Les expérimentations sur la téléportation de la matière continue de plus belle au sein de la famille Delambre. Et le système fonctionne relativement bien puisqu'ils réussissent à envoyer à plusieurs milliers de kilomètres des objets. Patricia, échappé d'une clinique psychiatrique, va entrer au sein de cette famille pour découvrir que la téléportation n'est pas totalement au point !
Après la moitié d'une année consacrée à la direction de la seconde équipe de tournage de CES MERVEILLEUX FOUS VOLANTS DANS LEURS DROLES DE MACHINES, Don Sharp est plutôt frustré. Attendre des vents favorables pour placer dans les airs des aéroplanes capricieux de manière à mettre en boîte quelques plans, cela s'est avéré pour lui moralement fatigants. Il n'a donc qu'une envie, celle d'embrayer sur un film aux conditions de réalisation moins éprouvantes et qu'il lui sera possible de filmer à un rythme normal. Ayant tourné auparavant WITCHCRAFT pour le compte de la boite de production de Robert Lippert, ce dernier lui propose de s'associer à nouveau. Il lui fait part du projet de tourner une seconde suite à LA MOUCHE NOIRE qui sera bien évidemment distribuée par la Fox à travers le monde. Un film de commande que Don Sharp va accepter même s'il n'est pas vraiment emballé par le sujet.
Si LE RETOUR DE LA MOUCHE osait nous resservir un homme à moitié transformé en mouche, il aurait sûrement été un peu gros de tenter une nouvelle fois le pari de la coïncidence dramatique. Dans LA MALEDICTION DE LA MOUCHE, il n'y a donc carrément pas de mouche ! Cela peut s'avérer plutôt frustrant pour ceux qui espéraient retrouver ici un personnage déambulant avec une grosse tête d'insecte. Mais la production est sûrement consciente que cela serait une erreur d'essayer de s'entêter dans cette voie. Le scénario de Harry Spalding prend donc le parti de proposer une véritable suite où l'on va suivre la même lignée familiale toujours obsédée par la téléportation et les méfaits qui l'accompagnent !
Henri Delambre et ses fils reprennent le flambeau. Toutefois, là où André et Philippe Delambre, respectivement dans LA MOUCHE NOIRE et LE RETOUR DE LA MOUCHE, étaient des scientifiques travaillant dans le cadre d'une certaine éthique, il n'en va pas de même en ce qui concerne leur descendance. En effet, Henri Delambre s'avère bien plus proche du docteur Frankenstein tel qu'il est décrit dans les films de la Hammer que du docteur Schweitzer. Ainsi, la réussite de l'expérience et les bienfaits que cela pourrait apporter l'emporte sur des considérations morales. Le téléporteur sert alors bien vite à des fins que l'on pourrait qualifier de peu orthodoxe voire même de criminelle. Le récit développé dans le film tisse donc une histoire qui n'a plus rien à voir avec celles dispensées par ses prédécesseurs. D'ailleurs, le scénario d'Harry Spalding développe bien plus de nouveaux éléments dans son récit que tout ce que l'on a pu voir auparavant.
Après avoir incarné les vilains à l'écran, Brian Donlevy se rachète une conduite. Il devient même un scientifique plutôt bénéfique, bien s'il s'avère assez dur, dans les deux premiers Quatermass réalisés pour le compte de la Hammer Films : LE MONSTRE et LA MARQUE. Mais ça ne dure pas puisqu'en retournant vers la science, il va redevenir bien peu sympathique en incarnant le patriarche autoritaire des Delambre dans LA MALEDICTION DE LA MOUCHE. Le reste du casting s'avère bien plus anecdotique si l'on excepte la présence de Burt Kwouk qui connaîtra, en quelque sorte, la consécration en incarnant le serviteur de Clouseau dans la série des Panthères Roses.
L'actrice Carole Gray lance le film avec une minuscule, mais percutante, séquence pré-générique qui donne le ton. Le spectateur se retrouve tout de suite dans une ambiance étrange des plus réussi. Mais, soyons honnête, le reste du film sera un peu différent. Le bizarre et l'étrange seront présent mais de manière bien plus classique et moins rythmée que cette scène qui ouvre sur les chapeaux de roue le film. Le développement de l'histoire a, en fin de compte, un côté un peu commun et prend au passage des accents gothiques dans la façon dont l'héroïne explore le mystère qui l'entoure. Bien plus que dans le film précédent, cette MALEDICTION DE LA MOUCHE emprunte la route du film d'épouvante avec ses secrets enfermés derrière des portes closes, son piano qui joue une mélodie en pleine nuit… L'histoire de cette suite a donc le mérite d'être bien plus ambitieuse que celle du RETOUR DE LA MOUCHE.
Il faut trouver une substitution aux effets chocs d'un homme à moitié transformé en mouche. Le problème est rapidement résolu grâce aux dérives des expérimentations de la famille Delambre qui amène quelques situations forts cruelles (certaines étant très vaguement reprise dans LA MOUCHE 2 de Chris Walas). LA MALEDICTION DE LA MOUCHE se permet même un pur moment d'horreur psychologique lorsque la seule issue pour l'un des personnages est d'achever à coups de hache une créature polymorphe. Toutefois, cette MALEDICTION DE LA MOUCHE est des plus inégale. Certains passages manquent de rythme et on s'appesantit parfois sur des détails peu importants en regard du reste.
LA MOUCHE NOIRE et LE RETOUR DE LA MOUCHE avaient été commercialisés ensemble aux Etats-Unis et de manière séparée en France. Mais LA MALEDICTION DE LA MOUCHE ne semblait pas vouloir montrer le bout de ses pattes. Finalement, c'est en intégrant un coffret dédié aux films de la mouche, les originaux ainsi que les deux films fait dans les années 80, que le métrage de Don Sharp s'est vu édité. Depuis, le disque a volé de ses propres ailes hors du coffret pour être proposé à tout petit prix. Néanmoins, le visuel de la jaquette joue l'ambiguïté en proposant une mouche colorée, un élément totalement absent du film.
Ce DVD respecte donc la belle image en noir et blanc dans son format CinémaScope d'origine. Le transfert n'est peut être pas le meilleur que l'on ait pu voir jusqu'ici mais il n'est pas affligé de défauts notables. La copie du film présente quelques petites scories qui n'ont pas non plus de quoi refréner l'envie de faire l'acquisition de ce disque surtout, encore une fois, en regard du prix peu élevé auquel il est proposé.
Certains seront sûrement ennuyés de l'apprendre mais il n'y a pas de doublage français sur ce disque. Il n'y a pas de quoi hurler au scandale puisque, à notre connaissance, le film n'avait pas connu de doublage français à l'époque et n'avait pas non plus été distribué dans les salles en France. Il faudra donc se rabattre sur le sous-titrage français qui s'affichera, selon son envie, sur la version originale anglaise. Celle-ci dispense un mono clair mais sans envergure.
Les menus sont un peu plus recherché que ceux des autres titres qui sortent habituellement dans les collections à petit prix de la Fox. Les suppléments sont quant à eux inexistants ! Si l'on omet bien sûr les bandes-annonces imposées au lancement du disque pour des films qui n'ont strictement rien à voir sans oublier l'inévitable et ennuyeux spot anti-piratage.
Alors que LE RETOUR DE LA MOUCHE s'était fait rapidement après LA MOUCHE NOIRE, la seconde suite mettra plusieurs années avant d'être concrétisé. A un tel point que l'on se demande même pourquoi puisque l'ingrédient essentiel qui avait fait la renommée du premier film n'est présent ici que dans son titre. Pourtant, cette suite s'avère finalement assez ambitieuse et plutôt sympathique.