Header Critique : MOUNTAIN OF THE CANNIBAL GOD (LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE)

Critique du film et du DVD Zone 1
MOUNTAIN OF THE CANNIBAL GOD 1978

LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE 

Après son giallo I CORPI PRESENTANO TRACCE DI VIOLENZA CARNALE, l'italien Sergio Martino s'éloigne de la terreur et du fantastique. A partir de 1973, il s'oriente en effet vers d'autres genres ayant le vent en poupe, à savoir la comédie érotique (L'INITIATRICE…) et le polar violent (POLICE PARALLELE…). Puis, à la fin de cette décennie, il tâtonne un peu, et esquisse un retour au western (MANNAYA, L'HOMME A LA HACHE) alors que ce genre est devenu moribond.

Finalement, il se trouve une nouvelle voie en se consacrant à l'aventure exotique, laquelle était tombée en désuétude en Italie. Quelques signes de renouveau se font pourtant sentir. Sergio Sollima signe de nouvelles aventures de "SANDOKAN" pour la télévision tandis que Ruggero Deodato, s'inspirant du AU PAYS DE L'EXORCISME de Lenzi, dirige LE DERNIER MONDE CANNIBALE, un film gore et malsain qui rencontre un certain succès à l'exportation. Il n'en faut pas plus pour que Joe D'Amato s'empresse de signer VIOL SOUS LES TROPIQUES dans lequel Laura Gemser affronte une tribu anthropophage.

Avec l'aide de Lucio Martino, son frère et producteur, Sergio prépare LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE, un long métrage bénéficiant de moyens relativement confortables. Si l'action est censée se dérouler Nouvelle-Guinée, comme LE DERNIER MONDE CANNIBALE, le tournage a lieu au Sri Lanka, en Malaisie et, pour certains intérieurs, à Rome. La distribution s'offre des vedettes d'envergure internationale, avec notamment Stacy Keach, acteur menant depuis dix années une belle carrière américaine sous la direction de metteurs en scène tels que Robert Altman ou John Huston. Encore plus fort, nous retrouvons Ursula Andress, la plus emblématique des James Bond Girl ! Il faut dire que, depuis le milieu des années 1970, elle semble s'être acoquinée avec le cinéma italien, tournant pour Fernando Di Leo (URSULA L'ANTIGANG), Enzo Castellari (LA GRANDE DEBANDADE) ou Duccio Tessari (LES SORCIERS DE L'ILE AUX SINGES, justement un film d'aventures exotiques).

Accompagnée par son frère Arthur, Susan Stevenson arrive en Nouvelle Guinée et y organise une expédition afin de retrouver son mari disparu en pleine jungle. Elle obtient l'aide d'Edward Foster, un guide réputé. Ils vont devoir se rendre sur l'île de Roka où le mari de Susan était parti à la recherche de la mythique montagne Rarami, laquelle, selon les légendes, servirait de repère à la tribu cannibale des Pouka !

Avec LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE, Sergio Martino semble chercher à élaborer un divertissement à l'ancienne s'inspirant du roman "Les mines du roi Salomon" de H. Rider Haggard. Ce livre mettait en scène un homme, Sir Henry Curtis, qui recrutait le guide Allan Quatermain afin de retrouver son frère, disparu alors qu'il était à la recherche d'un trésor mythique supposé se trouver au coeur d'une montagne.

Au cinéma, ce roman connut plusieurs adaptations, parmi lesquelles celle de 1950 (LES MINES DU ROI SALOMON de Compton Bennett et Andrew Marton) est sans doute la plus célèbre. C'est d'ailleurs la première à remplacer le personnage de Sir Henry Curtis par l'épouse du disparu, ajout que reprend fidèlement LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE. Dans le film de Martino, on retrouve donc le même style de péripétie que dans le roman et ses transpositions, à savoir : rencontre avec des animaux sauvages, longue traversée de la jungle, confrontation avec des tribus locales, découverte d'un trésor dans un obscur réseau de cavernes…

Il faut reconnaître que LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE bénéficie de moyens plutôt confortables et que, à nouveau, Sergio Martino fait preuve de son habituelle et solide maîtrise technique. Acteurs très corrects, superbes paysages captés avec goût, travail sur la photographie, sur les mouvements de caméra et sur les cadrages en format scope… Quand bien même LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE est une production «bis», elle brille par une certaine ampleur.

Il pèse toutefois sur cette bande un certain manque d'enthousiasme. De nombreuses séquences d'aventures théoriquement passionnantes paraissent laborieuses, telle cette fastidieuse remontée de rapides précédant la découverte de la montagne. Ou encore l'assaut grotesque qu'un crocodile en carton mène contre l'embarcation des héros. LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE paraît manquer de motivation. On est loin du sympathique dynamisme d'un PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES

Surtout, ce film choisit de mêler des péripéties gore et cannibales à une histoire d'aventure plutôt légère. Ainsi, LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE inclut quelques-unes des scènes de cruauté animale les plus révoltantes du genre, parmi lesquelles des combats d'animaux soigneusement orchestrés par la production. La mise à mort d'un petit singe longuement avalé par un python s'avère un monument de dégueulasserie cinématographique. Et ce d'autant plus que cette séquence, sans aucun rapport avec l'intrigue, tombe tel un insert totalement gratuit. Dans LE DERNIER MONDE CANNIBALE, les scènes de ce style, certes révoltantes, avaient au moins le mérite de s'inscrire dans l'ambiance très noire du métrage. Ici, il s'agit simplement de reprendre, en pire, une formule ayant déjà fait ses preuves commercialement.

Reconnaissons tout de même que, une fois arrivé dans la caverne des Pouka, LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE retrouve un peu de sa superbe. Offrant une vision pratiquement parodique du DERNIER MONDE CANNIBALE, il multiplie les détails «bis» aussi délirant qu'un viol de cochon ou la présence d'un nain cannibale !

A sa sortie, LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE connaît un succès très important. Néanmoins, Martino se montrera toujours mal à l'aise avec son aspect "Animal Holocaust"… Il persévère ensuite dans le cinéma d'aventures en tournant deux titres nettement plus «soft» : LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS et ALLIGATOR.

En DVD, LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE a connu de nombreuses éditions. Toutefois, la plupart d'entre elles s'avèrent médiocres : éditeurs folkloriques (Diamond aux USA), version censurée (en Grande-Bretagne), nombreux disques allemands sans version originale, copies sans 16/9 (la première édition de EC Entertainement…)… En 2002, Anchor Bay change la donne et offre à ce titre une édition de qualité supérieure (multizone, NTSC).

Par la suite, l'européen EC Entertainment a sorti un DVD zone 2 (NTSC). Celui-ci reprend exactement la même copie que le disque Anchor Bay. Il n'adjoint pas de sous-titrage anglais et néerlandais contrairement à ce qu'indique sa jaquette. La seule différence notable est la présence d'une galerie d'images proposant un contenu différent de celle du disque américain. En France, l'éditeur Grenadine a sorti ce film dans une édition ne proposant, en guise de bande-son, que la version française. Il a été proposé en février 2005, en complément du "Mad Movies" 172.

DVD Anchor Bay
DVD EC Entertainment

Ce disque américain propose LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE dans une excellente copie au format 2.35 d'origine et en 16/9. Certes, on repère quelques très légères rayures ou de petites instabilités dans les arrière-plans, mais le beau travail effectué sur la lumière et la propreté d'ensemble en font un travail qu'on peut considérer comme "définitif". De plus, il s'agit de la copie la plus complète connue jusqu'à maintenant.

La section bande-son ne propose que le mixage anglais en mono d'origine (codé sur deux canaux) sur laquelle Stacy Keach et Ursula Andress se doublent eux-mêmes. On regrette de ne pas trouver la piste italienne originale, mais il faut reconnaître que cette piste anglophone est bien synchronisée et très bien mixée.

En supplément, ce DVD propose une bande annonce en bon état, ainsi qu'une intéressante galerie d'affiches, de photographies de tournage et de photos d'exploitation. Quelques biographies et filmographies très soignées sont présentées sous forme de textes. Surtout, nous avons accès à une très bonne featurette de 13 minutes, contenant une interview récente de Sergio Martino.

Celui-ci ne paraît pas très heureux de s'exprimer sur ce film, et il est même pris en flagrant délit de mensonge par ses interlocuteurs en ce qui concerne les scènes de cruauté animale. Pour amoindrir la charge pesant sur le metteur en scène, signalons que les amateurs de cinéma fantastique italien savent bien que les grands noms du genre ne sont jamais avares en inventions et autres propos contradictoires !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
LA MONTAGNA DEL DIO CANNIBALE DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h43
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Interview de Sergio Martino (12mn45)
    • Bande-annonce
    • Galerie de photos
      • Bio/filmographies
      • Sergio Martino
      • Stacy Keach
      • Ursula Andress
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