Pour William Lustig, le tournage de MANIAC COP 3 (titre vidéo) se déroule mal, si bien qu'il quitte le plateau avant son achèvement, en cédant sa place à Joel Soisson. Quelques années plus tard, son complice de la série MANIAC COP, le réalisateur-scénariste Larry Cohen, lui soumet un nouveau script, celui d'UNCLE SAM. Tourné, pour un budget réduit de 2 millions de dollars, dans la petite ville californienne de La Verne, son casting réunit toute une brochette de vedettes bien connues des cinéphiles : Isaac Hayes (NEW YORK 1997…), Robert Forster (VIGILANTE…), P.J. Soles (HALLOWEEN, CARRIE…), Bo Hopkins (LA HORDE SAUVAGE, TUEUR D'ELITE…)…
Durant la première guerre du Golfe, un hélicoptère américain est accidentellement abattu par son propre camp. Parmi les victimes, Sam Harper, un soldat très patriote, trouve la mort suite à d'horribles brûlures. Son cercueil est ramené dans sa petite ville pour y être exposé dans la maison où vivent sa sœur, sa veuve et son neveu Jody. Ce dernier, passionné par la guerre, idolâtrait son oncle militaire. Le quatre juillet, jour de la fête nationale américaine, le soldat revient à la vie, bien décidé à châtier ceux qui manquent de respect à la bannière étoilée.
Le revenant militaire est une variante classique dans le cinéma fantastique, puisqu'on le retrouve régulièrement, dans, par exemple REVOLT OF THE ZOMBIES de Victor Halperin, ou bien à travers les nombreux nazis zombis (LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS, LE LAC DES MORTS-VIVANTS…). La guerre du Vietnam a aussi engendré ses fantômes, qu'on rencontre dans LE MORT-VIVANT de Bob Clark, HOUSE de Steve Miner, ou encore l'épisode "Nightcrawlers" réalisé par William Friedkin pour la série télévisée LA CINQUIEME DIMENSION. Dans UNCLE SAM, les raisons du retour à la vie du vétéran ne sont jamais vraiment expliquées, celui-ci semblant apparemment mû par sa seule méchanceté, alliée à une inflexible fibre patriotique.
Ayant trouvé un déguisement d'"Oncle Sam", il s'en vêt afin de cacher son physique repoussant de cadavre carbonisé, puis part en vadrouille semer la mort au cours des festivités du 4 juillet. Les jeunes voyous brûleurs de drapeau, les profanateurs de cimetières, les politiciens véreux, les déserteurs ou encore ceux qui se moquent de l'hymne national vont passer un sale quart d'heure. Tout semble alors réuni pour que Uncle Sam ne soit qu'un croque-mitaine farfelu de plus à une époque à laquelle, sous l'impulsion de la popularité relativement persistante de personnages comme Freddy ou Jason, ils étaient bien nombreux sur les écrans (LEPRECHAUN, FUNNY MAN, LA REVANCHE DE PINOCCHIO… autant de titres sortis directement en vidéo sous nos cieux).
Heureusement, le scénario de Larry Cohen ne donne pas seulement dans la grosse farce, et il élabore un propos anti-militariste critique et construit, en s'appuyant sur la description de la famille d'"Uncle Sam", et particulièrement sur le portrait du petit Jody, complètement obsédé par des idées patriotiques et brutales. Au fanatisme aveugle que lui a inculqué Sam répond la sagesse de Jed, un vétéran dégoûté par la guerre telle que les Etats Unis la pratiquent aujourd'hui. Le discours politiquement engagé d'UNCLE SAM occupe toute la première partie du métrage, laquelle, si elle a le mérite d'articuler un propos intelligent et cohérent, manque tout de même de tonus et d'évènements horrifiques significatifs.
La seconde partie d'UNCLE SAM, qui se déroule le 4 juillet, tient, dans ce domaine, mieux ses promesses. Hélas, l'horreur y est bien molle. Sam le patriote s'avère un serial killer timide et, si les idées amusantes ne manquent pas (l'"assassinat d'Abraham Lincoln"…), leurs mises en œuvre déçoivent franchement, tandis que le film tend à devenir creux.
Néanmoins, William Lustig le réalise avec un soin technique évident, particulièrement dans l'usage d'un beau format scope et dans la mise en scène de cascades relativement étonnantes. Le casting savoureux d'UNCLE SAM achève d'en faire un film sympathique pour les amateurs de cinéma d'épouvante, quand bien même l'œuvre elle-même laisse un léger goût d'inachevé. En France, elle ne sera d'abord distribuée qu'en vidéo, avant d'être publiée sous la forme d'un pseudo DVD (pas de VO, format non respecté…) dont l'affolante médiocrité a déjà donné lieu à un test sur DeVil Dead.
Aux USA, après une distribution en salles, UNCLE SAM a été publié par Elite, aussi bien en DVD qu'en laserdisc, avec un contenu presque identique : le film dans son format scope respecté (mais sans 16/9) avec sa bande-son Dolby Digital, une bande-annonce et un commentaire audio d'Isaac Hayes et Bill Lustig. La seule différence entre les deux supports consistait en la présence d'une piste Dolby Surround sur le DVD. En 2004, UNCLE SAM ressort de son cercueil avec, cette fois, un disque (multizone, NTSC) publié chez Blue Underground (aux mains du réalisateur William Lustig), dans une édition améliorée.
Le film est présenté dans son format cinéma, c'est-à-dire en 2.35, et offre cette fois un vrai transfert 16/9. Même si il trahit quelques légers défauts d'état (quelques points blancs, en particulier), son image s'avère très belle, particulièrement dans la gestion de ses couleurs et de sa lumière, vraiment superbe. Si on la compare à celle de l'édition française (recadrage 1.37), on remarque un gain significatif d'informations sur les côtés, mais aussi une perte d'image en haut et en bas, ce qui est normal, le film ayant été filmé en procédé super 35.
La bande-son anglaise est disponible dans les mêmes options que sur le DVD Elite, à savoir en Dolby Digital 5.1 et en Dolby Stereo 2.0, dans des mixages propres et efficaces, qui n'appellent pas de commentaire particulier.
Le DVD Blue Underground marque des points au niveau de sa section bonus. Outre le commentaire de Isaac Hayes et Lustig du disque Elite, on dispose d'un nouveau commentaire audio réalisé par William Lustig, Larry Cohen et leur producteur George G. Braunstein. Les deux pistes, pleines de bonne humeur, s'écoutent agréablement, même si on regrette quelques redondances.
On peut encore consulter des suppléments classiques, comme une belle galerie d'images (photos, articles, poster…), une bande-annonce (qui fait preuve d'un humour noir assez réjouissant) et un document de 10 minutes sur les cascades pyrotechniques. En farfouillant dans le menu "Bonus", on peut trouver, en supplément caché, une toute petite scène coupée ; de même, sur la page des options audio, on peut lancer un petit montage comique caché, faisant passer Isaac Hayes et Bo Hopkins pour des vieux cochons...
Bref, Blue Underground propose une édition assez complète d'UNCLE SAM, qui permet de voir le film dans de bonnes conditions techniques, et offre une galerie de bonus à même de satisfaire les spectateurs les plus curieux.