Jessie croit dur comme fer qu'un crime est l'œuvre d'un tueur en série, mais la police qui a déjà un coupable ne veut rien entendre. Son enquête prendra un nouveau tournant lorsqu'elle trouvera une cassette vidéo où l'une des victimes est filmée à son insu par le tueur. Elle décide alors d'enquêter avec l'aide de sa productrice et de son cameraman.
AMERICAN CRIME est le deuxième effort cinématographique d'une petite équipe d'écriture, de production et de réalisation. C'est donc Jeff Ritchie qui produit et qui co-écrit avec Jack Moore le scénario d'un film qui sera mis en scène par Dan Mintz ce qui avait déjà été le cas quelques années auparavant avec un métrage qui alliait drogue et horreur dans COOKERS. Cette fois, tout ce petit monde se focalise sur un thriller plus terre à terre. Traiter une histoire de tueur en série est devenu un sujet bateau, mais AMERICAN CRIME réussit à se démarquer en adoptant des angles d'attaque plutôt originaux que ce soit sur le fond ou la forme.
La première partie de AMERICAN CRIME est narrée à la manière d'une émission policière où les faits sont dépeints grâce à des reconstitutions, des morceaux d'interviews et des effets de présentation télévisuel. Un choix qui desservirait le film s'il n'y avait pas là une sorte de mise en abyme des médias puisque l'histoire racontée dans l'émission est celle d'une équipe de télévision, elle-même en train d'enquêter sur une histoire de tueur en série qui film ses victimes avant de les assassiner ! Tout tourne autour de l'enregistrements d'images, donc de leurs pouvoirs, et la pluralité des points de vue. Mais les scénaristes et le réalisateur ne sont pas là pour se lancer dans de longues tergiversations sur le sujet et prennent le parti, tout au long de l'intrigue, d'abattre les masques. La jeune journaliste qui s'entête à enquêter sur des meurtres contre l'avis de la police ne le fait pas pour l'amour de la justice mais plus bassement pas pure ambition. Sa productrice fait de même et l'on apprendra plus tard quelques révélations savoureuses à son sujet. Leur caméraman n'est pas non plus en reste ! Trois personnages qui enquêtent sur des crimes alors qu'ils pourraient être chacun les coupables.
Quatrième personnage à s'imposer en cours de route, le présentateur de l'émission AMERICAN CRIME qui prend directement partie dans l'enquête avec le caméraman et la productrice. Un élément extérieur qui devrait donc être le «héros» potentiel mais qui est en fait campé par un personnage trop excentrique pour être honnête. Tout cela étant, bien entendu, traité avec une plaisante touche humoristique et un casting fort sympathique : Annabella Sciorra, Kip Pardue et Rachael Leigh Cook. Mais la palme revient à Cary Elwes, inoubliable pirate de THE PRINCESS BRIDE, qui en fait des tonnes en campant un parodique journaliste très british.
Avec ses divers personnages à plusieurs facettes et son jeu relatif à l'image, AMERICAN CRIME réserve de nombreuses surprises tout au long de son déroulement. La seconde partie pourra paraître un peu moins enlevée, dès lors que les tics télévisuels de l'émission AMERICAN CRIME disparaissent, mais le film se déroule sans encombre jusqu'à son dénouement assez inattendu. Entre-temps, le film perdra sûrement quelques spectateurs en route à cause de nœuds scénaristiques pas toujours explicites mais logiques (par exemple une télévision qui passe du direct et non pas un enregistrement vidéo…). D'ailleurs, la personne qui a rédigé le texte de la jaquette a du elle-même se perdre ou regarder le film un peu trop vite puisque contrairement à ce que clame le dos de la jaquette, il n'est pas question ici d'une émission de télé réalité.
Tourné en grande partie en numérique, peut être même dans son intégralité, AMERICAN CRIME bénéficie d'une très belle image une fois retranscrit sur ce DVD. Et l'on en vient à se demander pourquoi le disque ne bénéficie pas d'un transfert 16/9 surtout que le film est dans un format très large (aux environ du 2.35). Malgré ce manque, il faut bien avouer que l'on a vu des transferts pourtant en 16/9 qui offrait une image moins réussie que celle d'AMERICAN CRIME.
Autre surprise décevante, les deux pistes sonores proposées sont en stéréo qu'il est possible de décoder avec un ampli audio/vidéo en ProLogic pour bénéficier d'ambiance surround. Pour un film aussi récent, on a bien du mal à croire qu'il n'existait pas un mixage Dolby Digital 5.1 quelque part. Comme pour l'image et son manque de 16/9, le résultat est pourtant loin d'être déplaisant puisque les pistes sonores offrent de belles ambiances. La version originale est à préférer surtout pour bénéficier au mieux du jeu de Cary Elwes.
Une fois que vous aurez vu le film et les bandes-annonces, il ne vous restera plus qu'à éjecter le disque et à le replacer dans son boîtier puisque ce DVD ne contient pas de véritable supplément. Dommage car d'autres titres édités par La Fabrique de Films offraient des interviews, des Making Of ou même des commentaires audio alors que les films en eux même sont bien moins intéressants. On se consolera donc avec la bande-annonce de AMERICAN CRIME ainsi que celles d'autres titres de la même collection.
La Fabrique de Films lance une collection «Bon Plan» parmi lesquels se trouvent AMERICAN CRIME mais aussi PETIT MASSACRE ENTRE AMIS, JERICHO MANSIONS ou bien encore KILLING ANGEL. L'idée étant de proposer en DVD des inédits en salle et de qualité. Dernièrement, la vision de PETIT MASSACRE ENTRE AMIS n'avait rien de convaincant, bien au contraire, mais cet AMERICAN CRIME relève largement le niveau avec un thriller machiavélique qui, s'il n'est ni génial et encore moins un chef d'œuvre, a le mérite d'offrir un bon moment.