Les filles de onze des plus grands savants occidentaux ont été enlevées : Fu Manchu souhaite ainsi faire pression sur leurs pères afin qu'ils apportent leur aide à son projet. Il essaie de développer un engin de transmission d'ondes capable d'anéantir une cible à distance. Fu Manchu menace de détruire le Windsor Castle et de s'en prendre aux chefs des gouvernements occidentaux. Il lui faut pour cela l'aide d'Otto Lentz ; il fait donc enlever sa fille, Marie (Marie Versini), qui devient la 12ème fiancée de Fu Manchu. Les jeunes femmes sont hypnotisées par le savant "jaune" et par Ling Tang, sa fille et son bras droit. Dennis Nayland Smith, l'ennemi juré de Fu Manchu, tente de faire échouer le plan meurtrier de l'asiate démoniaque. Il est pour cela épaulé par Petrie, par Franz Baumer (Heinz Drache), l'ami de Marie mais aussi par son ami l'inspecteur Grimaldi (Roger Hanin) qui suit l'affaire en France.
LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU (qui ne sont que douze !) est la suite directe du MASQUE DE FU MANCHU, également réalisé par Don Sharp ; ce dernier est le seul épisode de la série à avoir connu une édition française dans la collection Cinéma de Quartier de Canal+, qui possède pourtant les droits des LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU et de VENGEANCE OF FU MANCHU, l'épisode suivant. Il faut donc acheter ces films en Angleterre pour les découvrir, en anglais et sans sous-titres et pour se rendre compte que l'équipe du premier épisode reste pratiquement inchangée, sauf Nayland Smith, l'ennemi de toujours de Fu Manchu, qui sera interprété, pour deux épisodes, par Douglas Wilmer. Ce dernier, après avoir tenu le rôle de Pelias dans JASON ET LES ARGONAUTES, avait interprété Sherlock Holmes dans une série TV de la BBC des années soixante, avant d'être remplacé dans le rôle du fameux détective par Peter Cushing. Les carrières des deux comédiens se croiseront de nouveau dans le film de Roy Ward Baker THE VAMPIRE LOVERS en 1970 ; après cela, Wilmer apparaîtra dans des seconds rôles dans LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD de Gordon Hessler, LA REVANCHE DE LA PANTHERE ROSE ou OCTOPUSSY.
Il est entouré, dans cette nouvelle production de Harry Alan Towers par de nombreuses jeunes femmes interprétant les "fiancées" prisonnières de Fu Manchu. Elles sont dites avoir été recrutées lors d'un concours organisé par la production. Pour ouvrir le film au marché français, Harry Alan Towers recrute néanmoins Roger Hanin en guest star, qui a déjà tourné avec Visconti, Godard, et joué le Tigre chez Chabrol ; il tient le rôle de l'inspecteur français qui épaule Nayland Smith dans son enquête. Son rôle, peu fourni, fait cependant écho aux personnages de jeunes premiers, bras droits du héros, hérités des serials des années 40 dont Harry Alan Towers s'inspire ouvertement.
Si l'équipe n'évolue que très modérément, il en va de même pour l'intrigue, et pour les caractères des personnages : le protagoniste, génie du crime, complète cependant dans ce chapitre sa panoplie criminelle en s'appropriant les airs et les ondes. Il intègre peu à peu tous les éléments naturels à son arsenal maléfique, puisque dans le premier volet de la série, il avait fait montre d'une maîtrise de l'eau.
L'intrigue du premier épisode, son ambiance, sont développées dans ce deuxième métrage (puis dans les suivants) jusqu'à la caricature. En effet, l'intrigue se répète plus qu'elle ne se démultiplie : Fu Manchu veut asservir le monde ; malgré ses connaissances immenses en sciences, il a besoin d'enlever un savant (ou plusieurs) et le force à coopérer à son entreprise diabolique. Il donne alors un exemple meurtrier de sa puissance. Pendant ce temps, Nayland Smith et le Dr. Petrie mènent l'enquête pour découvrir le repaire, généralement inaccessible, de Fu Manchu. Ils réussissent en dernier recours, la chance ne souriant jamais au personnage maléfique, à empêcher la catastrophe finale.
LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU colle idéalement à ce schéma. Il reproduit plus qu'il n'amplifie LE MASQUE DE FU MANCHU et sera répété par les deux épisodes tournés par Jess Franco en 1968 et 1969. Il sert même de matrice à l'épisode THE CASTLE OF FU MANCHU, donnant une nouvelle dimension à cette répétition : chaque film engendre sa suite, qui engendre elle-même une autre suite possible. LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU se répète en effet dans le dernier épisode de la série : Jess Franco reprend les mêmes plans qui ont servi à la catastrophe finale des LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU pour en faire l'ouverture de son film. Ainsi, si l'on suit la série, on est fort surpris de retrouver les mêmes personnages (dont certains sont pourtant morts dans cette séquence), dans les mêmes rôles, les mêmes dialogues… qui accouchent d'une nouvelle situation, d'une nouvelle machination fomentée par le docteur asiate.
Le monde de Fu Manchu créé par Harry Alan Towers a cela de magique. L'intrigue même du film peut engendrer une nouvelle intrigue, une extension parallèle développée dans un épisode suivant, déclinant sous un autre aspect les thématiques présentes dans l'œuvre originelle de Sax Rohmer. Harry Alan Towers a réussi en cela son adaptation ; rendre à l'écran l'aspect factice, irréel des romans, le ressassement de l'intrigue. Là où l'adaptation réussit moins, c'est sur la durée : ce que les serials ou série TV adaptant le personnage de Fu Manchu pouvaient exposer en une vingtaine de minutes par épisode est ici étiré, malmené pour offrir un scénario de long métrage. Et, malgré les changements de réalisateurs, d'épisode en épisode (il faut exclure cependant VENGEANCE OF FU MANCHU, sur lequel nous reviendrons dans une critique prochaine), la fraîcheur se perd, les clichés ne fonctionnent plus comme clin d'œil, comme référence à un univers particulier, mais deviennent de simples répétitions, voire parfois de lourdes maladresses. Seul le grain de folie insufflé par Jess Franco permettra à peine à la série de rebondir dans les deux derniers épisodes.
Momentum pictures a édité dans sa collection Horror Collection les trois premiers épisodes de Fu Manchu produits par Harry Alan Towers ; ils doivent ressortir groupés en un coffret Fu Manchu très prochainement. Ces disques viennent compléter l'édition américaine des deux derniers épisodes réalisés par Jess Franco, contenus dans le coffret Christopher Lee Collection de Blue underground publié à la rentrée 2003. Les disques édités par Momentum sont sortis en Angleterre à la fin octobre 2003. A noter tout de même que Momentum est le premier éditeur à publier ce film en DVD.
Servi par une image assez propre, parfois légèrement floue, le film trouve avec cette édition une fraîcheur qu'il a sans doute rarement connue : on y découvre une ambiance plus sombre que celle de LE MASQUE DE FU MANCHU, plus terne, due sans doute aux moyens assez faibles mis en œuvre sur ce film, tourné en Eastmancolor. Les mauvais scores au box-office du premier épisode expliquent les restrictions budgétaires sur LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU…
Présenté au format 1.85 dans un transfert tirant parti du 16/9, LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU propose sur la jaquette, comme toutes celles de la collection, une illustration de toute beauté. Toutefois, des erreurs y sont présentes au verso... La durée du film y est ramenée à 80 minutes et, plus énervant, la capture des menus promettait une bande annonce en bonus ; ce seul supplément a été malheureusement supprimé du disque.
C'est donc dans une édition minimale, dénuée de tout supplément, en anglais non sous titré qu'il faut découvrir ce deuxième épisode de Fu Manchu réalisé par Don Sharp : certes, le génie du premier épisode n'est plus là mais LES 13 FIANCÉES DE FU MANCHU réserve de nombreux bons moments dans les geôles du docteur maléfique.