L'évocation de l'empereur Caligula (dont ce film aura aidé
à l'épanouissement de la réputation sulfureuse)
sous les traits de Malcolm
McDowell, est un film à part ! A ce propos, nous vous conseillons
de lire notre dossier
qui lui est consacré plutôt que réécrire
ici les mêmes informations ! Autant se concentrer sur cette édition
DVD.
Comme vous devez le savoir, très rapidement, la création de CALIGULA s'est retrouvée tiraillée de plusieurs côtés. Des montages existants, seuls deux circulent à présent ! Les deux sous l'impulsion de Bob Guccione. A commencer par une version qui écopa d'une simple classification "R" lors de sa sortie initiale dans les salles américaines, coupant au passage les plans trop insistants sur les arrière-trains des actrices ou des images trop explicites sexuellement. De l'autre, une version bien plus "Hardcore" puisque l'on peut y détailler entre autre l'anatomie fessière de Teresa Ann Savoy, des plans difficilement imputables à un autre cinéaste que Tinto Brass, ou des fellations parachutées là par Bob Guccione histoire d'en donner beaucoup plus à son public érotomane. Sur l'édition simple, c'est donc la version "R" qui nous est présentée ! Un montage qui n'est probablement pas celui diffusé dans les salles françaises à l'époque de sa sortie. Toutefois, il est difficile de l'affirmer puisque le temps aura obscurci nos mémoires et les méli-mélo organisés autour des différents montages du film nous plongent dans le plus grand flou !
Quoiqu'il en soit, la version de CALIGULA présente sur ce disque est édulcorée au possible. Car de toutes façons, le sujet même du métrage tout comme la plupart des séquences empêchent une diffusion formatée pour un jeune public. Mais quitte à se plonger dans la décadence de l'empire romain et tous ses excès, et puisque nous sommes entre adultes, à quoi bon se lancer dans l'acquisition d'un montage "soft" qui va même jusqu'à supprimer totalement certains passages (la levrette avec Helen Mirren ou l'humiliation totale lors du mariage) ? La question est posée puisque ce montage n'est de toutes façons pas celui voulu par son réalisateur mais simplement un compromis vis à vis de la censure américaine.
Dans le même ordre d'idée, le Making Of s'est vu raccourci de quelques minutes. En gros, vous retrouvez exactement le même contenu mais ce petit documentaire coupe dès qu'il s'agit de montrer une fellation appliquée ou des caresses intimes et vient à supprimer quelques passages. Il se met donc au même niveau que le montage très adouci du film.
Si les Américains avaient sorti la version "soft" du film sur DVD, ce n'est pas pour une question de respect de l'uvre. Mais plutôt pour élargir le nombre d'acheteurs d'un tel métrage et surtout réussir à placer au moins le disque édulcoré dans les linéaires des magasins vidéo, qui font l'impasse sur des films aux interdictions trop lourdes dont le contenu est sexuellement explicite. En France, la plupart des grandes enseignes occultent les titres à vocation pornographique mais dans le cas de films tels que CALIGULA, ou le SALO de Pasolini, cela ne semble pas les gêner. Dès lors, on ne comprend pas bien la démarche de l'éditeur qui aurait pu miser sur l'aspect "Collector" en plaçant des bonus inédits sur le disque simple. Même pas puisque le documentaire légèrement raccourci, les extraits de Penthouse et les filmographies ne risquent pas de donner une envie d'achat supplémentaire à ceux qui auront opté pour la version longue.
Comme pour l'édition sur deux DVD, ce disque présente le film dans son format cinéma respecté avec un transfert 16/9. Plutôt réussi, il faudra toutefois noter un peu de grain ou quelques défauts de pellicule sans véritable importance. Après comparaison avec le disque américain, l'image est de bien meilleure qualité et ce n'est pas seulement l'apport du 16/9 qui fait la différence. En effet, le rendu est bien plus clair et bénéficie de couleurs plus naturelles.
Le remix Dolby Digital 5.1 de la version originale anglaise n'est pas ce que l'on pourrait appeler une grande réussite. Il n'est pas très naturel et laisse transparaître son statut de piste sonore bricolée. A l'écoute, précisons que cette version Dolby Digital 5.1 sonne de la même façon sur le DVD américain. Au moins, ici, vous aurez la possibilité d'afficher un sous-titrage en français ! Autre alternative, le doublage français en Dolby Digital 5.1, lui aussi, et qui semble un peu plus harmonieux techniquement parlant.
A moins d'être une grenouille de bénitier cinéphile, s'encombrer de l'achat d'une version adoucie de CALIGULA reviendrait à vouloir se dévergonder devant un insipide métrage érotique diffusé sur M6. Le sujet même du film appelle à la démesure et à la décadence qui ne peut s'accommoder d'une vision quelque peu castrée Autant se reporter au montage en version longue même si celui est caviardé au petit bonheur la chance par des inserts généreusement couillus !