Header Critique : DEATHDREAM (LE MORT-VIVANT)

Critique du film et du DVD Zone 0
DEATHDREAM 1972

LE MORT-VIVANT 

Le réalisateur Bob Clark et le scénariste Alan Ormsby font leur première oeuvre commune avec une petite production tournée en Floride : CHILDREN SHOULDN'T PLAY WITH DEAD THINGS, inspiré par LA NUIT DES MORTS-VIVANTS. Aussitôt après, ils se remettent au travail, sur LE MORT-VIVANT, à nouveau écrit par Alan Ormsby et dirigé par Clark. En tête du casting, on trouve deux comédiens récemment nominés aux Oscars, à savoir Lynn Carlin (FACES de John Cassavetes...) et John Marley (LOVE STORY, FACES...). Pour le rôle d'Andy, on a repéré au théâtre le jeune Richard Backus, lequel ne va pas vraiment, par la suite, faire sa carrière au cinéma. Si Alan Ormsby s'est chargé de la plupart des travaux de maquillage, il n'est pas cité au générique à ce poste, auquel est crédité son jeune assistant Tom Savini, dont c'était le premier travail pour le cinéma, avant qu'il ne commence à collaborer avec Romero sur MARTIN, puis ZOMBIE. On remarque encore un directeur de production nommé John Bud Carlos, appelé à devenir réalisateur par la suite (L'HORRIBLE INVASION...).

Un officier de l'armée américaine apporte à la famille Frost une sinistre nouvelle : leur fils et frère Andy est mort au combat, durant la guerre. Sa mère Maria, sous le choc, refuse de croire le messager. Et elle semble avoir eu raison puisque, la nuit même, Andy revient à la maison. Toutefois, son comportement s'avère des plus étranges : il ne s'alimente pas, passe ses journées à se balancer sur un rocking chair et se montre d'une rare froideur. Qui plus est, un routier a été assassiné le soir de son retour, semble-t-il par un mystérieux soldat...

La sortie du MORT-VIVANT, en 1974, se fait peu après le désengagement officiel des troupes américaines du Vietnam. Les films dénonçant cette guerre sont alors rares, la plupart étant des oeuvres politiques peu commerciales (le film collectif français LOIN DU VIETNAM) ou des critiques déguisées (MASH, dont l'action s'inscrit durant la guerre de Corée). Il faudra attendre la fin des années 1970 avec, coup sur coup VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER et APOCALYPSE NOW, pour que le cinéma américain commence un réel travail sur cette période. Bob Clark et Alan Ormsby, même s'ils ne désignent jamais directement le conflit vietnamien, signent donc une oeuvre en avance sur son époque, en traçant le portrait d'une famille détruite par la perte d'un jeune fils.

Lorsque celui-ci revient d'entre les morts, suite aux prières déchirantes de sa mère, il est devenu un être lisse, détaché, mélancolique et désabusé, un personnage que les choses de la vie ne semblent pas concerner, et qui ne se plie à la comédie des vivants que pour consoler sa famille. Andy est aussi un personnage amer, rancunier, se retrouvant dans une petite ville américaine paisible et tranquille, au milieu des hommes et des femmes pour lesquels il s'est battu et a traversé l'enfer. Son retour parmi les vivants ne résoudra rien : démoli, dans tous les sens du terme, par l'expérience inhumaine de la guerre, il ne peut plus cohabiter avec les vivants, ne peut plus partager leurs préoccupations banales, et la famille Frost, faute d'avoir accepté d'assumer son deuil, va plonger dans une crise inextricable.

Si toute cette partie liée au retour d'Andy est extrêmement réussie, notamment grâce à l'interprétation glaciale et tragique de Richard Backus, l'intrigue horrifique qui l'accompagne est déjà moins convaincante. Mêlant allègrement zombification et vampirisme, LE MORT-VIVANT tend alors à se limiter à un suspens laborieux, dont les séquences de terreur s'avèrent d'une lenteur pénible (la clinique), les rebondissements se révèlent prévisibles, et la mise en scène est peu variée.

Heureusement, LE MORT-VIVANT se conclut sur un dénouement plutôt nerveux, au cours duquel Andy, évoluant vers l'état de cadavre en pleine décomposition, sème la terreur dans la ville et devient, en fin de compte, un personnage fantastique et pathétique, qui pourrait pousser une exclamation lucide proche de celle de Boris Karloff à la fin de LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN : "Nous faisons partie des morts !"

S'il rappelle d'autres mélodrames mettant en scène un zombie (LE MORT QUI MARCHE de Michael Curtiz, par exemple), LE MORT-VIVANT annonce aussi d'autres drames fantastiques dans lesquels on tente de faire revenir les morts contre leur gré (ZEDER, SIMETIERRE...). De même, en filigrane, il anticipe toute la vague de films américains mettant en scène le malaise des vétérans du Vietnam (TAXI DRIVER, RAMBO...). Cette oeuvre intéressante allait être présentée au quatrième Festival International de Paris du Film fantastique et de Science-Fiction (qui se tenait cette année-là au Palais des Congrès) et y recevoir le prix du "scénario le plus original", avant d'être distribué en salles dans notre pays. En vidéo, il sera publié aussi bien sous son titre original LE MORT-VIVANT que sous celui, plus commun, de SOIF DE SANG (à ne pas confondre avec THIRST de Rod Hardy lui aussi édité en vidéo sous le titre SOIF DE SANG !).

En DVD, ce film sort pour la première fois chez l'américain Blue Underground (multizone, NTSC), sous la dénomination DEATHDREAM (titre d'une de ses ressorties), tandis que la copie arbore, elle, celle de la sortie originale DEAD OF NIGHT (à ne pas confondre, cette fois-ci, avec le classique du film à sketches AU COEUR DE LA NUIT).

LE MORT-VIVANT est présenté dans son format panoramique 1.85 d'origine (avec 16/9), dans une copie assez discutable, trahissant un grain argentique très présent (mais restitué avec naturel), une photo parfois trop sombre et des défauts d'état qui, sans être vraiment gênants, sont bel et bien présents. Heureusement, le rendu des lumières, des couleurs et de la définition est d'un excellent niveau, ce qui souligne un bon travail sur l'encodage et le télécinéma. Notons tout de même que le format de l'image change légèrement à mi-parcours avec l'apparition de bandes noires à gauche et à droite qui devraient être invisible sur un téléviseur en raison de l'overscan.

Blue Underground est connu pour décliner certaines bandes-son dans des assortiments délirants de DD 6.1 EX et autres DTS pas toujours franchement indispensables. ici, cet éditeur fait dans la sobriété en ne proposant que la piste mono d'origine (codée sur deux canaux). Celle-ci sonne parfois un peu bouchée, ce qui nuit à la compréhension de certains dialogues, mais, sinon, elle est d'une grande propreté, et n'est, en fait, limitée que par les conditions d'enregistrement originales. On ne signale aucun sous-titrage...

La section des bonus est par contre bien remplie. On peut consulter deux commentaires audio, tous deux animés par un collaborateur de Blue Underground : le premier, donnant la parole à Bob Clark, contient quelques éléments intéressants, mais le réalisateur semble avoir la mémoire assez embrumée et se montre globalement peu loquace ; le second, dans lequel s'exprime Alan Ormsby, est beaucoup plus vivant et animé, même si le scénariste arrive assez rapidement à court de conversation à propos du film. Si elles contiennent des informations précieuses, on se dit tout de même que ces deux pistes, totalisant presque trois heures d'écoute, auraient gagné à être condensées en une simple interview bien construite d'une grosse demi-heure...

Par ailleurs, une petite featurette de 10 minutes est dédiée à une interview récente de Tom Savini, lequel revient de façon sympathique sur sa jeunesse et ses débuts dans le monde du cinéma. Puis, un document de 12 minutes, tout nouveau, donne la parole à Richard Backus à propos de son rôle dans LE MORT-VIVANT. Plus anecdotique, on trouve un générique (légèrement) alternatif (titré DEATHDREAM) et une fin (un peu) différente, récupérée sur une cassette vidéo. Enfin, on peut jeter un coup d'œil à une bande-annonce et à une très copieuse galerie de documents iconographiques (photos, dessins préparatoires, extraits du script d'origine, matériel promotionnel, etc.) qui clôt en beauté cette interactivité très fournie où vient s'ajouter un bonus caché où Alan Ormsby présente des lentilles oculaires et de fausses dents utilisées sur le film.

Bref, Blue Underground propose une belle édition du MORT-VIVANT (à l'exception de sa jaquette, tout de même assez vilaine), qui permet de visionner ce film dans les meilleures conditions possibles pour le moment, avec, en plus, une interactivité très fournie.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
DEATHDREAM DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Blue Underground
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Bob Clark
    • Commentaire audio de Alan Ormsby
    • Tom Savini : The early years (9mn58)
    • Deathdreaming : Interview with Richard Backus (11mn36)
    • Alternate opening titles (3mn28)
    • Extended ending sequence (2mn58)
    • Bande-annonce
      • Galeries de photos
      • Behind the Scenes
      • Posters
      • Publicity Stills
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