Le réalisateur néo-zélandais Glenn Standring approche la mise en scène à travers les deux court-métrages ZERO GRAPHIC et LENNY MINUTE 1, ce dernier, se déroulant dans un univers "rétro futuriste", étant retenu pour la sélection officielle du Festival de Cannes en 1993. A partir de 1994, il envisage sérieusement la réalisation d'un long métrage fantastique. Mais il lui faut attendre 1999 pour tourner, essentiellement de nuit, FACE AUX DEMONS, grâce au soutien financier de la New Zealand Film Commission, un organisme public. Muni d'un budget de moins d'un million de dollars, il se tourne vers des comédiens locaux parmi lesquels, par la suite, seul Karl Urban accèdera à une carrière internationale (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, LES CHRONIQUES DE RIDDICK…).
Harry Ballard, un anthropologiste cynique, consacre son existence à démontrer que les diverses croyances et superstitions ne reposent sur rien de concret. Il reçoit un jour une cassette vidéo contenant une menace de mort explicite. Quelques instants plus tard, il est enlevé par des adeptes de la magie noire, menés par un sinistre individu nommé Le Vaillant. Harry parvient à leur échapper de justesse, mais, peu après, ces adorateurs du démon assassinent sa compagne…
De temps en temps, la Nouvelle-Zélande envoie au reste du monde quelques petits films fantastiques qui, tournés avec deux bouts de ficelle, connaissent une réputation internationale, au moins parmi les amateurs : DEATH WARMED UP de David Blyth, BAD TASTE de Peter Jackson bien sûr, ou THE UGLY de Scott Reynolds. Standring adopte donc la même tactique en tournant, pour un budget dérisoire, ce petit film d'épouvante largement placé sous l'influence de Jacques Tourneur et, plus précisément, de RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR.
Comme Dana Andrews dans ce classique, Karl Urban incarne un scientifique sceptique, confronté à des adorateurs des forces des ténèbres, lesquels vont user sur lui de sortilèges maléfiques. Entre les illusions provoquées par la drogue et les visions générées magiquement, Harry Ballard perd progressivement pied. FACE AUX DEMONS s'inspire alors de grands films sataniques schizophrènes, dans le style de ROSEMARY'S BABY de Polanski ou THE SECT de Michele Soavi.
Au vu de ses moyens extrêmement limités, FACE AUX DEMONS fait preuve d'un bel enthousiasme. La réalisation, énergique et mobile, porte le film avec entrain, et, parfois combinée à des effets spéciaux étonnamment réussis, offre quelques passages d'une rare intensité (la noyade, l'extraction du cœur). En ajoutant à cela une interprétation globalement très correcte (particulièrement Karl Urban), FACE AUX DEMONS s'avère un divertissement horrifique des plus efficaces.
Malheureusement, tout n'est pas parfait non plus. Le rythme des péripéties tend à s'affaisser et, malgré l'agitation de la mise en scène, le film peut parfois lasser. De même, le manque d'originalité du sujet n'est pas vraiment compenser par le recours à une imagerie contemporaine (gothique, punk…) relevant plutôt du cliché puéril qu'autre chose.
Ne soyons pas trop sévère tout de même ! Plutôt ambitieux, FACE AUX DEMONS reprend des formules classiques du cinéma de démonologie et concocte un divertissement horrifique des plus convenables. En tout cas, il est montré dans de nombreux festivals de cinéma fantastique et facilement rentabilisé grâce aux ventes sur les marchés internationaux. En France, il sort directement en vidéo et en DVD chez StudioCanal, éditeur qui le propose, maintenant, à petit prix, dans sa collection "Midnight Movies" (à ne surtout pas confondre avec les "Midnite Movies" de MGM en zone 1 !).
Ce disque propose FACE AUX DEMONS dans un cadrage panoramique 1.77, avec une option 16/9. Se déroulant presque totalement de nuit, ce film pose évidemment de petits soucis à l'encodage, mais le résultat d'ensemble est tout de même plus que correct.
Ce DVD propose le film en version originale (avec sous-titres imposés) et en version française, dans les deux cas dans des mixages Dolby Stéréo de bonne facture.
Nous trouvons, de plus, une belle galerie de suppléments, intégralement sous-titrés en français. Celle-ci réunit une bande-annonce, des petites filmographies de Karl Urban et de Glenn Standring, ainsi que deux scènes coupées, présentées par le réalisateur. Celui-ci livre aussi un intéressant commentaire audio, dans lequel il revient sur les difficultés rencontrées sur le tournage d'une petite production. Enfin, un "Making Of" de 24 minutes, convenable, mais un peu longuet, accompagne l'ensemble.
Cette édition zone 2 de FACE AUX DEMONS est donc tout à fait satisfaisante et ne connaît pas, à notre connaissance, de concurrence réelle. En effet, l'édition américaine, dénuée d'options francophones, souffre d'un cadrage plein écran inexact.