Un architecte se rend chez un client. Une impression de déjà-vu
l'étreint dès qu'il arrive en vue de la maison. Déconcerté
lorsqu'il rencontre l'homme qu'il vient voir et encore plus une fois
qu'il se retrouve au milieu des personnes présentes dans la maison.
Il est en train de vivre le cauchemar qu'il fait chaque nuit. Expliquant
cela, les personnes présentes en viennent chacune à raconter
une histoire surnaturelle pour convaincre un psychiatre sceptique
Même s'il date de 1945, AU COEUR DE LA NUIT reste très actuel. Pas dans les décors, la manière de filmer ou les costumes qui sont pour le moins datés. La construction du récit et les idées développées n'ont pourtant pas pris une ride. Film à sketches, il s'écarte par exemple du canevas habituel. Chacun des segments permet ainsi de faire avancer le fil conducteur de l'histoire. Le mystère principal restant la solution du rêve de l'architecte. Que va t'il se passer ensuite ? Les convives racontant chacun une expérience étrange. Toutes à la frontière qui sépare la réalité du surnaturel. Une force puisque ces histoires sont tellement proches de la réalité qu'elles en deviennent bien plus inquiétantes qu'une histoire compliquée. De plus, certaines histoires pourraient n'être que des anecdotes (celle du pilote) et d'autres plus étoffées. Mais tout cela laisse le spectateur toujours dans l'attente de la résolution du mystère principal. Le final n'en sera que plus fort en nous proposant un joli pied de nez qui se poursuit jusqu'à la fin du générique
Comme le souligne Philippe Haudiquet dans les suppléments, la force du film est d'alterner les moments forts avec d'autres plus légers. Ainsi, entre l'épisode du miroir hanté, une grande réussite, et celle du ventriloque, il y a une gentille histoire désopilante de rivalité amoureuse entre deux joueurs de golf. On passe donc assez facilement de la "peur" au "rire". Le meilleur moyen de faire retomber la pression avant d'attaquer de nouveau le spectateur.
Dans sa présentation, Jean-Pierre Dionnet fait un parallèle évident entre le sketche du ventriloque et MAGIC. Film réalisé plusieurs décennies plus tard où Anthony Hopkins prend la place de Michael Redgrave, où l'on se demande si le ventriloque sombre dans la folie où si sa marionnette a réellement une existence propre.
Pour l'image, il est difficile de dire quoi que ce soit. Il s'est écoulé plus de cinquante ans depuis la réalisation du film ce qui s'en ressent. Pourtant, la copie proposée ici est très acceptable et n'a pas de quoi rebuter le spectateur. Les bandes sonores sont en Mono d'origine, préparez-vous à entendre un résultat bien souvent limité. D'ailleurs, on a l'impression qu'un réducteur de bruit a été utilisé tant les passages silencieux tranchent avec ceux où les personnages s'expriment. Donnant une impression assez artificielle. La compréhension de la version originale est ainsi quelques fois pour le moins ardue. Les sous-titrages seront donc d'une grande aide.
Les 10 minutes où Philippe Haudiquet intervient à propos de AU COEUR DE LA NUIT sont pour le moins étranges. On sent bien que l'homme maîtrise son sujet mais il n'a pas l'air d'être très à l'aise en s'exprimant face à la caméra. On ne l'en blâmera pas, après tout, il n'est pas simple de s'exprimer à brûle pourpoint. Le problème est qu'en tant que bonus, ce segment laisse le spectateur dans une situation inconfortable. Il faut en effet suivre les idées qu'il exprime et souvent terminer soi-même le raisonnement dont l'intervenant ne finit pas le développement. Ce qui aurait dû être informatif nous laisse donc un peu sur notre faim. Il faudra donc se rattraper avec les autres suppléments.
La galerie de photos présente une affiche suivie de quelques clichés d'époque. Passée la présentation de Jean-Pierre Dionnet, ce sont les notes de production qui représentent le bonus de poids. Un comble, tant ce type de suppléments passe en retrait par rapport au reste. Pourtant, s'il y a un compliment à faire à la collection Cinema De Quartier, c'est justement de proposer à chaque fois une jolie synthèse des informations concernant le film et les sujets qui s'y rattachent. Enfin, quelques filmographies vous donneront une idée du parcours cinématographique des réalisateurs et de Michael Redgrave.
AU COEUR DE LA NUIT
est un film relativement rare. Le voir sortir en DVD est donc une aubaine
pour le redécouvrir dans les meilleures conditions possibles.
La pellicule ayant vieilli, le charme du film ne s'est pas fané
pour autant !