Alan Feinstone (Corbin
Bernsen) est un chirurgien-dentiste de Beverly Hills comblé : il
est marié à une femme magnifique et attentionnée (Linda
Hoffman), vit dans une somptueuse villa avec piscine et tient un
cabinet dentaire qu'il érige en véritable palais de l'hygiène buccale.
Tout bascule le jour où il réalise que l'employé de maison ne fait pas
qu'entretenir la piscine. Feinstone amorce une lente descente vers la
folie ; ses hallucinations amplifiées par sa soif de vengeance l'entraîneront
à infliger des supplices sans précédents dans l'histoire de la médecine.
Brian Yuzna réalise un thriller horrifique efficace malgré un budget plus que limité (700.000 $ à peine). Il faut dire que le scénario exploite au mieux les peurs ancestrales de ces spécialistes si particuliers que sont les dentistes : avant même de nous avoir touchés on les déteste déjà !
Corbin Bernsen est pour beaucoup dans cette réussite. Précis et précieux, maniaque de la propreté, des traits de caractère piégeurs pour un acteur de série B classique qui aurait vite fait de tomber dans l'excès. On pourrait, dans une relative mesure, comparer sa performance à celle d'un Christian Bale dans AMERICAN PSYCHO ; d'un côté le golden-boy New-yorkais des années 80, de l'autre le dentiste huppé de Beverly Hills années 90.
Au maquillage on retrouve
Chris Nelson qui propose un travail remarquable lors de l'extraction
violente et complète des dents de la ravissante Linda
Hoffman, son visage tuméfié, traumatisé par cet acte chirurgical
peu banal, lui donne un certain charme en définitive. C'est lors des
scènes de folie furieuse que le film se révèle le plus efficace (la
présence des policiers est plus qu'anecdotique).
Profitons déjà d'une scène rare au cinéma : un chien abattu par un Feinstone dont la santé mentale commence sérieusement à s'effriter. Roland Emmerich et Dean Devlin doivent encore pleurer dans leur chaumière après tant de violence sacrilège. Suivront divers supplices dont les plus graphiques sont une destruction totale d'une molaire par un fraiseuse frénétique et l'écartèlement "grand écart" d'un fonctionnaire trop zêlé. L'apogée arrive lors d'un cours magistral avec un ordre quasi cultissime aux étudiants : arracher toutes les dents des patients !
On aurait aimé retrouver au chapitre des suppléments un peu plus que la quasi sempiternelle bande-annonce. J'ai souvenir d'un reportage au "Journal du cinéma" qui confirme ma conviction qu'un making-of (même court) aurait été intéressant compte tenu des conditions de tournage et du sens du système D dont fait preuve Yuzna : quand Bernsen sue à grosses gouttes, ce n'est pas du cinéma, il régnait une chaleur infernale sur le plateau, la production ne voulant pas dépenser de l'argent pour un simple ventilateur !
Ecoutez les conseils du bon docteur: pas de sucreries et lavez-vous les dents trois fois par jour, sinon...