Header Critique : MONSTER IN THE CLOSET

Critique du film et du DVD Zone 2
MONSTER IN THE CLOSET 1986

 

Dans la ville de San Francisco, de nombreux citoyens sont réduits en charpie par un monstre sortant de leurs placards. Un journaliste débutant associé à une jolie professeur en biologie vont mener leur enquête et tenter d'arrêter le massacre.

Troma, que l'on connaît bien grâce aux figures emblématiques de la firme telles que Toxie ou le sergent Kabukiman, n'est cependant pas uniquement une société de production. Il arrive en effet que cette dernière se contente d'acheter des films tournés par des équipes extérieures pour ensuite les distribuer dans son catalogue. C'est le cas par exemple du belge RABID GRANNIES, ou de ce MONSTER IN THE CLOSET écrit et réalisé par Bob Dahlin (dont c'est le seul film de cinéma, l'homme occupant depuis le poste d'assistant réalisateur sur des productions télé).

Les fans purs et durs de Troma s'apercevront rapidement que MONSTER IN THE CLOSET constitue un titre à part dans la filmographie trash de la société New-Yorkaise. Habitué aux séries Z irrévérencieuses, le spectateur découvre avec ce film une (petite) série B qui s'ingénie à rendre un hommage amusé aux films de monstres des années 50. Le métrage est donc techniquement beaucoup plus soigné que d'habitude (incroyable, l'équipe possédait un travelling !), et bénéficie même d'un casting quatre étoiles comparé aux habituels Troma : outre l'apparition de John Carradine on peut reconnaître Henri Gibson (L'AVENTURE INTERIEURE, MAGNOLIA), Howard Duff (KRAMER CONTRE KRAMER, DALLAS), Donald Moffat (THE THING), Frank Ashmore (les deux Y A T'IL UN PILOTE DANS L'AVION, la série télé V), tandis que sous le latex, Kevin Peter Hall offre la performance du monstre (ce dernier officiait déjà dans le costume de PREDATOR, et tenait l'un des rôles principaux de la série télé SUPERMINDS diffusée à l'époque sur feu "La Cinq").

Contrairement à d'habitude, il n'y a pas de débordements à signaler dans MONSTER IN THE CLOSET, pas la moindre goutte de sang ni même la moindre blague scato. Le film est clairement une comédie, même si son ambiance se réclamant des bobines de monstres craignos de la grande époque trouve finalement une justification dans le catalogue de la firme. A l'instar des autres productions maison, MONSTER IN THE CLOSET casse du sucre sur le dos des grandes institutions américaines, même si la caricature est cette fois plus gentillette. En première ligne, la subtilité guerrière de l'armée est mise à l'honneur (on bombarde d'abord, on fait le point ensuite), tandis que religion et science sont mises dos à dos dans un fumeux débat où tout le monde se trouve pareillement largué.

Mais le point fort de MONSTER IN THE CLOSET tient dans son côté ouvertement parodique. A la limite d'un ZAZ, le film enchaîne les clins d'œil avec un humour qui fait mouche. MONSTER IN THE CLOSET cite allègrement ALIEN (la curieuse langue du monstre), RENCONTRE DU TROISIEME TYPE (avec la mélodie qui produira le «contact»), PSYCHOSE (avec une énième, et très réussie, scène de douche), KING KONG (avec un enlèvement amoureux) et par voie de conséquence LA BELLE ET LA BETE (sauf que la belle n'est pas celle que l'on croit). Plus fort, le film va taper dans la culture super-héros avec des parodies appuyées à l'univers de SUPERMAN. Le personnage principal est d'ailleurs une copie carbone du timide Clark Kent sans les supers pouvoirs… Sauf quand ce dernier enlève ses lunettes, son entourage féminin tombant immédiatement amoureux de lui !

L'humour bien vu et la bonne humeur de l'ensemble fait de MONSTER IN THE CLOSET un film extrêmement sympathique. On se raccrochera plus sur les gags souvent hilarants que sur son scénario, ce dernier étant volontairement débile. L'idée du monstre ne vivant que dans les placards n'est à aucun moment justifiée, laissant l'ensemble dégraissé de toutes explications inutiles. On jugera l'histoire comme un ultime hommage alambiqué aux vieux «monster movies» (où le titre fracassant devançait bien souvent le contenu scénaristique), ou bien comme une préquel rétroactive au familial MONSTRES ET CIE de chez Pixar. Seul petit bémol à ce titre bien rafraîchissant, une très sérieuse baisse de rythme qui vient un peu gâcher le plaisir en plein milieu du film.

Toujours dans la collection Troma, MONSTER IN THE CLOSET bénéficie d'une image au format 4/3 d'origine et d'une piste sonore en version originale uniquement en stéréo. L'ensemble est très correct, et même presque mieux que d'habitude. Par rapport à l'édition Zone 1, on remarquera juste que le Zone 2 réchauffe nettement les couleurs, donnant à l'image une légère dominante rouge plus naturelle. Par contre, nos souvenirs mentionnent l'existence d'un doublage français lors de l'exploitation en vidéo du titre chez nous, dommage qu'il ne soit pas ici présent.

DVD américain
DVD français

Côté bonus, le pauvre acheteur va comme d'habitude se fier au verso de la jaquette pour y juger du contenu. On peut donc lire sur l'édition de MONSTER IN THE CLOSET : «Interviews, Tromaville Café, Surprise et War Story». Tout irait bien si l'éditeur ne s'était pas encore mélangé les pinceaux sur le descriptif des suppléments, intervertissant ceux de TROMA'S WAR sur ceux de MONSTER IN THE CLOSET. On ne hurlera pas au scandale compte tenu du privilège que nous avons de pouvoir découvrir le catalogue Troma à petit prix, mais un peu plus de vigilance de la part de l'éditeur ne serait pas non plus de refus.

Les vrais bonus de MONSTER IN THE CLOSET sont constitués d'un nouvel épisode de Troma's Edge TV (une bimbo interviewe des quidams en pleine rue), de notes écrites sur l'histoire de Troma (et d'ailleurs déjà présentes sur différents disques de la collection), ainsi que de la bande-annonce originale du film. C'est certes beaucoup plus léger que les nombreux modules du Zone 1, mais avouons que l'intérêt de ces derniers était souvent limité et qu'ils faisaient plus office de remplissage qu'autre chose.

Dénotant quelque peu dans le paysage Trash de Troma, MONSTER IN THE CLOSET n'en reste pas moins une très sympathique surprise. La multitude de clins d'œil aux classiques du genre y est pour beaucoup, tout comme son scénario non-sensique qui culmine en un final apocalyptique où tous les placards du monde entier se font littéralement mettre en pièce. Rien que pour ces quelques minutes de franc délire rigolard, le film mérite sa réputation de divertissement culte.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
1 news
287 critiques Film & Vidéo
On aime
Un film très convivial
L’humour et les nombreux clins d’œil
On n'aime pas
Une sérieuse baisse de rythme au milieu du film
La jaquette erronée concernant les bonus
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L'édition vidéo
MONSTER IN THE CLOSET DVD Zone 2 (France)
Editeur
Sony Music
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Troma’s Edge TV (2mn52)
    • Bande-annonce
    • Autour de Troma (texte)
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