Jane Emelin (Juliette
Lewis) apprend au décès de sa vieille tante qu'elle va pouvoir jouir
de plein droit de l'appartement que cette dernière occupait jusqu'à
sa mort, et bénéficier du même loyer avantageux, grâce à la succession
des droits de la défunte. Ravie de voler de ses propres ailes, elle
emménage séance tenante, au grand dam de son petit ami, un célèbre présentateur
de télévision, incarné par William
Hurt. Aussitôt franchie la porte de l'immeuble, Jane est littéralement
assaillie par l'une de ses voisines, qui lui pose des tas de questions
d'ordre privé et lui énumère d'emblée les règles à respecter, les personnes
à ne pas déranger etc. Tandis qu'elle décore son "home sweet home",
à grands renforts de coups de marteau et de déplacements de canapé et
autres meubles lourds, elle constate que l'étrange occupant du quatrième
étage ne tolère aucun dérangement. Il ne se gène pas de le lui faire
sentir, d'abord en lui collant des avertissements écrits sur sa porte,
de plus en plus menaçants, ensuite en cognant au plafond dès qu'elle
fait tomber une plume sur le sol. Agacée, elle tente la conciliation,
s'excuse par un petit mot gentil, sans jamais voir ce voisin mystérieux
et pour le moins intolérant.
Celui qui vit en appartement le sait : les voisins peuvent être adorables ou vraiment chiants ! J'en veux pour exemple les miens. Ils sont bruyants, malpropres (les poubelles sur le palier, les coulures douteuses sur les escaliers, les papiers gras, les ordures ménagères jetées à un mètre du container parce qu'il pleut dehors, les graffitis et autres saletés répandues sur les murs qui viennent juste d'être refaits à neuf, les mégots, les crachats, les pelures de fruits, les enveloppes déchirées, les prospectus j'en passe et des meilleures) car je ne veux pas te dégoûter, ami lecteur. Mais bon, il faut bien le dire, les voisins sont souvent la plaie de notre société (enfin, l'une des plaies). Mais ce n'est pas de ce voisinage dont Jane fait les frais, dans LE 4ème ETAGE. Elle, elle est confrontée à un condensé de voisins bizarres, parmi lesquels on dénombre tous les profils possibles : le raseur, l'invisible, le débile. Ca c'est pour l'immeuble. Le vis à vis n'est guère plus reluisant puisque là, on découvre, à chaque fenêtre, un nouvel aspect de l'intimité (toute relative) des gens. Ainsi, Jane navigue de fenêtre en fenêtre, amusée ou horrifiée de ce qu'elle voit de ses voisins.
Poussée à l'extrême, cette définition des relations de voisinage fait d'abord sourire, puis, au fur et à mesure que les rapports se font plus tendus, on s'imagine douloureusement à la place de la pauvre Jane qui sacrifie sa tranquillité au profit d'un loyer bon marché, une aubaine, à dire vrai. Mais encore faut-il avoir les nerfs solides, car elle est confrontée à un coriace qui se révèle très vite fou furieux. Le propos du film pourrait avoir été imaginé par le maître incontesté du film d'angoisse, Alfred Hitchcock, si le scénario se tenait jusqu'au bout dans une révélation finale exceptionnelle. Ce n'est malheureusement pas le cas ici, comme si le scénariste avait bouclé son histoire à la va-vite. Le résultat est donc quelque peu décevant, surtout que le spectateur est tenu en haleine assez efficacement un bon moment, avant de se retrouver face à un dénouement trop simpliste et sans grande surprise. Même si le tableau qu'on découvre dans la scène finale laisse subodorer une histoire beaucoup plus inquiétante, il est trop tard pour donner entière satisfaction au spectateur.
La photographie
du film a dû poser quelques problèmes lors de son passage
en numérique. On s'en rend compte ici par une image un peu trop
contrastée. Après le passage de la compression, l'image
obtenue donne plus l'impression de regarder une image informatique ou
vidéo que cinéma...
Le travail de Opening,
nous l'avons déjà constaté sur les éditions récentes de CHROMOSOME
3 ou de SUMMER OF SAM, ne
se contente pas de reprendre un master et d'en faire un DVD brut de
décoffrage. L'éditeur le prouve encore une fois, en ajoutant un petit
plus assez fun dans ses bonus : un karaoké cinéma. En fait, l'idée,
c'est de prendre une scène du film et de parler (en français) en suivant
les phrases qui se déroulent au bas de l'écran. Amusant bien qu'un peu
court. Néanmoins, cela permet de se mettre dans la peau des doubleurs,
et de réaliser qu'il n'est pas si évident d'être bon (quoiqu'il arrive,
rien ne vaut une bonne VO). Christophe et moi avons dû nous y reprendre
à trois fois pour aboutir à un dialogue plus ou moins crédible. On regrette
toutefois de ne pas bénéficier de la fin alternative et
des commentaires audio présentés sur le DVD américain.