Header Critique : MONSTRES DE L'ESPACE, LES (QUATERMASS AND THE PIT)

Critique du film et du DVD Zone 2
LES MONSTRES DE L'ESPACE 1967

QUATERMASS AND THE PIT 

Des ossements antédiluviens puis un étrange objet métallique de grande taille sont découverts durant des travaux à l'intérieur d'une station de métro à Londres. Des archéologues sont appelés sur les lieux avant que l'armée ne soit alertée au cas où il s'agirait d'une bombe restée là après les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale…

Juste après LA MARQUE, Val Guest et Nigel Kneale se retrouve pour une nouvelle collaboration en vue d'adapter pour le cinéma une autre histoire déjà diffusée par la BBC ce qui va donner LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES avec Peter Cushing. Ensuite, il aurait été logique que la Hammer Film produise assez rapidement une version cinématographique de QUATERMASS AND THE PIT après avoir fait de même en adaptant pour le cinéma les feuilletons télévisés THE QUATERMASS EXPERIMENT et QUATERMASS II. Pourtant, même si les droits sont achetés peu après la diffusion du feuilleton en 1958, la suite se voit repoussé à bien plus tard essentiellement parce que les énormes succès de FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE ! puis du CAUCHEMAR DE DRACULA embarquent la maison de production britannique vers l'horreur gothique ! Au début des années 60, l'idée d'adapter le troisième feuilleton consacré à Quatermass ressort du tiroir où on l'avait laissé. D'autres considérations feront pourtant traîner ce projet pendant encore quelques temps…

Une dizaine d'années, environ, après LA MARQUE, Nigel Kneale se remet au travail sur l'écriture d'un scénario qui va, une nouvelle fois, condenser le feuilleton original en un film d'un peu moins d'une heure et demi. Sur le conseil d'Anthony Hinds, le site de construction est remplacé par des travaux à l'intérieur d'une station de métro de Londres. On pense évidemment à Val Guest pour diriger le film mais ses relations avec Nigel Kneale n'ont jamais été au beau fixe et, officiellement, il n'est pas possible au réalisateur d'assumer le poste en raison d'engagements sur d'autres tournages. Il en va de même de Peter Cushing pressenti par les dirigeants de la Hammer comme un remplaçant à Brian Donlevy que Nigel Kneale, créateur du personnage, a toujours dénigré. Ce sera donc à Andrew Keir de prendre la relève alors qu'il a déjà joué dans quelques films de la Hammer dont DRACULA PRINCE DES TENEBRES.

Plutôt que chercher dans le vivier de réalisateur de la Hammer Film, la production fait appel à Roy Baker reconverti dans la mise à scène à destination du petit écran et dont le film le plus marquant, ATLANTIQUE LATITUDE 41, remonte à quelques années déjà. C'est à cette période que le cinéaste est aussi obligé de changer de nom en devenant Roy Ward Baker pour éviter une confusion avec un homonyme oeuvrant lui aussi dans le cinéma et qui n'hésite pas à laisser planer le doute en sa faveur. Cette première collaboration avec la Hammer Film mènera le cinéaste à mettre en scène d'autres oeuvres pour la maison de production britannique (ALERTE SATELLITE 02, THE VAMPIRE LOVERS, LES CICATRICES DE DRACULA, DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDE, LES SEPT VAMPIRES D'OR…) mais aussi pour la Amicus (ASYLUM, LE CAVEAU DE LA TERREUR…).

Alors que les films précédents mettaient en avant essentiellement des personnages masculins, cette fois Quatermass est secondé par une jeune femme prenant les traits de la jolie Barbara Shelley. Plus qu'une simple touche féminine, ce personnage va influencer considérablement le déroulement de l'histoire en devenant une figure clé de l'intrigue et placé, qui plus est, sur un même pied d'égalité que Quatermass lui-même. Une idée qui aurait été carrément inconcevable avec le personnage principal tel qu'il était campé par Brian Donlevy dans les deux précédentes versions cinématographiques. Mais cela s'avère plutôt normal dans le sens où le personnage est pour une fois proche des intentions de son auteur, à savoir bien plus humaniste et à l'écoute des autres. Cette modification s'insère de plus dans une intrigue bien plus cérébrale que la chasse au mutant extraterrestre (LE MONSTRE) ou la mise en échec d'une invasion venue d'ailleurs (LA MARQUE).

L'action du film ne se déroule plus dans les années 50 mais dans la décennie suivante. Mais certaines similitudes demeurent… LE MONSTRE et LA MARQUE portaient encore les stigmates d'une Angleterre en reconstruction suite au pilonnage du pays durant la Seconde Guerre Mondiale. Si cela n'est plus d'actualité, les vestiges de la guerre demeurent dans le film avec la présence militaire et l'évocation d'une bombe non détruite sur laquelle se sont érigés de nouveaux bâtiments. Mais il faut plus simplement y voir le contexte social dans lequel s'inscrivait l'histoire originale, écrite et diffusée à une période très proche des deux premiers Quatermass. L'anti-militarisme n'en est pourtant que plus décuplé en ravivant ce sujet plus vraiment d'actualité à la fin des années 60. Quatermass, version Andrew Keir, s'oppose à ce que ses projets scientifiques ne puissent servir dans un cadre militaire et se voit donc opposé à un militaire borné. Peut être moins perçu en tant que tel de par sa couche science-fictionnelle, LES MONSTRES DE L'ESPACE explicite aussi que les affrontements guerriers ne peuvent finalement mener qu'à une extinction.

Malgré un budget important, LES MONSTRES DE L'ESPACE se tourne étrangement vers une intrigue de science-fiction aux considérations philosophiques qui se prêtent, à priori, bien peu à des séquences spectaculaires. Comme le reste de la série, la science-fiction est traitée dans le plus grand sérieux mais le film va plus loin en donnant subtilement des explications «rationnelles» aux phénomènes surnaturels tout en démontant une part de la mythologie qui remonte à l'aube des temps. En restant ancré les pieds sur Terre, LES MONSTRES DE L'ESPACE approche aussi au passage certains des thèmes de 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE qui sortira dans les salles à la même période que le film de Roy Baker et titille très vaguement une idée provenant des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury. Autant dire que LES MONSTRES DE L'ESPACE, dont le titre français est bien peu approprié, continue la série dans la lignée d'une science-fiction intelligente et ambitieuse.

Avec le temps, le film n'a pas vraiment pris une ride, dans son traitement, surtout qu'il n'essaye pas de caresser ses spectateurs dans le sens du poil. De fait, l'histoire des MONSTRES DE L'ESPACE s'avère un tout petit peu exigeante envers ses spectateurs pour en saisir les tenants et aboutissants. Seule ombre au tableau, les effets spéciaux ne sont pas toujours très réussis et l'on pense essentiellement à une séquence où l'on peut découvrir des créatures extraterrestres, opérant une marche militaire et un génocide. Cette scène parait aujourd'hui bien peu convaincante (ridicule ?). Cela n'a finalement que bien peu d'importance puisqu'il ne s'agit en rien du coeur de ce film pour le moins bien ficelé ! A l'époque de sa sortie, LES MONSTRES DE L'ESPACE n'aura pas de chance puisque ses grandes qualités passeront un peu inaperçues face aux autres oeuvres de science-fiction contre lesquelles il se retrouvera sur les écrans dans la plupart des pays (au hasard 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE).

Lorsque nous avions parlé de LA MARQUE, nous avions déjà évoqué des similitudes entre certains films de John Carpenter et la série cinématographique des Quatermass. Dans le cas des MONSTRES DE L'ESPACE, on pourrait évoquer le sujet de GHOSTS OF MARS qui propose des similitudes avec ce film ou encore, bien sûr, PRINCE DES TENEBRES pour les sans abris à l'attitude désincarnée mais menaçante ou encore l'approche scientifique du surnaturel. Mais l'élément le plus évident n'est autre que le nom Hobb's End, désignant ici la station de métro et donc les lieux qui l'entourent, repris dans L'ANTRE DE LA FOLIE. Pour en revenir au film, à l'exception de quelques extérieurs, la station de métro a été entièrement réalisée aux studios MGM de Borehamwood, des décors supervisés par l'incontournable Bernard Robinson (FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE !, LE CAUCHEMAR DE DRACULA…), où l'on peut d'ailleurs apercevoir sur les murs des affiches d'autres films de la Hammer tel que THE WITCHES dont le scénario est signé par Nigel Kneale.

Au début des années 70, il est question d'un nouveau Quatermass produit par la BBC mais cela ne se fera pas pour des raisons budgétaires. Une rumeur circula même quant à la possibilité d'une production conjointe entre la Hammer Film et la BBC pour cette nouvelle aventure télévisée dans l'idée de partager les frais. Finalement, le personnage réapparaîtra à la fin des années 70 dans THE QUATERMASS CONCLUSION puis QUATERMASS pour Thames Television. Enfin, les dernières aventures en date du personnage ont été enregistrées pour la radio au milieu des années 90 et c'est d'ailleurs Andrew Keir qui y prêtait sa voix au personnage.

Il existait déjà un DVD des MONSTRES DE L'ESPACE aux Etats-Unis pourvu d'un mixage 5.1 peu utile. Le disque français ne reprend pas cette piste sonore anglaise en préférant une piste mono d'origine sans oublier d'ajouter le doublage français ainsi qu'un sous-titrage français pour la version originale. Le transfert 16/9 respectant le format cinéma d'origine pourra faire illusion pour peu que l'on ne se mette pas à l'inspecter à la loupe. Car, bizarrement, il s'avère bien moins détaillé que le transfert 4/3 des Américains qui pourtant date de Mathusalem.

DVD américain
DVD français

Pour exemple, la petite ligne de copyright sous le titre est parfaitement lisible et a des contours nets sur le disque Anchor Bay ce qui n'est pas du tout le cas avec le disque français. Il en va de même avec le manteau de Barbara Shelley où l'on peut discerner distinctement les carreaux alors que l'on pourrait croire qu'il s'agit seulement de lignes avec le transfert 16/9. Pas de quoi crier au naufrage mais cela paraît tellement gênant de découvrir que de vieux transferts offrent des images de qualité et au rendu très naturel comparé à des disques pourtant produit plusieurs années plus tard ! Honnêtement, sur un téléviseur de taille moyenne, cela ne choque pas plus que cela mais s'il faut passer en projection, le rendu sera très loin d'être optimum ! Il n'y aura, en tout cas, pas de mauvaise surprise concernant les pistes audio en mono d'origine.

La partie des suppléments est un peu plus fournie que dans les cas du MONSTRE et de LA MARQUE. Cette fois, le DVD contient la bande-annonce mais aussi un épisode de «The World of Hammer» consacré aux films de science-fiction dont une grande partie s'intéresse au cas des trois Quatermass. Mais tout cela survole finalement une demi-douzaine de films et ne développe rien de très pertinent. Cela devrait donner tout de même un petit aperçu d'une poignée de films de la Hammer à ceux qui ne les connaissent pas encore. Pas de trace, hélas, du sympathique commentaire audio de Roy Ward Baker et Nigel Kneale qui se trouvait sur le DVD américain paru il y a belle lurette ! Pour information, la base de données du site contient des photos d'exploitation française

Dernière aventure de Quatermass pour la Hammer Film, LES MONSTRES DE L'ESPACE s'offre une édition française sans grand éclat mais qui a au moins le mérite de donner la possibilité de (re)découvrir le film de Roy Ward Baker à prix relativement bas.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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De la science-fiction intelligente
Prix relativement bas
On n'aime pas
Un transfert honnête mais très loin d'être optimum
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L'édition vidéo
QUATERMASS AND THE PIT DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.66 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Bande-annonce
    • The World of Hammer : Sci-fi (24mn36)
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