Header Critique : ALLIGATOR (L'INCROYABLE ALLIGATOR)

Critique du film et du DVD Zone 2
ALLIGATOR 1980

L'INCROYABLE ALLIGATOR 

Le réalisateur Lewis Teague est un pur produit de la famille Roger Corman. Ainsi, au cours des années 1970, il travaille sur divers films de la compagnie New World Pictures, comme LA COURSE A LA MORT DE L'AN 2000 de Paul Bartel (réalisateur de seconde équipe) ou CRAZY MAMA (monteur). Après divers travaux mineurs de réalisation, notamment pour la télévision, il réalise DU ROUGE POUR UN TRUAND, une biographie filmée du gangster John Dillinger, dont le scénario est écrit par John Sayles (appelé à réaliser, des années plus tard, le film policier LONE STAR). Ensuite, Teague réalise L'INCROYABLE ALLIGATOR, dont l'histoire originale est rédigée par Frank Ray Perilli (par ailleurs scénariste, peu avant, de RAYON LASER et ZOLTAN, LE CHIEN SANGLANT DE DRACULA) et adaptée par Sayles. Robert Forster, vu la même année dans LE TROU NOIR, incarne Madison, tandis qu'on reconnaît, dans un petit rôle, les traits marquants de Henry Silva (qui apparaissait aussi, en 1980, dans VIRUS de Fukasaku).

A la fin des années 1960, un couple achète, pour faire plaisir à leur petite fille, un bébé alligator. Mais ces parents se lassent vite de cet animal, et le père le balance dans les toilettes du domicile familial avant de l'expédier, d'un coup de chasse d'eau, dans les égouts de Chicago. Les années passent... Des hommes commencent à disparaître dans les égouts, dont on ne retrouve plus que des morceaux déchiquetés. Le policier David Madison mène l'enquête...

Lorsque L'INCROYABLE ALLIGATOR arrive sur les écrans, le concept cinématographique de l'animal tueur d'hommes, sévissant dans un film mêlant cinéma-catastrophe et épouvante, était déjà bien rodé. Conséquence du succès des DENTS DE LA MER, les longs-métrages de ce style ont pullulé sur les écrans, parfois en se réappropriant des éléments de la science-fiction des années 1950 (les mutants géants de DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE), et en propageant de véhéments discours écologiques (SOUDAIN, LES MONSTRES...). Logiquement, Teague et son équipe ne sont pas les seuls à proposer un dangereux reptile mangeur d'hommes, puisque, l'année précédente, l'italien Sergio Martino a sorti son propre ALLIGATOR, tandis que, à la même période, un terrible CROCODILE (titre vidéo) sévit en Thaïlande.

Ces deux derniers titres, toutefois, se déroulent dans des cadres exotiques et touristiques, alors que L'INCROYABLE ALLIGATOR a l'idée intéressante de placer son récit dans un environnement urbain beaucoup moins glamour. A travers l'enquête de Madison, il le rehausse, en plus, d'une ambiance de film policier, bénéficiant du charisme décontracté de Robert Forster. L'ensemble recourt à un humour bienvenu (le chasseur incarné par Henry Silva), qui rompt agréablement avec le didactisme sermonneur souvent de mise, au cours des années 1970, dans les films du même style. Enfin, la réalisation de Lewis Teague est solide, et propose des séquences d'attaques reptiliennes très nerveuses et pleines d'idées amusantes.

Il faut toutefois reconnaître que ces mêmes scènes souffrent d'un manque de moyens évident et ne sont pas très effrayantes. Ainsi, les trucages employés pour restituer le gigantisme de l'alligator mutant font sourire : petit saurien évoluant parmi des maquettes ; modèle géant monté sur roulettes... Toujours au rang des déceptions, L'INCROYABLE ALLIGATOR manque d'originalité, et donne l'impression de raconter une histoire déjà vue mille fois. Il est difficile de se passionner pour les soucis professionnels de Madison ou les magouilles des pollueurs, tant elles évoquent du remplissage.

L'INCROYABLE ALLIGATOR ne révolutionne donc pas le cinéma fantastique. Il est pourtant un divertissement sympathique, qui remplit honnêtement son contrat : changer les idées du spectateur pendant ses 90 minutes de métrage. Sorti dans les salles françaises en juin 1982, il aura une suite tardive : ALLIGATOR 2, LA MUTATION (titre vidéo).

L'INCROYABLE ALLIGATOR a déjà été publié à plusieurs occasions à l'étranger. L'édition de référence reste le coffret Anchor Bay UK (zone 2, PAL), qui inclut L'INCROYABLE ALLIGATOR et ALLIGATOR 2, LA MUTATION. Le premier est fourni avec des bonus, parmi lesquels un commentaire audio de Lewis Teague et Robert Forster. Hélas, ce DVD ne propose que des bandes-son en anglais, sans aucun sous-titrage. L'éditeur français Antartic sort un disque à petit prix pour notre pays, qui reprend la formule du boîtier incluant les deux films.

L'INCROYABLE ALLIGATOR est proposé en 1.77 (avec option 16/9), format panoramique proche de celui vraisemblablement utilisé en salles (1.85). La copie est d'une très grande propreté et le télécinéma se distingue par une définition et une luminosité superbes. On serait même tenté de penser que ce DVD en fait un peu trop en ce qui concerne la lumière (les noirs des scènes très sombres manquent de profondeur, ce qui donne lieu à de petits soucis de compression) et les couleurs, pas toujours complètement naturelles (certains tons de chair tirent vers le rose). Le résultat reste tout de même de très bonne tenue.

La bande-son est proposée uniquement en français, dans un remix Dolby Digital 5.1, moyennement naturel, conçu à partir du doublage d'époque (mono à l'origine). Le plus ennuyeux reste la très regrettable absence de version originale...

En bonus, sur le DVD de L'INCROYABLE ALLIGATOR, on peut accéder à trois bio-filmographies soignées (Robert Forster, Henry Silva, Lewis Teague) et à une bande-annonce anglophone d'époque (en format 1.33, sans les caches du format panoramique).

Bref, malgré une image de bonne qualité, cette édition déçoit par l'absence de sa bande-son anglaise. Si les anglophones pourront se reporter sur le coffret Anchor Bay, les amateurs de versions originales sous-titrées passeront, eux, leur chemin.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
ALLIGATOR DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.85 (16/9)
Audio
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • ALLIGATOR
    • Bande-annonce
      • Bio/Filmographies
      • Robert Forster
      • Henry Silva
      • Lewis Teague
    • ALLIGATOR 2
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