En s'installant à la campagne, la petite famille Creed ne se doute pas des horreurs qui l'attendent. Et tout cela à cause d'une route dangereuse et d'un vieux cimetière au bout du chemin derrière leur nouvelle maison.
SIMETIERRE fait partie des nombreuses adaptations des écrits de Stephen King. A l'origine, c'est donc un bon gros pavé de plusieurs centaines de pages, parmi les meilleurs de l'écrivain à l'époque, que le scénariste a la lourde tâche de faire entrer dans le minutage raisonnable d'un long métrage. Et le scénariste en question n'est autre que Stephen King lui-même. L'écrivain avait bien participé à l'écriture de scénario spécifique pour des films (CREEPSHOW ?) ou adapté l'une de ses nouvelles avec MAXIMUM OVERDRIVE. Mais s'atteler à l'adaptation de l'un de ses livres était une première puisque jusque-là, d'autres retravaillaient ses écrits pour le cinéma. Peut-être en avait-il marre de ne pas retrouver à l'écran ce qu'il avait écrit dans ses livres. Un soupçon largement renforcé par le fait qu'il demanda à ce que les éléments du scénario soient suivis à la lettre pour éviter toutes mauvaises surprises.
SIMETIERRE ne s'est pas fait en un jour puisque le projet a traîné quelques temps sous l'égide de Richard P. Rubinstein. Un producteur renommé de par sa collaboration avec George Romero puisqu'il a produit entre autres ZOMBIE et CREEPSHOW. Les deux hommes voulaient d'ailleurs adapter des romans de Stephen King et George Romero fut donc pendant un temps attaché à SIMETIERRE. Etrangement, cela ne se fait pas et après avoir considéré Tom Savini comme réalisateur potentiel, ce dernier ayant déjà réalisé des épisodes de la série d'horreur produite par Richard P. Rubinstein qui engendrera le film DARKSIDE : LES CONTES DE LA NUIT NOIRE, c'est contre toute attente Mary Lambert qui décroche le job. Surprenant puisque la réalisatrice s'était surtout illustrée en tournant des clips pour Madonna. Elle n'était donc pas vraiment destinée à mettre en image un film aussi terrifiant que SIMETIERRE. Car ce dernier l'est et ce n'est pas peu de le dire ! Le film sera d'ailleurs un tel succès qu'elle se retrouvera aux commandes d'un SIMETIERRE 2. Depuis, sa filmographie reste toujours marquée par ces deux films...
Parmi les personnages principaux de SIMETIERRE, il y a deux jeunes enfants. La gamine s'en tire plus ou moins bien mais Miko Hughes n'assure pas vraiment. On serait prêt à penser qu'il s'agit en fait d'un manque d'expérience dû à son âge (deux ans au moment du tournage) mais sa prestation dans FREDDY SORT DE LA NUIT est du même niveau. Sa meilleure prestation dans le film, c'est surtout lors des moments où il est remplacé par une réplique confectionné par l'équipe des effets spéciaux. En raison de son âge, il n'était pas possible de le laisser interpréter la plupart des séquences se déroulant à la fin du film. De son côté, Denise Crosby, échappée de la série STAR TREK : THE NEXT GENERATION, n'est pas très crédible non plus en mère de famille tout comme Dale Midkiff qui joue son époux. Finalement, tout repose sur la poupée de Miko Hughes, Fred Gwynne, Brad Greenquist en fantôme gore et la plupart des autres seconds rôles. Notons aussi l'apparition de Stephen King, une petite habitude prise par l'écrivain depuis sa rencontre avec Richard P. Rubinstein (KNIGHTRIDERS et CREEPSHOW).
L'interprétation des rôles principaux n'est pas la force du film et c'est surtout le sujet de SIMETIERRE qui retient l'attention. Très noire, l'histoire parle en grande partie de notre relation avec la mort des êtres chers et notre faculté à l'accepter. Tout tourne autour de cette idée. Parmi les premiers à s'en aller, ce qui peut être un apprentissage pour comprendre que la mort est inévitable, il y a les animaux de compagnie des enfants. Ceux-là même qui peuplent le cimetière du titre. La relation avec le souvenir de la mort, on la retrouve aussi avec la mère traumatisée par une expérience vécue dans son passé, nous donnant au passage certains des moments les plus terribles du film. Lorsque sort le film, la tendance générale est de produire des films d'horreur pour les ados où se mêlent autant le sang que l'humour. Dans SIMETIERRE, c'est du sérieux tout du long et il ne donne à aucun moment envie de plaisanter surtout lorsque l'histoire dépasse certains des tabous du cinéma hollywoodien. Une grande réussite en tant que film d'horreur puisqu'il atteint son objectif. Celui de vous foutre les boules à l'issue de sa vision.
Comme toutes les éditions DVD de Paramount, l'image à l'origine en 1.85 est ici légèrement recadrée pour ne perdre aucun espace du format 16/9 (en gros 1.77). Dans l'ensemble, si l'on excepte quelques séquences granuleuses, particulièrement les passages nocturnes, le transfert s'en tire plutôt bien. Les quelques rares défauts de compression sont à peine notables et ne devraient pas gâcher la vision de SIMETIERRE.
La version originale a été remixée en 5.1 à partir de la piste Dolby Stéréo d'origine. Ce nouveau mixage n'y va pas de main morte sur les arrières, quitte à ne pas être très naturelle. De quoi donner le sourire aux aficionados du gros son bien que l'on se demande pourquoi la version originale d'époque n'a pas été apposée aux côtés du remix. Ce choix ne vous sera pas proposé, tant pis ! Passée la surprise d'un déferlement constant d'ambiances spectaculaires (passage assourdissant des camions, rideau de douche, rire du bambin…), il vous restera la possibilité de légèrement baisser le niveau des arrières à moins que pour vous ce déséquilibre ne soit satisfaisant. La version française est, à ce titre et ce malgré le doublage français, un peu moins rentre-dedans puisque proposée seulement en stéréo surround.
Après avoir scruté en vain la jaquette à la recherche de bonus, vous ne pourrez noter qu'un étrange message subliminal ("LIRE LE LIVRE") qui doit, c'est sûr, être le résultat d'une traduction incomplète de la jaquette américaine. Non, le DVD de SIMETIERRE ne contient absolument aucun supplément d'aucune sorte. Pas même une malheureuse bande-annonce pourtant incontournable des éditions Paramount. Et encore moins des scènes encore plus salées et coupées avant la sortie du film pour lui éviter de se promener avec un X, qui aurait empêché une exploitation commerciale et normale du film.
Un DVD bourré de bonus aurait été le bienvenu et il faudra se contenter seulement du film. Mais quel film ! Une véritable descente aux enfers d'un père de famille face à la pire des injustices, lorsque la mort emporte un être cher qui, déjà au naturel, est une horreur. Alors quand Stephen King brode autour du thème, pour une fois, il ne démérite pas son titre d'écrivain star de l'épouvante.