Fu Manchu, génie du crime, est exécuté. La tête tranchée, c'est la fin
de son règne. L'inspecteur Nayland Smith, témoin de l'exécution, rejoint
Londres où il commence à s'ennuyer, trop habitué à
l'exotisme. Avant que ne surviennent d'étranges assassinats et disparitions
qui pourraient bien être perpétrés par Fu Manchu
LE MASQUE DE FU MANCHU est réalisé par un certain Don Sharp. Un australien qui se rendit en Angleterre pour faire du cinéma. On le retrouve rapidement à la Hammer Films où il réalisa des films aussi divers que l'excellent BAISER DU VAMPIRE ou LES PIRATES DU DIABLE. C'est d'ailleurs sur ce dernier film qu'il rencontra Christopher Lee avec qui il tourna plusieurs films par la suite dont RASPOUTINE et LE MASQUE DE FU MANCHU qui n'est pas un film de la Hammer malgré ce que l'on pourrait croire. En effet, l'équipe technique et certains des acteurs qui se croisent sur ce film ont collaboré d'une manière ou d'une autre à la même période avec la Hammer. Comme Nigel Green, un acteur à la carrière étonnante que l'on retrouve dans de nombreux films très différents. On lui doit d'ailleurs une incarnation atypique du personnage de Hercule dans JASON ET LES ARGONAUTES
Don Sharp arriva sur LE MASQUE DE FU MANCHU d'une manière assez particulière. Non pas pour ses qualités artistiques indéniables mais simplement parce qu'il avait la réputation de finir ses films sans faire aucun dépassement de budget. Une mésaventure qui était arrivée aux précédents films produits par Harry Alan Towers. Le genre de producteur qui perd de l'argent et embraye rapidement sur un autre projet pour rembourser les dettes du film précédent. Ses banquiers étaient donc partants pour la réalisation d'un film consacré à Fu Manchu avec Christopher Lee mais ils tenaient surtout à s'assurer, ce coup-ci, qu'ils n'auraient pas de déboires financiers. Don Sharp réalisa aussi la première suite avec LES 13 FIANCEES DE FU MANCHU. Il décida pourtant de ne pas continuer estimant qu'il avait déjà largement fait le tour du projet. Trois autres films furent tout de même réalisés ensuite sans sa participation. Il tourna quelques temps après LE GRAND DEPART pour Harry Alan Towers avant que leurs chemins ne se séparent.
S'il est écrit sur la jaquette du DVD et au générique du film que Peter Welbeck a écrit le scénario, il faut savoir que ce personnage n'existe pas. Ou plutôt son vrai nom n'est autre que Harry Alan Towers qui signait parfois des scénario sous ce nom simplement parce qu'il résidait dans la rue Welbeck !
Plus proche d'un serial d'aventures que d'un film purement fantastique, ce premier Fu Manchu avec Christopher Lee donne tout de suite un ton très BD. On suit ainsi un inspecteur de police intrépide et aux méthodes particulières (pour l'époque, en tout cas !) sur les traces des sbires de Fu Manchu. Bien entendu, Fu Manchu est revenu d'entre les morts (?) pour mettre en action un plan démoniaque. Tiré à quatre épingles, pince sans rire, intelligent et racé, il est du genre à tuer une pauvre jeune femme ou des milliers de personnes sans même sourciller par vengeance ou pour atteindre son but. Le méchant par excellence Mais ce qui déçoit à la vision du MASQUE DE FU MANCHU, c'est le manque de folie de l'ensemble et le peu de rebondissements déployés. Si l'on retrouve ici ou là quelques idées qui ne dépareilleraient pas dans un épisode de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, dont Sharp a réalisé quelques épisodes, il manque ce petit grain de délire qui aurait donné son visa d'incontournable au film.
Pour tout savoir sur le personnage de Fu Manchu, Jean-Pierre Dionnet a fait appel à l'écrivain François Rivière. Spécialiste en la matière, il nous parle de Sax Rohmer et surtout de ce qui l'amena à créer le personnage du diabolique Fu Manchu. De son côté, Christopher Lee nous parle du tournage en donnant des anecdotes. Mais aussi de son personnage et des autres acteurs qui ont joué le personnage à l'écran avant lui. La galerie de photos présente les affiches d'époque ainsi que les photos d'exploitation françaises. Enfin, on retrouvera des filmographies sélectives sans réel intérêt dans le cas où vous êtes connecté au net (et vous l'êtes !). Deuxième DVD de la collection CINEMA DE QUARTIER à passer entre nos mains, LE MASQUE DE FU MANCHU signe et persiste dans la lignée des bonus présentés sur LE COLOSSE DE RHODES. Une approche intelligente des suppléments que l'on ne connaissait jusque là, en France, que sur certains disques Opening (DEAD ZONE ?). Manque de bol, l'image est affligée de façon inexplicable d'une teinte verdatre !
Même si le film n'est pas le chef-d'uvre annoncé, ni même la meilleure des prestations de Christopher Lee, il n'en reste pas moins fort sympathique !