Header Critique : DEAD AND BURIED (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone A
DEAD AND BURIED 1981

REINCARNATIONS 

Dans la petite ville de Potter Bluff, la vie s'écoule tranquillement et sans histoire. Mais le shérif est surpris de tomber sur des cadavres dont la mort violente ne semble pas accidentelle et ce malgré les apparences. En menant son enquête, il va découvrir l'horrible secret qui se camoufle derrière la façade très accueillante de la petite bourgade…

Dan O'Bannon et Ronald Shusett sont les heureux créateurs originaux du ALIEN réalisé par Ridley Scott. A la recherche d'un nouveau projet, Ronald Shusett s'intéresse à une histoire qui lui est confiée par deux scénaristes (Jeff Millar et Alex Stern). Shusett fait de la réécriture et demande à Dan O'Bannon d'y jeter un œil. Ce dernier va donner son avis mais ne participera pas vraiment à l'écriture de ce qui deviendra DEAD & BURIED. Histoire d'avoir plus de poids pour ce projet en particulier et donc réunir sur l'affiche le duo de ALIEN, Ronald Shusett demande tout de même à Dan O'Bannon de prêter son nom au film. Ce dernier accepte même s'il considère, de son point de vue, qu'il n'a pas aidé à la création du scénario. Entre-temps, Ronald Shusett va être amené à participer à l'écriture du scénario de PHOBIA en compagnie de Gary Sherman. Plutôt que de participer au film de John Huston, en tant que producteur, Ronald Shusett préfère tabler sur DEAD & BURIED et il va d'ailleurs emmener avec lui Gary Sherman. Car le cinéaste est aussi réalisateur puisqu'il a mis en scène, quelques années auparavant, LE METRO DE LA MORT.

Tout devrait se dérouler sans accros mais la production de DEAD & BURIED va se heurter à des soucis. En effet, la maison de production du film est rachetée en cours de tournage. Les nouveaux propriétaires du métrage décident de donner leurs avis à propos de la création de DEAD & BURIED. Comme si cela ne suffisait pas, un nouveau rachat a lieu au moment de la post-production. Initié comme un film horrifique tirant vers la comédie noire, DEAD & BURIED se voit altéré par les divers dirigeants qui ont plutôt envie d'obtenir un métrage plus gore. A cet effet, on donne d'ailleurs clairement le choix à Gary Sherman entre retourner de nouvelles séquences graphiquement plus explicites ou laisser faire ce travail par un autre cinéaste. Plutôt que lâcher le film aux mains d'un autre, Gary Sherman s'exécute la mort dans l'âme et filme des inserts qui viendront se greffer de manière quasiment transparente dans le montage final. Si les effets spéciaux de maquillage, les plus saisissants, sont créés par Stan Winston, les ajouts seront, par contre, confectionnés par d'autres intervenants. Aujourd'hui, ce type d'affaires est souvent assez médiatisé et pas mal de cinéastes trouvent là de bonnes excuses pour justifier la qualité relative de leurs métrages. En ce qui concerne DEAD & BURIED, le film terminé s'avère pourtant excellent. Certes, ce n'est pas un chef d'œuvre de mise en scène et le film ne transpire pas le génie. Mais DEAD & BURIED est une petite réussite dans un domaine généralement très codifié, à savoir le film de morts-vivants. Car l'intrigue de DEAD & BURIED brise les règles du genre à une période où le ZOMBIE de George Romero vient de faire un tabac et que les Italiens se jettent à corps perdus dans l'évocation de meutes de zombies sur pellicule.

Si DEAD & BURIED est un film américain, il s'avère qu'il se pare d'une atmosphère très européenne. Le scénario semble d'ailleurs s'inspirer ici ou là, au détour d'une scène, de métrages britanniques et plus particulièrement THE WICKER MAN. Cette influence semble des plus évidentes lorsque le personnage principal se rend dans une salle de classe pour y découvrir un cours qui paraît un peu déplacé. D'autres éléments, diffus, tendent d'ailleurs vers le film de Robin Hardy. Un autre métrage, l'Américain CARNIVAL OF SOULS de Herk Harvey, semble aussi avoir un petit peu orienté un élément assez particulier de DEAD & BURIED. Mais le film de Gary Sherman se forge tout de même sa propre identité en dépeignant un petit village côtier de prime abord accueillant mais sur lequel plane une ambiance mortifère. Des morts assez violentes se succèdent sans logique alors que le shérif des lieux, pourtant membre de la communauté, découvrent au fil de son enquête l'étrangeté de l'endroit. La galerie de personnages du film se montre aussi sous des airs un peu bizarres au fur et à mesure qu'on les découvre. Outre cette ambiance renforcée par une photographie éthérée, à l'image d'un rêve éveillé ou plutôt d'un paralysant cauchemar, DEAD & BURIED ménage plusieurs séquences chocs dont l'efficacité doit autant au talent des maquillages qu'au scénario. Le plus surprenant de ces moments mémorables nous montre la reconstruction d'une victime partant de son état de cadavre défiguré pour aboutir au visage d'une jolie jeune femme. Un passage assez incroyable dont l'envers du décor sera d'ailleurs curieusement reproduit sur l'une des photos d'exploitation s'étalant au fronton des cinémas français où il était distribué sous le titre REINCARNATIONS. Un cliché qui montre Stan Winston au travail sur le corps factice avec, au-dessus, la caméra. A l'époque, personne n'a dû s'en apercevoir puisque le spécialiste des effets spéciaux n'en était qu'au début de sa carrière.

Pour donner vie aux personnages de DEAD & BURIED, la production ne va pas recruter des comédiens habitués du cinéma horrifique. Bien au contraire et d'ailleurs leurs carrières précédentes va assurer une sorte de «contre-emploi» renforçant un peu plus la qualité du métrage. Ainsi, hormis le héros, interprété par James Farentino, le film met en vedette Melody Anderson et Jack Albertson. La première fut l'héroïne de FLASH GORDON et le second le grand-père de CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE dans un registre «Fantastique». On croise aussi quelques seconds rôles très reconnaissables tels que Barry Corbin, Lisa Blount ou bien Robert Englund, ce dernier n'était pas encore devenu, à ce moment là, une icône du cinéma d'horreur. Peu avant la sortie du film dans les salles, le producteur Robert Rehme ayant vu et apprécié le tout premier montage de DEAD & BURIED proposera, pour remonter le moral à Gary Sherman, de choisir l'un des projets qui sont sur bureau. Le réalisateur prendra VICE SQUAD qu'il réalisera plus ou moins dans la foulée.

DEAD & BURIED n'a pas de chance en France puisqu'il est bien sorti en DVD mais dans une édition économique, recadrée et avec seulement le doublage français. Ceux qui ne comprennent pas l'anglais étaient coincés avec ce DVD à défaut d'une autre option proposant un support francophone. Car l'édition la plus attrayante, commercialisée aux Etats-Unis, présentait le film dans un double DVD avec de nombreux suppléments et un transfert 16/9 mais aucun sous-titrage sur les pistes anglaises. Edité par Blue Underground, ce double DVD se voit presque entièrement converti en un seul Blu-ray. Mieux, l'éditeur propose un sous-titrage français sur le film ce qui permet de redécouvrir DEAD & BURIED dans les meilleures conditions ! Néanmoins, il convient de mettre en garde ceux qui s'attendent à une image immaculée. Car DEAD & BURIED n'a jamais eu une image cristalline. Et pour cause, le réalisateur et son directeur de la photographie ont utilisé les méthodes de l'époque pour désaturer les couleurs et donner un air irréel au film. A coup de fumée ventilée sur le plateau ou bien de filtres placés sur la caméra, l'image s'expose avec un rendu plutôt curieux et surtout un grain très proéminent. Certains pourront arguer que dans ce cas un DVD pourrait suffire mais il faut reconnaître une amélioration sur les détails et contours de l'image par rapport au précédent double DVD. Mieux, l'image a un vrai cachet cinéma sur le Blu-ray.

Pour sonoriser le film, on peut choisir entre trois pistes audio qui sont toutes des mixages récents. En effet, le film a été mixé en mono à l'origine alors que l'on nous propose ici du Dolby Digital 5.1, du Dolby TrueHD 7.1 ou du DTS HD Master Audio 7.1. Honnêtement, s'il y a un gain entre les trois pistes, cela n'est pas flagrant à l'écoute. On peut même se demander s'il était vraiment nécessaire de proposer une telle batterie de pistes audio et surtout de faire l'impasse sur le mixage original. Mais il faut bien dire que le rendu de toutes ces pistes sonores ne sonne pas de manière artificielle et accompagne vraiment bien le film. En plus du sous-titrage français, on peut opter pour des sous-titrages anglais et espagnol. Par contre, les suppléments, quant à eux, ne disposent d'aucun sous-titrage.

Ce Blu-ray reprend presque tout le contenu du double DVD qui était sorti en édition limitée et numérotée en 2003. Il manque toutefois deux petits suppléments. C'est à dire deux galeries de photos. L'une étant assez traditionnelle puisque présentant des photos d'exploitation et affiches alors que l'autre exposait les clichés réalisés par le directeur de la photographie au moment des repérages. Pour le reste, on retrouve pas moins de trois commentaires audio. Les trois sont modérés par le producteur des éditions vidéo de Blue Underground, David Gregory, qui vient relancer la discussion où demander des compléments d'informations aux différents interlocuteurs. Le premier commentaire audio est dédié à Gary Sherman. Le second donne la parole à Ronald Shusett et l'actrice Linda Turley alors que le dernier commentaire audio est consacré au directeur de la photographie. Il faut être clair, toutes les informations les plus intéressantes quant à la création du film se trouvent dans ces trois commentaires audio. Mais il faut tout de même préciser qu'ils vont bien évidemment se marcher sur les pieds en dispensant pas mal d'informations redondantes. Mais le tour d'horizon est, à l'arrivée, des plus complets. Reste que pour en tirer parti, il faudra un bon niveau d'anglais surtout que si le directeur de la photographie est parfaitement compréhensible, il n'en est pas de même en ce qui concerne Ronald Shusett donnant l'impression de parler dans sa barbe.

En complément, on trouve encore une interview de Stan Winston qui revient sur les effets qu'il a confectionné pour le film. Robert Englund a droit, lui aussi, à son intervention durant quelques petites minutes, le temps de se remémorer le début de sa carrière et le tournage du film. Mais, plus curieux, on trouve un entretien avec Dan O'Bannon qui vient confirmer que son implication sur le film était plus anecdotique qu'autre chose et que son nom a donc été utilisé à des fins commerciales. Sur le reste de son intervention, il évoquera surtout ce qui lui paraît le plus important pour créer la peur au cinéma tout en prenant des exemples au sein de la littérature horrifique. Enfin, on peut aussi voir des bandes-annonces de DEAD & BURIED. Précisons que si le film est bien présenté en haute définition, les suppléments sont, de leurs côtés, en simple définition ! Enfin, ce Blu-ray n'est pas protégé par un codage régional et il fonctionne donc sur les lecteurs français.

Rédacteur : Antoine Rigaud
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Excellente ambiance mortifère
Les effets spéciaux de Stan Winston
Des sous-titrages français !
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L'édition vidéo
DEAD & BURIED Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Blue Underground
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio 7.1
English Dolby Digital HD 7.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaires audio de Gary A. Sherman et David Gregory
    • Commentaires audio de Ronald Shusett et Linda Turley et David Gregory
    • Commentaires audio de Steve Poster et David Gregory
    • Stan Winston’s Dead & Buried EFX
    • Robert Englund : An Early Work of Horror
    • Dan O’Bannon : Crafting Fear
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