Kevin, un aventurier spécialisé dans la recherche de fossiles préhistoriques, s'invite à une exploration menée par le professeur Ibanez, un célèbre paléontologue. Ils se rendent dans la mythique Vallée des Dinosaures, en pleine forêt amazonienne...
Michele Massimo Tarantini (alias Michael E. Lemick) est loin d'être le réalisateur le plus réputé du cinéma populaire italien. D'abord assistant, notamment auprès de Sergio Martino pour des titres comme I CORPI PRESENTANO TRACCE DI VIOLENZA CARNALE, il prend son envol à partir du milieu des années 1970, pour une carrière dans laquelle la comédie se taille la part du lion (LA PROF CONNAÎT LA MUSIQUE, L'INFIRMIERE A LE BISTOURI FACILE...). Au milieu des années 1980, il s'installe au Brésil et y dirige deux films d'aventures avec l'actrice Suzane Carvalho, alors vedette de la télévision brésilienne : PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES et PRISON DE FEMMES EN FURIE. Pour la première de ces deux co-productions entre l'Italie et le Brésil, il recrute afin de tenir le rôle principal l'américain Michael Sopkiw, qui aura tourné, en tout et pour tout, seulement quatre films dans sa carrière. Mais quels films ! Outre ce titre, il aura été la star de 2019, APRES LA CHUTE DE NEW YORK de Sergio Martino, puis des deux Lamberto Bava APOCALYPSE DANS L'OCEAN ROUGE et BLASTFIGHTER ! Le reste du casting est essentiellement composé de comédiens brésiliens ayant un peu anglicisé leurs noms pour les besoins du générique.
Le professeur Ibanez, un paléontologue, se rend avec sa fille dans la jungle amazonienne pour y mener une expédition. En effet, il souhaite explorer la célèbre Vallée des Dinosaures, une zone sauvage réputée fort riche en fossiles préhistoriques. Toutefois, ce site, supposé être maudit, est peuplé d'indiens féroces ! Ibanez sera accompagné par une troupe pour le moins hétéroclite : un photographe et ses deux modèles ; un ancien du Vietnam et sa femme alcoolique ; un pilote d'avion français ; et enfin Kevin, un aventurier spécialisé dans la recherche de trésors paléontologiques. L'aventure dégénère rapidement. Alors qu'ils arrivent à la vallée, l'avion les transportant s'écrase dans un marécage. Les rescapés vont devoir s'organiser pour survivre...
A priori, il est tentant de rapprocher PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES des films de cannibales italiens classiques. On y retrouve le cadre de la jungle amazonienne (comme dans CANNIBAL HOLOCAUST), des indiens portés sur la consommation de chair humaine, des occidentaux inconscients perdus dans la forêt, un avion coincé au mauvais endroit (comme dans LE DERNIER MONDE CANNIBALE)... De même, les péripéties ont souvent tendance à dégénèrer en séquences horrifiques (sables mouvants...), voire gore (les piranhas...).
Pourtant, par bien des aspects, ce film semble se rapprocher d'avantage des films d'aventures américains typiques du début des années 1980, comme LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE ou A LA POUSUITE DU DIAMANT VERT, qui avaient déjà engendré des imitations latines telles que LE TRESOR DES QUATRE COURONNES de Baldi, ou LES AVENTURIERS DU COBRA D'OR de Margheriti. Sopkiw incarne un personnage maladroit, charmeur et bagarreur, dans la plus pure tradition d'Indiana Jones. Les séquences gore, même si elles sont présentes, ne vont pas vraiment plus loin que ce qu'on trouve dans les aventures de cet archéologue. Par son ton décontracté, PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES donne souvent dans la comédie, par opposition aux films de cannibales classiques qui se prennent souvent très au sérieux. L'humour est donc, ici, très majoritairement volontaire.
Qui plus est, cette oeuvre ne souffre que très peu des habituels problèmes affligeant les plus petites productions italiennes : la figuration et les moyens sont à peu près proportionnels aux ambitions du récit ; il y a très peu de stock shots ; l'interprétation, sans être transcendante, est sympathique... PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES ne contient presqu'aucune de ses violences animales gratuites (on ne signale qu'un court combat de coqs) dont raffolait, hélas, l'aventure horrifique italienne du début des années 1980. Par contre, Tarantini semble très porté sur les nudités féminines et propose plusieurs scènes érotiques, ce qui participe encore du ton léger et bon enfant de ce titre. Il est tout de même plus agréable de contempler une belle physionomie féminine que de se farcir l'étripage réel et gratuit d'un pauvre crocodile qui aurait, par déveine, croisé une équipe de cinéma italienne en pleine jungle, à la fin des années 1970 !
Certes, tout cela est loin d'être parfait. La première demi-heure n'est franchement pas passionnante. La réalisation, les raccords et le montage sont parfois très maladroits, tout comme certains effets spéciaux. Cela pourra déplaire à des cinéphiles habitués à la finition léchée des films hollywoodiens courants. On regrette aussi quelques petites chutes de rythme par moments.
Et pourtant, PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES s'avère un film d'aventures bien sympathique, bourré d'action, de paysages exotiques et de rebondissements inattendus. Parfois violent, parfois ironique, parfois polisson, il nous semble être un titre généralement assez sous-estimé. Il sera distribué en été 1987, d'abord avec une petite sortie en France, puis en Italie, une semaine après le troisième volet de la saga "cannibale" de Ruggero Deodato : AMAZONIA, LA JUNGLE BLANCHE. Quelle coïncidence ! En DVD, il a été assez peu édité. Outre le DVD Dragon (multizone et PAL), on trouve un DVD anglais (appelé CANNIBAL FEROX II !), mais il s'agit d'une version censurée, à éviter.
Ce DVD Dragon propose le film au format 1.85, dans un master 4/3 seulement. Le début du métrage laisse paraître des rayures et des saletés, tandis que la luminosité est un peu excessive. Pendant le reste du film, on aura affaire à des plans de qualité très inégale, parfois très sombres et granuleux, parfois d'une clarté et d'un piqué agréables. Quelques passages (une minute environ, en tout) semblent provenir d'une VHS très fatiguée. Cela permet néanmoins d'avoir une copie complète. On a donc affaire à une image passable, certes, mais à mettre en rapport avec la rareté du titre.
La bande-son est disponible en mono Dolby Digital, que ce soit en allemand ou en anglais. La piste allemande est beaucoup plus dynamique et claire que la piste anglophone, assez "enrhumée", bien que très propre. Les dialogues restent néanmoins compréhensibles. Comme souvent pour ce style de film, pas de piste originale (italienne ou portugaise) à l'horizon, ni de sous-titrage.
Les bonus sont réduits au minimum. On trouve une bande-annonce anglophone et une filmographie du réalisateur Michele Massimo Tarantini. C'est peu, surtout au vu du prix...
PRISONNIERES DE LA VALLEE DES DINOSAURES n'est certainement pas le fleuron le plus connu de l'aventure exotique italienne. Il nous semble néanmoins que ce film énergique et sympathique mérite qu'on s'y intéresse. Cette édition DVD, certes un peu fruste (la jaquette et le livret sont ignobles), a le mérite de proposer une version a priori complète de cette oeuvre.