Header Critique : DEVIL'S POND : LUNE DE MIEL EN ENFER

Critique du film et du DVD Zone 2
DEVIL'S POND 2003

 

DEVIL'S POND : LUNE DE MIEL EN ENFER est la première réalisation du jeune metteur en scène Joel Viertel, lequel en écrivit dans un premier temps le scénario, puis fit réaliser des story-board pour convaincre d'éventuelles compagnies de production de lui confier la mise en scène de son projet. En fin de compte, le long métrage se concrétise au sein d'une structure indépendante, le film devant être distribué par Artisan.

L'action a la particularité de ne mettre en scène que deux personnages, à savoir Mitch et Julianne, jeunes mariés passant leur voyage de noces sur une île isolée. Ces rôles sont donc confiés à de jeunes comédiens : Mitch est joué par Kip Pardue, dont la carrière s'oriente ces temps-ci avant tout vers le cinéma indépendant américain, au gré de titres comme LES LOIS DE L'ATTRACTION, THIRTEEN, AMERICAN CRIME ou GLAMORAMA. La nouvelle épouse est interprétée par Tara Reid, relativement connue des amateurs de fantastique pour des apparitions dans des films d'horreur comme URBAN LEGEND ou, plus récemment, ALONE IN THE DARK et THE CROW : WICKED PRAYER. Elle s'est surtout fait connaître pour ses nombreux rôles dans des films américains pour adolescents, en particulier des oeuvres pseudo "sulfureuses" (SEXE INTENTIONS, SEXE ATTITUDES...) ou des comédies grivoises (AMERICAN PIE, AMERICAN PARTY...).

Julianne et Mitch ont tout pour être heureux. Ils sont jeunes. Ils sont beaux. Ils viennent de se marier et ils vont faire leur voyage de noces dans une cabane coupée du reste du monde, sur une petite île en plein milieu d'un lac superbe. Pourtant, une tension sourde apparaît rapidement entre les deux tourtereaux. Julianne finit par avouer se sentir mal à l'aise sur cette île d'où il est impossible de capter un réseau de téléphonie mobile. Qui plus est, elle ne sait pas nager et s'avère terrifiée par l'eau... L'isolement va rapidement devenir insupportable...

DEVIL'S POND base donc son suspense sur l'isolement, et aussi sur l'agoraphobie, la présence pesante des grands espaces. Alors qu'il se déroule dans un site a priori ouvert, garant de libertés, son cadre fastueux va en fait s'avérer une dangereuse prison dans laquelle les deux jeunes mariés vont finir par s'affronter. Nous avons affaire à un thriller psychologique, un huis clos au cours duquel la tension monte progressivement, jusqu'à ce que l'horreur, la violence et la cruauté fassent progressivement leur apparition...

Le sujet s'avère donc classique, qui nous replonge dans la tradition de suspense dans lesquels des jeunes épouses se trouvent confrontés à des nouveaux maris moins bienveillants que prévus. Un sujet classique vu dans des thrillers gothiques tels que HANTISE de George Cukor, REBECCA de Hitchcock ou LE CHATEAU DU DRAGON de Mankiewicz. Et l'on pourrait aussi citer SOUPCONS de Hitchcock, dans lequel Cary Grant paraîtra un mari bien inquiétant aux yeux de Joan Fontaine. Ou plus récemment LES NUITS AVEC MON ENNEMI dans lequel Julia Roberts est traquée par un mari violent ; ou encore, le champion toute catégorie de la terreur matrimoniale : LE BEAU-PERE interprété par Terry O'Quinn, lequel se remarie à la chaîne pour systématiquement assassiner ses nouvelles épouses !

Nous sommes donc devant un sujet classique, légèrement renouvelé par son décor naturel, décor qui permet à ce titre de lorgner doucement vers le survival. En effet, nous nous trouvons dans une région sauvage du Montana ayant déjà accueilli des tournages prestigieux tels que ceux de la ghost story romantique ALWAYS de Steven Spielberg ou du western LA PORTE DU PARADIS de Michael Cimino. L'emploi de ces paysages naturels apporte à cette petite production une ampleur souvent spectaculaire et garantit des images d'une grande beauté, baignées par la lumière translucide et éclatante de cette contrée montagneuse.

Qui plus est, nous apprécions une mise en scène souvent dynamique, mobile, sachant gérer l'équilibre entre la claustrophobie, l'enfermement, et l'impression de grandeur émanant des vastes espaces entourant nos mariés. Certaines séquences de suspense sont correctement menées, parvenant à provoquer quelques moments de réelle tension.

Et pourtant... Et pourtant... Nous ne pouvons pas vraiment dire que nous avons passé un excellent moment devant cette LUNE DE MIEL EN ENFER. Tout d'abord, le travail d'écriture laisse dubitatif. Certes, il gère intelligemment la progression de la tension, ainsi que la succession des révélations. Mais pour se faire, il use et abuse d'invraisemblances rédhibitoires. Cette pauvre Julianne paraît bien tarte. Elle ne semble vraiment pas s'être beaucoup renseigné sur l'homme qu'elle a épousé ! Surtout, son rapport phobique à l'eau est à géométrie variable, tout particulièrement lorsque le dénouement du récit s'approche. Nous n'en dirons toutefois pas plus pour ne pas gâcher la surprise aux spectateurs...

Enfin, le point le plus faible du métrage s'avère sans doute la médiocrité du jeu de ses deux acteurs principaux. Ce qui est tout de même une grosse faiblesse pour un film tournant totalement autour d'eux ! Kip Pardue paraît bien fluet et léger quand il s'agit de donner dans le psychotique. Ses grimaces évoquent plus le Matthew Lillard de SCOOBY-DOO que l'Anthony Perkins de PSYCHOSE ! Tara Reid est effroyablement mauvaise, semblant se ficher du film comme de l'an 40 et multipliant les tics les plus lourds (yeux levés au ciel, mordillement de la lèvre inférieure, plissage des yeux) pour suggérer l'inquiétude ou l'angoisse. Tout cela est rapidement exaspérant, d'autant plus que le couple qu'ils forment nous paraît totalement improbable. En plus, aucun des deux personnages ne provoque ne serait-ce qu'un début de sympathie chez le spectateur !

DEVIL'S POND est donc un film bien passable, une petite production formellement défendable, mais qui, malheureusement, ne parvient pas à renouveler son sujet, plombé qu'il est par la médiocrité de ses acteurs et les imperfections de son écriture. Il sortira directement en DVD américain, chez Artisan, en 2003, avant d'arriver en France en 2006, chez Metropolitan.

Ce disque français propose une excellente copie de DEVIL'S POND, proposée en 1.78, avec 16/9. Si quelques rares plans sombres peuvent trahir de légers signes de compression, le reste du film est réellement parfait. La photographie s'avère d'une qualité tout à fait étonnante pour une petite production indépendante. Du beau travail...

La bande-son est disponible ou bien dans un doublage français mixé en 5.1, ou bien dans la version originale, elle aussi en 5.1 d'origine, avec un sous-titrage français imposé. Dans les deux cas, les résultats sont d'un bon niveau, sans chercher particulièrement à être innovants ou impressionnants.

Pour les suppléments, nous retrouvons des bonus inclus sur le disque américain. Ainsi, nous pouvons consulter cinq scènes coupées ou alternatives, avec ou sans commentaire du metteur en scène (accompagné par deux autres intervenants non identifiés). Des scènes tout à fait anecdotiques et très courtes, toutefois...

Plus intéressant est le making of de 28 minutes qui revient sur la production de DEVIL'S POND : LUNE DE MIEL EN ENFER, de la construction de son décor à son dernier jour de tournage. Un document bien conçu et assez riche en passages coquasses... Nous avons ensuite affaire à sept minutes de story-board commenté par Joel Viertel et le dessinateur David MacAdoo, lesquelles ne s'avèrent pas réellement passionnantes. Enfin, le disque propose la bande-annonce de quatre films distribués ces jours-ci par Metropolitan.

Malheureusement, le disque a l'inconvénient de nous les infliger d'office, dès le lancement du disque ! Le fait que nous puissions les fuir au moyen de la touche "Menu" de notre télécommande n'excuse pas cette très déplaisante méthode de marketing agressif !

Si on compare son contenu à celui du disque américain, le DVD Metropolitan se distingue par la perte de deux commentaires audio : un assuré par Joel Viertel et ses deux co-scénaristes Alek Friedman and Mora Stephens ; l'autre effectué par les producteurs J. Todd Harris et Craig Davis Roth. Néanmoins, ce disque américain ne propose ni version française, ni sous-titres d'aucune sorte, contrairement au disque Metropolitan...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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On aime
Une mise en scène soignée et des paysages sublimes
On n'aime pas
Mal écrit et mal joué
Les bandes-annonces qui se lancent automatiquement au démarrage du DVD
Disparition des deux commentaires audio du disque américain
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L'édition vidéo
DEVIL'S POND DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making Of (28mn42)
      • Scènes coupées
        (avec ou sans commentaire audio)
      • Le Chasseur et sa Proie (0mn52)
      • La Boîte à Pilules (1mn06)
      • La Dispute (0mn52)
      • Double Jeu (0mn50)
      • Les Clefs du Pick-Up (0mn25)
    • Story-boards (6mn34)
      • Bandes-annonces
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