Un village, perdu au fin fond de nulle part, est infesté de zombies. Tout le monde sait qu'il ne faut pas s'aventurer à l'extérieur. Les quelques survivants sont reclus dans le bar : Dario, le barman, Sam et Nancy, la seule survivante, que Sam serre d'un peu trop près. Seul Lucio se dresse contre la chienlit, et part tuer du zombie. Cherche-t-il seulement a combler son ennui ou à cacher un secret plus profond ?
C'est sur un pitch très simpliste que démarre le "premier film de zombies portugais", comme le clame l'annonce du film. Premier film en tout cas pour l'équipe qu'a regroupée le producteur Filipe Melo. Jeune homme attiré par le cinéma d'horreur des années 80, il saute le pas quand il décide avec Ivan Vivas d'écrire le scénario de I'LL SEE YOU IN MY DREAMS. Il donne au film le nom d'un vieux standard jazz, et s'inspire abondamment des films de ses idoles, ARMY OF DARKNESS, DELLAMORTE DELLAMORE et LA NUIT DES MORTS-VIVANTS en tête. Du coup, le scénario ressemble davantage à un hommage, et à une resucée de tous les poncifs du genre, l'essentiel étant d'imiter avec le plus de déférence possible.
Mais le film tarde à trouver les financiers nécessaires à l'ampleur du projet et Filipe Melo doit faire appel aux "amis", dont Miguel Angél Vivas, le réalisateur. Après des mois de préparation, le film est enfin en marche : Filipe Melo fait confiance à un studio de Vancouver pour les effets spéciaux et maquillages. Il a raison, car c'est un des points forts du projet. Les zombies de ce court métrage n'ont rien à envier à ceux de Romero ! Encore heureux pour un film qui se veut comme un Best-of des films de zombies. Tout y est : un premier degré ravageur, un loner qui dévisse les têtes des morts-vivants plus vite que son ombre, la pute au grand coeur…
Les références sont parfaitement claires et assumées, mais il manque la dimension subversive qu'a su insuffler Romero au genre. Tout est dans l'entertainment, et le film peut s'appuyer en cela sur plusieurs scènes de bravoure (a vrai dire, ça n'est qu'un enchaînement de scènes de bravoure !) : des scènes du bar qui lorgnent vers le Western spaghetti au flash-back presque larmoyant, de l'assaut des morts-vivants à l'affrontement final avec le zombie nain, le public en a pour son argent !
Le film repose aussi sur quelques bonnes idées, notamment le personnage de la femme zombie, enfermée dans une cage, qui sera libérée par les remords et les débordements de Lucio. La musique participe aussi au genre : le morceau jazzy dont le titre du film est tiré est repris par le groupe de dark metal portugais Moonspell.
Quant à la photographie, elle souffre bien souvent d'un manque de dynamisme, mais les noirs un peu trop présents masquent facilement le manque de moyen et l'on est tout prêt à excuser ces quelques défauts presque insignifiants.
Voilà le film bouclé, et Filipe Melo et son équipe se lancent alors à l'assaut des festivals du monde entier : le film bénéficie d'une bonne sortie au Portugal, il est primé au festival Fantasporto en 2004, à Amsterdam et à Fantasia, le festival canadien où il rafle le prix du public. Malgré sa sélection à Clermont-Ferrand en 2005, le film ne figure pas au palmarès.
Fort de ce succès dans le monde du court-métrage, l'équipe édite donc un DVD, avec New Age, un distributeur portugais. Mais ils décident de donner au film un véritable écrin digne d'un Blockbuster.
La qualité, tant au niveau de l'image que du son est quasi parfaite : le dolby 5.1 rend totalement l'effort que la production avait fourni sur cet aspect du film. En salle, le spectateur est totalement immergé dans l'ambiance du film, dans un salon, il en est de même. L'image au format salle (2.35:1) est rendue dans son intégralité, sans aucun défaut d'encodage ou de compression. Le film est proposé dans un télécinéma 16/9ème.
Mais en plus d'une qualité irréprochable pour le film, le DVD est rempli de bonus. Bonus concernant le film, bonus concernant les bonus, on en finit plus de multiplier les petites surprises pour ceux qui ont aimé le film : clip de Moonspell (réalisé par Filipe Melo, avec de nouveaux zombies !), le Making Of de ce clip, le Making Of du film d'une trentaine de minutes, une galerie (peu fournie), l'éternelle bande annonce, story-board…
Dans un faux documentaire, Filipe Melo s'invente même un "parrain" dans la personne d'Eurico Catatau, réalisateur maudit ayant tutoyé les sommets sans pour autant avoir réussi à mener à bout le moindre projet. Cet obscur personnage, après avoir tenté d'imposer le Z comme un genre majeur au Portugal aurait sombré dans la dépression, l'alcool… Bref, toutes ces choses qui vont de pair avec le génie. Le mockumentaire sur Catatau est une petite perle en soi, tant on voudrait y croire et qu'il imite parfaitement (encore une fois) les ficelles du genre. Du coup, le mythe Catatau est né : de nombreuses pages internet y font référence et le très sérieux imdb.com offre même une entrée à son nom.
Afin de permettre au plus grand nombre de découvrir ce film, le DVD a été édité en All Zone, les menus sont disponibles en français, anglais, espagnol et portugais, et le film, et les deux suppléments principaux, sont sous-titrés aussi dans ces langues. Seul bémol à cette excellente initiative, les sous-titres français, corrects sur le film, sont parfois largement décalés sur les suppléments. Ils consistent parfois en une traduction mot à mot assez loufoque. La production a promis un nouveau pressage dans lequel les sous-titres français seraient améliorés, et ce très rapidement. Restent tout de même les autres suppléments en portugais non sous-titrés(notamment les scènes coupées, le supplément caché…).
On n'allait pas s'arrêter en si bon chemin, et se suffire d'un boîtier plastique classique. Le tout est donc glissé dans un fourreau cartonné, et agrémenté d'un livret de 12 pages (en portugais…) avec des story-boards, photos de tournage… Et pour couronner le tout, un visuel différent est imprimé sur le fourreau, sur la jaquette et sur le livret.
L'occasion est top rare pour la bouder : un véritable court métrage de genre, totalement assumé, et qui en plus est édité dans un DVD pratiquement parfait, et peu cher (environ 13€), que demander de plus ! ah, oui, le lien pour l'acheter… http://www.illseeyouinmydreams.com ! merci qui ?
