Pilote d'hélicoptère pour la police de Los Angeles, Frank Murphy se retrouve aux commandes d'un appareil dernier cri en phase finale d'évaluation. Mais ce qui semble être une avancée technologique dans le domaine de la lutte contre le crime et le terrorisme pourrait bien camoufler des manipulations politiques peu recommandables…
Après LA FIEVRE DU SAMEDI SOIR, John Badham va réaliser une nouvelle adaptation de DRACULA puis le dramatique C'EST MA VIE APRES TOUT. C'est à ce moment là que le cinéaste va enchaîner la réalisation de deux thrillers technologiques mâtinés de science-fiction : TONNERRE DE FEU et WARGAMES. C'est, en partie, l'idée forte du scénario original de TONNERRE DE FEU qui va attirer John Badham sur le projet. Le duel aérien au dessus des rues de Los Angeles offrait des possibilités spectaculaires uniques. Toutefois, avant de devenir l'histoire que l'on connaît, les scénaristes Don Jakoby et Dan O'Bannon vont revoir leur copie de manière à proposer un film au personnage principal moins déprimant. Et ce n'est pas plus mal puisque TONNERRE DE FEU va embarquer ainsi à son bord un complot politique qui permet de placer la barre un peu plus haut que son postulat de départ simplement axé sur le drame et surtout l'action.
Une dizaine d'années après le scandale du Watergate où il était question, entre autres, d'écoutes illégales, TONNERRE DE FEU pose des questions quant aux limites que l'on peut donner au gouvernement face à la protection de la vie privée. Pourtant, le récit reste assez évasif quant à l'emploi réel et pernicieux de l'hélicoptère et préfère décrire ceux qui dirigent un tel programme. Il apparaît évident qu'en de mauvaises mains cet engin ultra sophistiqué devient une arme d'espionnage et de répression redoutable. Pourvu de caméras à même de voir la nuit ou à travers les murs, de systèmes d'écoutes ultra sensibles ou encore d'accès à diverses bases de données secrètes, cet hélicoptère est autant un outil parfait contre le terrorisme, son but officiel, qu'une lourde menace des libertés. Avec des équipements quotidiens, le film nous montre déjà certaines dérives comme lorsque nos policiers héliportés reluquent une jeune femme dénudée à son domicile ou testent les divers gadgets du Tonnerre de Feu. Ce n'est donc pas la technologie qui est mise en cause mais bel et bien les personnes qui s'en servent.
Mais TONNERRE DE FEU n'est pas un film à thèse sur les dérives technologiques et John Badham va surtout s'atteler à livrer un thriller doté de plusieurs scènes mémorables. Comme la présentation de l'hélicoptère sous la forme d'un show agressif où les personnages principaux découvrent l'appareil en même temps que le spectateur. Un passage fortement ironique puisque l'engin sert essentiellement à prouver sa puissance de feu en dégommant le maximum de terroristes selon un ratio «acceptable» de dommages collatéraux (des victimes innocentes). Mais c'est surtout la dernière partie du film qui rempli son contrat spectaculaire en allant jusqu'au bout du concept. Ce qui donne l'occasion de filmer d'impressionnantes poursuites d'hélicoptères, des destructions en tout genre et même un duel explosif avec des F-16.
Alors bien sûr, TONNERRE DE FEU est aussi un mélange de clichés à l'image de ses personnages. Frank Murphy fait donc partie de ces anciens du Vietnam qui ont gardé des séquelles psychologiques de la guerre. Notre vétéran se retrouve avec une jeune recrue sans expérience. Le chef de la division aéroportée de la police n'arrête pas de gueuler sur ses subalternes alors qu'il s'agit en réalité d'un gars plutôt sympathique. La liste pourrait être longue mais tout cela donne avant tout au film l'impression de marcher en terrain connu pour mieux se concentrer sur l'efficacité du film et son aspect purement spectaculaire. Il ne faudrait pas non plus oublier l'interprétation de qualité qui permet de retrouver Roy Scheider, Warren Oates, Candy Clark, Daniel Stern et, dans le rôle d'un vilain très détestable, Malcolm McDowell.
Suite au succès du film, Columbia ne va pas attendre longtemps avant de remettre en service son hélicoptère dans une série télévisée du nom de TONNERRE DE FEU. Les personnages survivants du film vont disparaître au profit d'un nouvel équipage composé de James Farentino, incarnant le pilote chevronné, et un autre «Just Another Fuckin' Observer» interprété par Dana Carvey. La série sera rapidement mise hors de combat essentiellement en raison de son manque d'originalité puisque les intrigues n'offraient rien d'autre que des épisodes policiers pour le moins banals tirant à pein parti des possibilités de l'hélico.
Sorti précédemment dans des éditions minimalistes pourvues seulement du film et de sa bande-annonce, TONNERRE DE FEU s'offre une nouvelle sortie. Première constatation, le transfert 16/9 au format cinéma respecté ne brille pas de mille feux. On peut même dire qu'il est assez terne surtout en ce qui concerne les nombreuses scènes nocturnes du film. Mais il semblerait qu'il ne s'agisse pas d'un défaut du transfert mais plutôt d'un souci technique lié aux prises de vues d'origine comme on peut le découvrir dans le commentaire audio. L'image pourra donc paraître dénué de noir profond au profit d'un rendu un peu grisâtre ce qui est surtout très notable lors des scènes de nuit. Hormis cela, la définition s'avère de bonne facture et l'image est largement satisfaisante même si on a pu voir largement mieux sur des films de la même époque ou même beaucoup plus anciens !
Enregistré à l'origine en Dolby Stéréo, les pistes sonores ont été remises à niveau et nous sont proposées ici en Dolby Digital 5.1. Toutefois, il est difficile de parler de nouveaux mixages dans le sens où on a surtout l'impression de retrouver une piste en simple Surround. En effet, le dynamisme n'est pas très élevé pour du 5.1 et les effets arrières semblent surtout délivrer des ambiances uniformes. Au moins, le résultat est fidèle à la piste sonore d'origine et ne cède pas à des expérimentations auditives de mauvais goûts. Le doublage français d'origine a, lui aussi, subi le même traitement. Par contre, la traduction française de l'engin, «Tonnerre de Feu», n'a curieusement pas été reprise sur le doublage et on nous sert donc un «Tonnerre Bleu» dans le sous-titrage français. Dans le même ordre d'idée, on a aussi droit à une nouvelle interprétation du terme «JAFO», maladroitement traduit sur le doublage français original, qui devient «EUPO» avec le nouveau sous-titrage (est-ce mieux ?) !
Le réalisateur John Badham, le monteur Frank Morriss et le responsable des effets spéciaux Hoyt Yeatman se retrouve plusieurs années après pour discuter du film dans un commentaire audio. A l'évidence, ils n'ont pas du revoir le film depuis longtemps et l'on s'en aperçoit lors de la scène où l'équipe de l'hélicoptère épie une jeune femme nue. Autre point surprenant, Hoyt Yeatman ne commence à s'exprimer qu'à partir du chapitre 17, soit plus de cinquante minutes après le début du film, et c'est à ce moment là qu'il est présenté. Ce commentaire audio est le supplément qui va dispenser le maximum d'informations sur le film mais il faut aussi reconnaître qu'il est parfois interrompu par de longues pauses avant que l'un des intervenants ne reprennent la parole. Au final, les suppléments filmés semblent bien plus attrayants à suivre.
En dehors du commentaire audio, le gros des suppléments se limitent à des documentaires et à une galerie de story-boards. Le premier segment vidéo s'intéresse à l'hélicoptère et à sa conception. L'emballage est efficace mais à l'issue de ce petit documentaire, on sera surtout surpris que John Badham parle d'un hélicoptère «Alouette» alors qu'il s'agit plutôt d'un modèle «Gazelle». Après ce préambule, on trouve un documentaire de trois quarts d'heure découpé en trois parties. Une façon plus concise et sympathique de couvrir toute la création de TONNERRE DE FEU avec des interviews récentes du réalisateur mais aussi de Dan O'Bannon ou encore Roy Scheider. En vrac, on s'intéresse à l'écriture et à la modification de l'idée originale, à Warren Oates dont c'était le dernier film ou encore à des scènes supplémentaires entre une péripétie motorisée improbable ou l'habillage d'une actrice pour la version télévisée. Jamais ennuyeux, ce documentaire souffre tout de même d'un défaut qui est la redondance d'information avec le commentaire audio. Bien sûr, il y a des différences entre les deux. L'écriture étant par exemple plus développée dans ce documentaire. Inversement, certaines informations seront plus précises ou inédites dans la conversation audio. Néanmoins, le commentaire audio s'avère moins attrayant sur sa forme.
Pour trancher avec le côté informatif des documentaires réalisés spécialement pour cette édition DVD, on peut aussi visionner la Featurette d'époque. Un segment vidéo produit au moment de la sortie de TONNERRE DE FEU et pour en faire sa promotion. Le document s'avère précieux pour ceux qui aiment découvrir le maximum d'images sur un film. Si le ton est assez peu informatif, on peut tout de même y découvrir les mêmes têtes (réalisateur et acteur) avec quelques dizaines d'années de moins et sur le tournage. Etrangement, la bande-annonce qui était présente sur les éditions précédentes est absente de ce nouveau DVD !
Difficile de savoir s'il est possible de faire mieux en ce qui concerne le rendu de l'image de TONNERRE DE FEU, compte tenu des contraintes techniques de l'époque, mais cette nouvelle édition permet surtout de redécouvrir le film ainsi que l'envers du décor de ce thriller high tech de qualité et à un prix inférieur à celui de l'édition précédente !