Tibor Takacs, auréolé de divers prix dont un Grand Prix au festival du film Fantastique à Avoriaz, n'a laissé que deux souvenirs impérissables tout au long de sa filmographie : LA FISSURE (THE GATE) et LECTURES DIABOLIQUES. Il n'avait pas pour autant chômé durant toutes ces années. D'épisode de série TV à des films à petits budgets, exploité parfois directement en vidéo de ce côté-ci de l'atlantique, on ne peut pas dire que sa carrière de cinéaste fut un réel succès. Ce n'est pas pour autant qu'il bâcle son travail. Au contraire son dernier film en date, NOSTRADAMUS est plutôt une bonne surprise.
Malgré un faible budget et un sujet fort ambitieux même s'il s'agit finalement d'une sorte de TERMINATOR inversé, NOSTRADAMUS évite le ridicule (enfin ? presque !). Michael Nostrand, flic à la criminelle, enquête sur d'étranges cas de combustion spontanée. Il n'y a pas de doute, il s'agit d'homicide perpétré par un tueur qui disperse quelques armes de grande valeur. A aucun moment notre enquêteur n'aura l'idée de chercher au sein des collectionneurs d'armes anciennes et il aura parfaitement raison. L'exécuteur provient tout simplement du passé. Un groupuscule maléfique, le sixième ordre, s'est mis en tête de préparer l'avènement de l'armageddon en éliminant un certain nombre de personnes à notre époque. L'action de l'histoire sera alors partagée entre deux époques et lieux géographiques : le vingtième siècle aux Etats-Unis et la France médiévale. Sans creuser pour trouver quelques failles dans le scénario, l'histoire réserve de bonnes surprises surtout dans l'aspect anachronique des situations. Le secret des prédictions de Nostradamus nous sera d'ailleurs révélé et, ce qui est rare, rien dans l'histoire ne vient appuyer cela. La logique des spectateurs suffira d'elle-même.
Honnêtement réalisé avec des acteurs convaincants, le budget de NOSTRADAMUS ne permet pas toutes les outrances. Pourtant, ce manque d'argent ne se fait pas sentir lors de la vision du film. On regrettera tout de même l'absence de sous-titrage français qui sera à même de contraindre une bonne part des spectateurs à se rabattre sur un doublage français inférieur à la prestation des acteurs d'origine. La bande-son française étant d'ailleurs présentée seulement en Stéréo et atténue, voire gomme, certains effets sonores.
NOSTRADAMUS est un disque destiné dans un premier temps au marché locatif en attendant que son distributeur décide ou non de le sortir un jour à la vente. Elephant, l'éditeur, reste fidèle aux derniers titres mis sur le marché : image très acceptable mais pas irréprochable et surtout recadrée. Gardons tout de même à l'esprit que les petits éditeurs n'ont pas les mêmes budgets que les gros.
Avec ses deux filmographies et une bande-annonce présentée au choix de votre télécommande en version originale ou française, vous n'apprendrez rien de plus sur NOSTRADAMUS (le film et le personnage). Il est à noter que le disque américain comporte un commentaire audio. Un bonus assez difficile à manipuler, en dehors des problèmes de droits, pour les petits éditeurs dont fait partie Elephant. En effet, un tel supplément sans aucun sous-titrage pourra paraître bien inutile à la majorité des spectateurs. Mais bon...
D'accord, il faut bien l'avouer ! NOSTRADAMUS comporte quelques passages un peu ringards. Les trois envoyés du sixième ordre alignés comme les Dalton (merci Nadia) ou la barbichette de Nostradamus passeront plus ou moins bien en fonction de la tolérance des spectateurs. La fin elle-même ne s'imposait pas et donne l'impression d'avoir assisté à l'épisode pilote d'une nouvelle série TV. Mais ce n'est pas une raison pour tirer un trait sur ce petit film qui s'avère souvent mieux écrit que pas mal de grosses productions qui nous parlent de fin du monde (LA FIN DES TEMPS ?).