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Critique du film et du DVD Zone 2
HORROR CANNIBAL 2 : CANNIBAL WORLD 2003

 

Grace Forsyte, une journaliste de télévision aux dents longues, voit son émission de reportages menacée faute d'audience. Pour conserver sa case d'antenne, elle décide de renouer avec un vieux complice anthropologue spécialiste des peuples primitifs. Entourés d'une petite équipe de télévision, ils vont s'enfoncer dans la jungle amazonienne à la recherche de tribus cannibales afin de rapporter le spectacle le plus racoleur qui soit…

Quand Bruno Mattei et son nouveau complice, le producteur Gianni Paolucci, décident de partir tourner aux Philippines, ce n'est pas une, mais deux séries Z (en vidéo) que les gredins ramènent dans leur valise. Le premier film, LAND OF DEATH, tirait majoritairement vers le sous-sous-sous-sous-PREDATOR avec des bouts de CANNIBAL HOLOCAUST repiqués à droite à gauche. Avec CANNIBAL WORLD, c'est carrément tout le film de Ruggero Deodato que Mattei s'est mis dans la tête de pomper aveuglément. Au point d'oser présenter son bébé comme la préquelle de son célèbre modèle. Parmi la valse de retitrage de ce CANNIBAL WORLD, le titre a été édité en DVD au Japon sous le titre CANNIBAL HOLOCAUST 2 (on le trouve aussi appelé MONDO CANNIBALE, à ne pas confondre avec le Franco de 1980). Mattei et son gang n'a jamais manqué de toupet, ce que vient nous prouver ce nouveau titre.

L'équipe télé de CANNIBAL WORLD peut donc être vue comme le premier groupe de reporters portés disparus puis recherchés par les protagonistes de CANNIBAL HOLOCAUST. Voilà pour l'alibi de séquelle pirate. Mais l'intérêt de la chose est ailleurs. Car Mattei, avec ses moyens dérisoires, son je-m'en-foutisme naturel et ses intuitions artistiques surréalistes, va porter cette vulgaire contrebande en pochade d'exploitation souvent irrésistible. CANNIBAL WORLD, c'est un peu le remake parodique du Deodato mis en scène par le Pierre Richard de LA COURSE A L'ECHALOTE. C'est un authentique festival de gaffes qui attend l'innocent spectateur. Passée une première scène choc aussi gratuite que bête (une femme indigène enceinte est éventrée devant nos reporters suintant le voyeurisme comme des sangliers en rut), le film marque une ellipse en affichant le sous-titre : «some mouth before» ! Une piteuse faute d'anglais se cache dans cette phrase (le «quelques mois plus tard» devenant «quelques bouches plus tard»), à moins que le «mouth» («bouches») ne soit une subtile référence au thème anthropophage du film. Pour des raisons que la raison ignore, la chaîne de télévision (baptisée TVN, sûrement un hommage aux Nuls et à leur TVN 595) est basée à Hong-Kong. Une localisation étrange qui s'explique sûrement par le fait que l'avion en direction des Philippines devait faire escale dans l'ex-colonie (car non, les vues de la ville ne sont pas des stock-shots). Une aubaine donc pour faire de beaux zooms sur les buildings cantonnais de façon à donner une véritable existence au siège de notre valeureuse chaîne de télévision. Malheureusement, les intérieurs du bureau du PDG (tournés plus tard) offrent une vue sur un petit jardinet bien peu raccord avec le 56ème étage visé par le caméraman à Hong-Kong. «Pas grave», semble bougonner Mattei

Comme d'habitude, le maître s'entoure d'une brochette d'acteurs de haut vol, dont certaines trognes ayant survécu à LAND OF DEATH. Au milieu des bras cassés qui font leurs débuts (et leur fin de carrière) dans le film, on aperçoit le vétéran Mike Monty, gueule bien connue du Bis, qui terminera sa carrière avec les arnaques de ce bon Bruno (le comédien décèdera en 2006). Pourtant, Mattei semble avoir tiré les leçons de LAND OF DEATH et a pour ambition de rectifier le tir. Sa principale initiative : être plus généreux en nichons ! C'est chaud, comme le remarque le héros du film lorsqu'il retrouve son ancienne complice journaliste : «quand je te vois, je me sens comme un rôti dans un four !». La rencontre avec les sauvages en pagne est également une aubaine pour des plans de nudité féminine gratuite. «Peut-être qu'elle pourrait nous faire un strip ?», lance le caméraman face à une indigène. «T'es con», lui répond le preneur de son, «elle a déjà pas de fringue !!!». Niveau gore, le film enfile les séquences de masticage de bidoche par des figurants sauvages baveux et hyperactifs. Bien entendu, beaucoup de plans de boucherie sont repiqués sur LAND OF DEATHt'as compris pourquoi on a fait les deux d'un coup ?...», nous assène Mattei d'un coup de coude en clignant de l'oeil). Beaucoup de redondance de plans, y compris l'ouverture du premier opus en pleine nuit. L'artiste recycle la séquence en la montant en champ / contre-champ avec des plans d'observation en plein jour. Seul Ed Wood avait jusqu'à présent osé. Même gros bémol que sur le précédent opus, CANNIBAL WORLD se permet quelques plans de snuff animalier en charcutant un jeune alligator. Odieux ! D'autres plans limites nous attendent, mais il s'agit des vieux stock-shots utilisés dans HELL OF THE LIVING DEAD.

A part ça, la routine du nanar. Nos reporters de l'impossible ne vont bien entendu pas se satisfaire des massacres dont ils sont les témoins, mais vont provoquer eux-mêmes leurs propres atrocités. Les séquences grotesques s'enchaînent alors, d'un viol d'indigène au saccage d'un village, dont le ressort comique est solidement alimenté par nos exécrables comédiens. Depuis le siège de Hong-Kong (ou presque), le directeur des programmes visionnera les images tournées avec ses actionnaires enthousiastes devant les courbes d'audiences ascendantes. Un début de moralisation s'invite alors chez un participant écoeuré (à base de régurgitation hasardeuse sur la sauvagerie de la civilisation) que Mattei balaie d'un revers de manche grâce à une réplique de notre ineffable directeur : «vous pensez que le public est digne ? C'est une bande de veaux abrutis de chips et de bières !!». Merci Bruno ! Ce même public ne manquera pas d'offrir une chaleureuse place à ce CANNIBAL WORLD dans leur collection des films du maître. «Une place sur le gros doigt du milieu», comme le précise un figurant enfilant une bague sur un majeur délicatement levé en notre direction au détour d'une séquence.

CANNIBAL WORLD est édité en France en double programme avec son frère dégénéré LAND OF DEATH. Les titres ont été transformés au passage en HORROR CANNIBAL 1 & 2. Une décision qui déboussole en premier lieu l'éditeur qui est le premier à mélanger les résumés et fiches techniques au dos de sa jaquette. On ne change pas une équipe qui gagne, et CANNIBAL WORLD bénéficie des mêmes «qualités» que son jumeau : image vidéo anamorphosée et compressée au jugé, piste sonore uniquement en français et bande-annonce pour seul bonus. Cette double édition ne vous demandera par contre pas beaucoup d'euros pour avoir le privilège de rejoindre les indéfendables de votre DVDthèque. A réserver aux gourmets !

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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L'édition vidéo
CANNIBAL WORLD DVD Zone 2 (France)
Editeur
Fravidis
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.78 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
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