'origine rajoute au côté glauque de l'ensemble. Le directeur photo joue de nouveau sur les lumières et les teintes verdâtres tant aimées par James Wan.
Le son est réparti sur trois pistes : l'anglais sous-titré en Dolby Digital 5.1, et le doublage français dans le même format mais aussi en DTS. Toutes sont de qualité similaire, exploitant le format de façon dynamique avec un bon emploi des sons graves. Charlie Clouser revient pour signer une partition musicale et comme sur les deux autres films de la série, le grand travail sur les bruitages se révèle très payant.
Pour les suppléments, nous commençons par le commentaire audio de Darren Lynn Bousman en compagnie du chef décorateur David Hackl et du monteur Kevin Greutert. Ils reviennent sur les scènes rajoutées par rapport à la version ciné, ainsi que les difficultés d'un montage aussi haché, les erreurs de continuité parfois flagrantes et aussi des effets spéciaux qui, cette fois, n'ont pas leur propre module dans les suppléments mais sont décortiqués en détail sur l'édition DVD précédente. Le tout se déroule dans la bonne humeur avec une foule d'annecdotes et de petites blagues entre ce qui est devenu une vraie bande de potes.
Le deuxième commentaire présente James Wan et Leigh Whannell, co-créateurs de SAW. Encore une fois, la bonne humeur est de mise, mettant en évidence la grande complicité des deux comparses. Ils réfléchissent de la même façon, l'un finit les phrases de l'autre et il paraît impossible de leur poser des colles sur leur création. Ils évoquent l'écriture du scénario et révèlent que les pièges n'étaient pas supposées être capitales à l'histoire du premier volet, c'était surtout une façon de démontrer le sadisme de Jigsaw. Ils livrent beaucoup d'anecdotes de tournage et des coulisses ainsi que quelques secrets pour tourner un film avec un petit budget (réutilisation des décors, poursuite en voiture…). Comme on peut le deviner, ils sont contents de ce qu'ils ont créé et de son évolution sans pour autant «prendre le melon», comme qui dirait…
Sur le premier disque, vous avez également l'occasion de visionner quelques bandes annonces de films issus du catalogue Metropolitan, en anglais sous-titré ou avec le doublage français.
Sur le deuxième disque, il vous est proposé de jouer à un petit jeu très sympathique qui vous promènera dans la maison où il vous faudra juste un peu de patience pour accéder aux différents suppléments. Vous pouvez également choisir la facilité en cliquant simplement sur l'ampoule qui vous amène directement au menu mais pour l'aspect ludique et divertissant, nous vous conseillons fortement le jeu. Dans l'une des pièces, vous trouverez également un code qu'il vous faudra entrer sur une porte blindée pour accéder à un jeu de petits canards qui révèleront pas moins de sept bonus cachés.
Nous avons d'abord un Making of divisé en sept modules. Le phénomène SAW d'une durée d'un peu plus de deux minutes s'avère tout à fait inutile. Il s'agit uniquement de nombreuses images du premier film entrecoupées d'extraits d'interviews promotionnels des acteurs, des producteurs et de Bousman. Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un début prometteur mais ne vous découragez pas, la suite relève largement le niveau. La création d'une suite dure presque cinq minutes et revient sur la genèse de ce deuxième volet où Bousman évoque son arrivée sur le projet et son scénario ayant servi comme base de départ.
Les joueurs s'avère un module aussi complet qu'intéressant sur une durée de presque quinze minutes. Au début, nous avons droit à beaucoup de compliments dithyrambiques à propos de Darren Lynn Bousman mais, ensuite, les acteurs évoquent chacun son personnage et son importance au sein de l'histoire. Nous voyons quelques images du film et faisons également un petit tour par la création des décors, une partie qui sera exploitée plus en profondeur dans le module suivant intitulé simplement Les décors. Sur près de quatorze minutes, nous assistons à leur création et construction et découvrons une foule de détails présents dans le film. Le travail accompli est assez incroyable en particulier sur la fameuse salle de bains qui a dû être reconstruite tuile après tuile…
La photographie est un module d'un peu plus de cinq minutes qui, comme son nom l'indique, se préoccupe de l'aspect plus technique du tournage. La parole est donnée au directeur photo David Armstrong qui parle des éclairages, des angles de vue, des travellings et transitions mais toujours de façon intéressante même si on n'y connaît pas grand chose.
Les effets sonores dure cinq minutes et s'avère un peu court pour développer en profondeur le travail effectué en post-production et nous terminons cette partie Making of avec L'ambiance sur le tournage. Ces quatre minutes présentent quelques images prises sur le vif où il paraît évident que tout le monde s'entendait bien et qu'il était trop tentant de faire des blagues avec les divers effets spéciaux employés.
ZOMBIE est un court métrage d'un peu plus de deux minutes réalisé par Darren Lynn Bousman lorsqu'il était étudiant. C'est un petit film assez curieux concernant une femme qui perd le sens des réalités et de sa propre identité mais il ne s'y passe pas grand chose d'autre. Le résultat n'est pas spécialement intéressant mais révèle déjà l'intérêt du réalisateur pour les flash-frames. Sur le DVD américain, le film était aussi accompagné du commentaire audio de Bousman qui a malheureusement disparu en cours de transfert.
La véritable histoire de SAW ne dure qu'un peu moins de quatre minutes et présente James Wan et Leigh Whannell qui nous expliquent l'inspiration derrière le premier film. Il s'agit d'un fait divers qui les avait tant terrifié qu'ils dormaient ensuite avec un marteau sous leur oreiller…
L'enquête de Scott Tibbs s'avère le module le plus curieux de l'ensemble et chacun jugera de son intérêt selon sa tolérance aux films de fans. Un jeune homme nommé Scott Tibbs, chanteur d'un groupe, à la personnalité insupportable et accessoirement fan de tueur en série développe bien sûr une fascination obsédante avec Jigsaw. Il va mener sa propre enquête sur les meurtres et le tout est très prévisible. D'une durée de seize minutes, ce faux documentaire n'est pas spécialement mal fait mais est surtout mal joué (Scott Tibbs est une vraie tête à claques !) et vraiment peu original.
Etant décédé de causes naturelles après le tournage du film, le producteur Gregg Hoffmann se voit ici offrir à hommage sur un peu plus de six minutes par divers amis et participants du film. Sans tomber dans la mièvrerie, le module se révèle au contraire aussi touchant qu'intéressant en revenant autant sur Hoffmann que sur SAW dont il avait posé une option sur le script.
Ayant ainsi fait le tour de cette nouvelle édition, nous pouvons affirmer que cette fois, on ne se moque pas de nous en reprenant simplement les suppléments de l'édition précédente et nous vendant le tout comme un collector sous prétexte de la version non censurée. Celui qui décide de racheter le film en a pour ses sous, les bonus ici présents complétant ceux déjà existants et se révélant de surcroît intéressants. Malheureusement, pour l'instant, les éditions Collectors de la trilogie sont vendues séparément et non en coffret comme c'est le cas pour les versions cinéma. Mais ne boudons pas notre plaisir, au moins nous avons le choix.