Critique du film
et du DVD Zone 2
HENRY PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2
1996
Tourné en 16 mm, pour la somme assez dérisoire de 100 000 dollars, HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER de John McNaughton a connu bien des difficultés pour être distribué. Entre sa première présentation en festival, en 1986, et son exploitation en salles, il s'écoule quatre années de tergiversations diverses et variées (classement X par le MPAA, hésitations des distributeurs...). Quand il est diffusé à travers le monde, il rencontre tout de même un succès critique et public confortable au vu de son coût de production ridicule. Les carrières hollywoodiennes de McNaughton et de son acteur Michael Rooker sont en tout cas lancées...
De plus, les années 1990 font la part belle aux serial-killers, avec les triomphes publics du SILENCE DES AGNEAUX et SEVEN. Fatalement, MPI, la petite compagnie qui a financé HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER finit par avoir envie d'en faire une suite : HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2. On en confie l'écriture et la réalisation à Chuck Parello qui n'a, jusqu'alors, jamais réalisé un long-métrage. A l'exception du compositeur Robert McNaughton et du producteur Waleed B. Ali, l'équipe est totalement renouvelée. Ainsi, ce n'est plus Michael Rooker qui incarne Henry, mais Neil Giuntoli, déjà vu dans BORROWER (titre vidéo) de John McNaughton. A ses côté, le casting est composé de comédiens habitués aux seconds rôles et à la télévision, comme Rich Komenich et Kate Walsh.
Henry, un serial killer, arrive dans une petite ville de l'Illinois. Après avoir passé une nuit dans un asile pour vagabonds, il trouve un petit travail dans une entreprise louant des cabines de sanitaires pour des chantiers ou des évènements en plein air. Il s'installe chez Kai, un collègue qui vit avec sa femme Cricket et leur nièce, la très introvertie Louisa. Henry découvre que Kai arrondit ses fins de mois en provoquant des incendies dans des locaux industriels et commerciaux, dans le cadre d'arnaques à l'assurance. Les deux hommes s'associent pour mener à bien de telles missions. Finalement, le naturel revient au galop, et Henry entraîne Kai dans des affaires de meurtres gratuits...
Par sa trame, HENRY PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2 semble bien proche de son prédécesseur. Henry est confronté à un environnement familial (comme avec Otis et sa soeur Becky dans le premier) et va influencer un de ses membres pour qu'il l'accompagne dans ses virées meurtrières. Henry va se retrouver impliqué dans une histoire d'amour (ici, avec Louisa) et même le début du métrage, avec ses plans macabres de cadavres laissés à l'abandon, est un écho évident au film de John McNaughton.
Toutefois, la cellule familiale en question est ici un peu plus normale et un peu plus unie que celle formée par Otis et sa sœur. Certes, Kai participe à des activités incendiaires, mais il le fait de façon "professionnelle" et sérieuse. S'il ne vit pas dans l'abondance, il bénéficie tout de même d'un confort matériel convenable et mène une vie de couple normale. Il n'empêche que les environnements affectif et social dans lesquels évoluent les personnages sont décrits avec un véritable soin du détail et restent toujours vraisemblables. HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2 garde bien les pieds dans la réalité, et ne fait pas dériver le propos du premier titre vers un slasher conventionnel. De même, Henry reste une brute pétrie de méchanceté, assez simple d'esprit, et, donc, autrement plus crédible que des "génies du mal" comme Hannibal Lecter ou le "John Doe" de David Fincher. Ce film reste donc une oeuvre adulte et réaliste, portée par un casting cohérent et compétent, ce qui ne gâche rien.
HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2 a bénéficié d'un budget plus confortable que le premier film, c'est une évidence. Tourné en 35mm, il s'offre même des effets spéciaux pyrotechniques, à la limite du superflu dans certains cas. Pourtant, on perd la touche documentaire qui faisait la force de l'œuvre de John McNaughton. La mise en scène, conventionnelle, manque de personnalité et donne l'impression d'avoir affaire à un téléfilm un peu fade, moyennement efficace, même au cours de ses séquences de meurtres.
Collant à son modèle, sans en transcender les qualités, HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 2 donne l'impression d'être une suite qui ne s'imposait pas. Pourtant, il reste une oeuvre intéressante, crédible, réaliste, soignant la description des relations entre ses personnages.
Il sort aux USA en 1998, non sans que certaines scènes de meurtres aient été raccourcies par le MPAA afin d'accorder au film le visa "Restricted". En France, il est distribué directement en vidéo et en DVD, chez Opening (zone 2, PAL).
Le film est proposé dans son format panoramique 1.85 d'origine, mais sans option 16/9, ce qui est regrettable. Le télécinéma en question laisse à désirer : les contrastes manquent de punch, la définition est un peu grossière, les couleurs sont fades, voire peu naturelles (les chairs sont souvent légèrement violacées), et l'on remarque quelques défauts d'état (petites saletés). Enfin, des traces de compression sensibles dans les scènes nocturnes parachèvent ce tableau assez décevant. On peut tout de même visionner le film sans que ces défauts s'avèrent totalement rédhibitoires.
La bande-son est proposée dans son mixage Ultra-stéréo d'origine, assez plat, que ce soit sur la piste anglaise d'origine ou avec le médiocre doublage français. Un sous-titrage français, optionnel est disponible.
La section bonus propose la bande-annonce du film, doublée en français, et un petit making of de 15 minutes, avec notamment des interviews de Chuck Parello et de ses comédiens. Toutefois, ce document est surtout intéressant, car il contient des versions non censurées de certaines séquences de meurtres, telles qu'elles étaient avant les coupes du MPAA. Dommage qu'elles n'aient pas été intégrées dans le montage du film proposé sur ce DVD zone 2, qui se contente de proposer la version "Restricted" !
Ce DVD français n'est pas exactement le plus enthousiasmant qu'il nous ait été donné de visionner, mais il reste pourtant le disque le plus intéressant pour ce titre, même pour les anglophones avertis. En effet, les DVD anglais et américain présentent, eux aussi, la version "Restricted" du film, et, en plus, souffrent de le montrer dans un cadrage 4/3 plein écran au lieu de respecter son format 1.85 d'origine.