Header Critique : HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER

Critique du film et du DVD Zone 2
HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER 1986

HENRY, PORTRAIT OF A SERIAL KILLER 

Becky arrive à Chicago pour y trouver du boulot. Elle s'installe chez son frère, Otis, qui héberge déjà Henry. Travailleur en apparence normal, Henry sème la mort sur son passage avant de rentrer le soir et boire une bière avec Otis...

L'histoire de HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER est assez fortuite. John McNaughton travaillait à l'époque sur un documentaire parlant du catch. Mais les détenteurs des images le composant deviennent tout d'un coup plus gourmands. Résultat, la production décide de laisser tomber. D'où l'idée avec la somme qui aurait servi au documentaire de réaliser un véritable film et d'en donner la réalisation à John McNaughton. Il se retrouve ainsi avec un peu plus de 100.000 dollars pour tourner ce dont il a envie. Quoi de mieux qu'un film d'horreur puisque ceux-ci ont toujours un certain succès. Le réalisateur tombe par hasard sur une émission de télévision où l'on parle d'un certain Henry Lee Lucas. A partir de là, John McNaughton tient son sujet et se documente sur les tueurs psychopathes en lisant des livres ou en consultant des articles de presse en compagnie de son scénariste, Richard Fire. Le scénario du film s'inspire donc de Henry Lee Lucas mais n'est en rien une adaptation fidèle de sa vie ni même de sa relation avec Ottis Toole. Stéphane Bourgoin l'explique d'ailleurs clairement dans son entretien sur le DVD. Une fois le film en boîte, il est présenté à la MPAA pour obtenir une classification pour sa sortie en salles. Le couperet tombe avec un classement "X" réduisant à néant l'idée d'une distribution commerciale dans les cinémas. D'après le comité de la MPAA, le film est jugé comme ayant un "Contenu moralement perturbant". Rien n'y fera, pas même les articles élogieux dans la presse. Le film était en effet souvent classé dans la liste des dix grands films de l'année par un grand nombre de critiques. Même Martin Scorsese dira que HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER est l'un des plus impressionnants débuts cinématographiques depuis une dizaine d'années. Ce dernier ira même jusqu'à proposer de produire un film de John McNaughton.

Filmé à la manière d'un métrage de la nouvelle vague, avec une mise en image quasi documentaire, HENRY met le spectateur devant la vie sans fard de trois personnages. Otis, ex-taulard en liberté surveillée, dont la vie se résume à son boulot de pompiste ou à dealer de la came à de jeunes étudiants. Henry, qui partage l'appartement de Otis, dont il a fait la connaissance en prison, fait sa vie de son côté. Et Becky, soeur de Otis, qui débarque un jour à Chicago pour y trouver du boulot et dont la seule possibilité est de vivre dans le même appartement que les deux autres. Trois personnages avec une vie assez pitoyable où les loisirs se résument à regarder la télévision ou à se boire une bière (voire les deux). Henry, lui, a un autre passe-temps. Il sème les cadavres derrière lui dans l'anonymat le plus total. Ainsi, dans un quartier bien tranquille, pendant que des gosses jouent au ballon dans la rue, Henry passe inaperçu lorsqu'il trucide une ménagère. Pas étonnant puisqu'il n'est pas à première vue une bête féroce mais un simple être humain. Même Otis sera très étonné de découvrir la face cachée de Henry avant qu'il ne l'entraîne avec lui dans une initiation aux meurtres à répétition. Plutôt bête, Otis se prend au jeu et perd les quelques dernières barrières de moralité qu'il pouvait encore avoir... Becky, perdue dans son envie de réussir et de devenir quelqu'un, ne voit rien. Elle tombe même amoureuse de Henry sûrement parce qu'elle se reconnaît un peu dans son attitude d'homme écorché vif qui n'a pas été gâté par la vie.

Amateur de gore, passez votre chemin. HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER ne cède pas à la facilité de l'hémoglobine ou de la violence graphique à outrance. Il y a bien quelques cadavres exposés longuement à la caméra décrivant de façon fixe le résultat du passage de Henry. Les premières minutes du film sont d'ailleurs des petites scènes anodines des déplacements de Henry et derrière lui ce qu'il laisse sans aucune raison. Parce que finalement, Henry n'a pas de mobile. Il tue, point ! On pourra peut-être percevoir l'envie de reproduire une vengeance assouvie ou non à l'encontre de sa mère. Ce qui expliquerait l'une des grandes scènes du film où Henry (l'excellent Michael Rooker) fait froid dans le dos lorsqu'il annonce qu'il a tué sa maman. En dehors de cela, rien, Henry tue et ne semble même pas en tirer du plaisir au contraire de Otis. Plus fort, le film n'a pas de début. D'où vient Henry ? Pas plus qu'il ne dispose d'une véritable fin ! A la fin du film, c'est un peu comme si l'on avait suivi la vie d'un tueur et des deux personnages qui ont brièvement partagé son existence...

Pas de glamour avec HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER ! Pas plus que la représentation d'un tueur en série impressionnant de machiavélisme tel que le cinéma nous l'a servi jusque-là et continuera de nous le servir ensuite... Le film porte bien son nom, on y assiste au portrait d'un tueur en série sans complaisance et sans justification.

La sortie de ce DVD en France aurait pu se faire à la dérobée avec une sortie kiosque ou dans un quelconque supermarché. En lieu et place, Antartic, qui devait sortir le film à l'origine, et Opening s'associent pour réaliser une très belle édition. Le packaging sous la forme d'un digipack dans un fourreau cartonné plutôt classe fait de ce double DVD un objet carrément collector ! On doute que personne ne sorte avant longtemps une édition plus complète et soignée pour ce film !

Avec un budget aussi faible, le film a été tourné en 16mm ce qui explique le grain de l'image assez prononcé. Dès lors, il est difficile d'exprimer un jugement sur l'image. C'était d'ailleurs le cas avec l'édition DVD française de TRULY MADLY DEEPLY tourné quasiment dans les mêmes conditions. Si vous êtes habitués à regarder de grosses productions hollywoodiennes récentes en DVD, vous serez déçus par le rendu de l'image assez brut, granuleux et à l'aspect plutôt sale. Une comparaison avec le DVD américain du film vient confirmer le fait que réaliser mieux serait difficile. En effet, l'édition américaine a une définition plus imprécise et, NTSC oblige, délivre une image aux couleurs plus chaudes et limite baveuses. L'édition française est bien plus stable avec des couleurs plus naturelles et surtout propose un tout petit peu plus d'image en haut, en bas et surtout sur le côté droit de l'image.

   
Disque U.S. Disque français

Attention : Lors de la première vision de ce DVD, nous n'avions pas remarqué un problème dans l'image. Un carré disgracieux apparaît pendant quelques secondes pendant la mort du "revendeur" de matériel audio/vidéo. Alors que notre écran est pourtant d'une taille imposante, nous étions passé à côté de ce problème… Désolé !

Toujours pour des raisons budgétaires, le film a été enregistré en mono. Pourtant, le résultat est plutôt sympathique. La musique ressort très bien avec de bons graves donnant à l'ensemble de la bande sonore un certain relief. N'en attendez pas trop tout de même !

L'interview de John McNaughton s'avère être exactement la même que celle du DVD américain édité par MPI. Toutefois, le disque français apporte un sous-titrage français ce qui facilite grandement sa compréhension. De sa jeunesse où il appréciait les films de William Castle (LA NUIT DE TOUT LES MYSTERES, MR SARDONICUS...) jusqu'à la distribution du film HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER, le réalisateur parle de façon précise et intéressante sans jamais être ennuyeux. Il livre ainsi tout ce qu'il faut savoir sur le film de la façon dont est née l'histoire, le choix des acteurs... Une trentaine de minutes incontournables à propos du film !

Cette édition de HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER a l'avantage de bénéficier de la présence de Stéphane Bourgoin. Il a dédié une grande partie de sa vie à l'étude des tueurs en série et en a même rencontré un grand nombre dont Henry Lee Lucas et Ottis Toole. L'un des premiers bonus est donc une interview où il parle du film, des vrais Henry Lee Lucas et Ottis Toole mais aussi largement de ses rencontres avec les serial killers. Il évoque aussi rapidement pourquoi il en est venu à s'intéresser à ce phénomène.
A noter sur les étagères derrière Stéphane Bourgoin, la présence d'un grand nombre de DVD dont ceux des collections Cinéma De Quartier et Midnite Collection de MGM ainsi que des imports chinois.
Le DVD nous propose aussi des rushes, morceaux d'interviews, du véritable Ottis Toole lors d'un entretien réalisé par Stéphane Bourgoin dans une prison américaine en 1991.

Le plus long des bonus est un documentaire de 52 minutes réalisé pour France 2 par Frédéric Tonolli, Caroline Chomicki et Stéphane Bourgoin. A vrai dire, ce documentaire s'éloigne un peu du sujet, c'est à dire le film, puisque l'on y suit une femme spécialisée dans les crimes en série en Afrique du Sud. L'un de ces fameux "Profiler" devenus des héros de cinéma avec LE SILENCE DES AGNEAUX ou LE SIXIEME SENS. Même Clint Eastwood s'y était interessé avec LA CORDE RAIDE, c'est dire ! Je m'égare ce qui est un peu aussi le cas de ce documentaire par rapport au film. Toutefois, il serait idiot de se plaindre puisque ce documentaire est réellement intéressant et permet de continuer à en apprendre un peu plus sur les tueurs en série et ceux qui les traquent. Sans être lié directement avec le film, inclure ce documentaire est un peu comme un bonus en extension sur le sujet. Une initiative que l'on aimerait voir plus souvent.

Trois biographies sont proposées. Celles du réalisateur, de Michael Rooker et de Stéphane Bourgoin. Dans ce dernier cas, ce sera une bibliographie à la place de la filmographie. Elles sont toutes présentées de façon déroulante ce que nous n'apprécions pas trop ! Enfin, vous pourrez découvrir les bandes-annonces de HENRY, PORTRAIT D'UN TUEUR EN SERIE et de HENRY PORTRAIT OF A SERIAL KILLER 2.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Démontage du mythe cinématographique du tueur en série
Magnifique édition
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L'édition vidéo
HENRY, PORTRAIT OF A SERIAL KILLER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h19
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      • Interviews
      • John McNaughton (34mn)
      • Stéphane Bourgoin (30mn)
      • Bandes-annonces
      • Henry, Portrait of a Serial Killer
      • Henry, Portrait of a Serial Killer 2
    • Profession Profiler
      (Documentaire - 52mn)
    • Rushes inédits d'une interview de Ottis Toole (7mn)
      • Filmographies
      • John McNaughton
      • Michael Rooker
      • Stéphane Bourgoin
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    Menu 1 : HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER
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