1. Interview B.P. Cooper et Bradley King

Francis Barbier : Quel est votre état d'esprit aujourd'hui?

Bradley King : Plutôt bien, je dirais. La partie de mon cerveau qui s'inquiétait de savoir comment TIME LAPSE allait être reçu est calmée, je peux m'atteler à de nouveaux projets. Mais nous sommes toujours autant engagés auprès du film.

B.P Cooper : Oui. Nous avons eu quelques festivals récemment et d'autres engagements dans les festivals d'automne sont également arrivés entre-temps

Comment vous êtes-vous rencontrés pour ce projet?

Bradkey King : Nous sommes amis depuis environ 10 ans. J'étais à une école de cinéma dans le Colorado et Coop travaillait en parallèle sur un projet pour mon école et nous nous croisés dans une salle de montage en 1998. Nous sommes restés en contact, il a produit plusieurs de mes courts-métrages. Et on a toujours parlé de faire un film ensemble.

Et combien de temps entre le moment où vous avez décidé de faire un film et TIME LAPSE?

Bradkey King : d'habitude c'est assez long mais avec celui-ci, ce fut très rapide.

B.P Cooper : Nous avons commencé à écrire le 1e avril 2013 et nous tournions au milieu d'octobre.

Bradley King : Le scénario a été très rapide à écrire. On a phosphoré pendant deux semaines et il a été écrit en une semaine supplémentaire. On a coupé en fonction de certaine notes mais... C'est plutôt inhabituel comme process, vraiment très court.

Quelles difficultés pour élaborer le budget en fonction des attentent créées par le scénario?

Bradkey King : Nous savions que nous voulions garder un esprit de budget assez bas. Une science-fiction assez " low-fi ". Pas de gros effets spéciaux, mais un projet de SF qu'on appelle " de chambre ".

B.P. Cooper : absolument; Nous savions que nous n'avions pas accès à beaucoup d'argent. Et on a tenu à suivre certaines règles de productions indépendantes. D'écrire un scénario autour des éléments auxquels nous avions vraiment accès. Nous avons eu la chance d'accéder à un complexe d'appartement en voie de démolition. Mais nous savions que si nous gardions un minimum de personnages couplé à un endroit précis, nous étions sur le chemin de pouvoir achever le film.

Danielle Panabaker est assez connue, c'est un nom vendeur. Le fait d'avoir un tel nom au générique a-t-il amputé le budget?

B.P Cooper : (rires) je vais essayer de trouver un réponse délicate à cette question. Oui, c'est normalement ce qui se passe. toutefois, et je pense que nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Nous savions que si nous dépensions autant d'argent pur un acteur, il n'y avait plus de film. Nous voulions quelqu'un de reconnaissable. Et nous avions Danielle à l'esprit lorsque nous sommes entrés en production. Et notre offre n'était pas à la hauteur d'une actrice qui a un tel pedigree. Mais elle a pris un gros risque en acceptant le film.

Bradkey King : Quand le script a été terminé, il a ouvert des portes que nous n'espérions pas, nous n'avions pas l'argent pour les ouvrir à la base. En parlant avec ceux qui le lisaient, le feedback a été bon et de fil en aiguille, nous avions plus que nous imaginions.

Justement, quel a été le processus créatif d'écriture entre vous deux?

Bradkey King : Horrible! Coop est un tel idiot! (rires). Et je suis un monomaniaque !(rires). Non, cela s'est super bien déroulé. J'avais déjà écrit plusieurs scénarii et il m'a relu ces deniers temps, mais nous n'avions jamais travaillé ensemble, à vrai dire. L'idée du film est venue de nous deux et comme tu l'as dit. en trois semaines ça a été hyper rapide.

B.P. Cooper : On a beaucoup brainstormé, en jetant n'importe quelle idée, même mauvaise.

Bradley King : en fait, on est tellement potes mais que nos égos ne sont pas rentrés en ligne de compte. Même si les idées étaient mauvaises, on n'avait pas peur d'user de la voix pour le dire. Ou pour se moquer (rires) d'une manière tout à fait amicale.

Il y a une une flopée de film sur le concept de voyage dans le temps, depuis C'EST ARRIVE DEMAIN, TIMECRIMES récemment ou TIMELINE, jusqu'à TIME LAPSE. Qu'espériez-vous justement apporter à ce concept?

Bradkey King : (hésitant) Hmm.. bonne question. On aimait bien l'idée que ce ne fut pas un vrai voyage dans le temps. Même si j'adore les films traitant du sujet.. Mais quand Coop est arrivé avec le concept de la caméra qui prenait de photos dans le futur, on était content car on avait jamais vraiment vu quelque chose comme cela.

B.P Cooper : J'étais hésitant car avec Bradley, on aime les mêmes films. Et il y a tellement de sujets qui ont été couverts. Mais avec ce concept, je savais que nous n'allions pas être jugés sur le type de films parlant de personnes voyageant dans le temps. De toute façon, c'eut été difficile de faire cela de manière indépendante, sans effets spéciaux et avec une imagination sans limite. PRIMER a fait un très bon boulot de ce côté-là : très low-fi. Je ne comprends toujours pas tout du film (rires) mais je oense que cela fait partie du charme (rires)... mais, je ne sais pas (s'adressant à Bradley King) si nous avions cela en tête lorsque nous écrivions? de faire quelque chose que nous ne pouvions vraiment tourner?

Bradkey King : (interrogatif). Oui,peut-être... mais c'est surtout d'un point de vue de la thématique. Parler de personnes qui font une fixette sur le futur tout en bousillant leur présent. Dans un sens, c'est un peu le contraire de RETOUR VERS LE FUTUR. Marty McFly essaye de réparer le futur. Et il réussit. J'aime ce côté du conte édifiant de TIME LAPSE de gens qui se focalisent tellement sur leur futur qu'il en oublient le présent. et je ne pense pas avoir vu un film sur le voyage dans le temps qui raconte cela de la manière que j'aime.

En parlant de complexité, comment avez-vous réussi à ne pas vous perdre dans la confusion du tournage, du respect des scènes répétitives de photos prises et dont les personnages doivent suivre le contenu pour ne pas bousculer leur futur?

Bradkey King : il y a une photo de notre bureau qu'on pourrait te montrer. Pour garder l'esprit clair, nous avions un gigantesque schéma, avec des flèches partant d'une photo à une autre, entre le moment où la photo est prise et celui où ils la trouvent, tout cela sur notre mur. Lorsque nous tournions d'un endroit à un autre, il y a des moments où on faisait des pauses et on courrait dans cette pièce pour s'assurer que tout était bien à sa place dans la scène.

B.P Cooper : On avait tout mémorisé un mois avant le tournage. Mais lorsqu'il a fallu le mettre en branle et que Bradley avait son cerveau remplit d'un million de questions par jour, de quelle couleur ce mur doit être, doit-elle porter un collier... et que j'avais mes propres question d'ordre de production... tu commences à oublier, tu vois? ces tous petits moments de détails du scénario. Et on était sur le tournage et on se demandait " euh... attends une minute, là... si A égale B... non...si A égale B égale C donne ça donne ça... " alors on se précipitait dans la pièce pour vérifier si tout était OK. Et surtout fermer la porte derrière nous, car on ne voulait que la magie du MAGICIEN D'OZ derrière le scénario transparaisse. .. surtout nous voir en train de nous demander " oh merde, est-ce c'est juste? " D'habitude, j'aurais dit " ça va pas! ça va pas! " et Bradley me rassurait sur ce point (rires).

Parce vous savez aussi que les spectateurs ne vous manqueront pas si un détail ne va pas.

Bradkey King : c'est juste. Coop avait peur de cela. Mais bien sûr, j'étais tout fait conscient de cela, mais c'était Coop qui s'inquiétait qu'on allait s'apercevoir que des détails ne collaient pas. Mais le pense vraiment qu'on a tout bon. Personne ne nous a posé de question que nous ne pouvions pas répondre.

Cela m'a fait penser à HAPPY ACCIDENTS. Où le scénario se focalise sur les personnages et une histoire originale. Quelles ont été les conditions de tournage?

Bradkey King : nous avons tourné en digital avec une Red Epic. Aujourd'hui, même le Super16 est comme mort. Nous n'aurions pas eu les moyens de tourner en pellicule de toute façon. C'est triste car j'adore ça.

vous aimeriez tourner en 35mm?

Bradkey King : Oui! J'ai tourné plusieurs publicités en 35mm. Je suis photographe de formation. Bien sûr, il y a beaucoup d'avantages à tourner en digital.

d'un point de vue budgétaire? autres?

B.P Cooper : Absolument. Mais aussi au moment du tournage. Je ne suis pas un acteur mais je me mets à leur place. Quand on tourne avec de la pellicule, on peut littéralement entendre la pellicule s'enrouler et entendre les dollars s'échapper vers le néant (rires). Quand on crie " action " et qu'on doive arranger un petit quelque chose. il faut tout arrêter et pour les acteurs il faut aller directement à la performance d'acteur puis retomber à zéro. Nouvelle prise : performance et retour à zéro, etc. Avec le digital, on peut continuer à tourner sans aucun souci. le réalisateur peut effectuer de modifications sans avoir à tout arrêter. C'est un attribut artistique de tourner en digital.

Bradkey King : On devrait aussi parler des toilettes, non? (rires)

B.P Cooper : Oui! (rires) En fait on a eu des conditions de tournage agréables, avec ce complexe d'appartements à notre disposition.

Bradkey King : L'endroit allait être démoli et nous avions trois mois pour en faire notre terrain de jeu. Un appartement était réservé aux costumes, un autre aux électriciens... ce qui fait que sur le tournage, nous sommes tous devenus pratiquement amis un mois avant le tournage. Ce complexe a été construit en 1923 et la plomberie était mauvaise. Les racines des arbres avaient poussé dans les canalisations! Nous avions entre 50 et 60 membres de l'équipe de tournage... et une seule salle de bain. il y avait 14 salles de bain, une pour chaque appartement, mais elles se sont toutes mises à céder l'une après l'autre. C'était très stressant pour l'équipe, d'autant que celle qui fonctionnait se trouvait de l'autre côté du lieu de tournage (rires).

Combien de temps pour le tournage?

Bradkey King : 28 je crois.

B.P Cooper : je pense qu'il s'agit de 27. Nous avions prévu 25 jours de tournage mais nous avons du rajouter un jour ou deux en 3e semaine.

En parlant des acteurs, comment avez-vous choisi le casting? Vous aviez déjà des personnes à l'esprit en écrivant?

Bradkey King : Nous avions vu Danielle Panabaker dans un film que nous avions beaucoup aimé. J'ai mentionné son nom deux semaines avant la production, et Coop avait aussi cette idée derrière la tête. Pour les autres acteurs, nous avons suivi un process normal de casting.

B.P Cooper : Lorsque tu es un agent avec beaucoup de pouvoir, tu dis aux producteurs et réalisateur qui font leur premier film : pas d'audition, vous regardez les acteurs et actrices et vous les rencontrerez. Et tu dois prendre ta décision comme ça.

Bradkey King : Pour un réalisateur, ça fait peur. Tous les acteurs ont effectué un excellent boulot, ils n'ont que du mérite pour être là où ils sont. Mais en qualité de réalisateur, j'aurais voulu avoir le luxe de tester leur talent. Ce n'est pas la question d'avoir " le meilleur " mais surtout " le meilleur pour ce rôle précis ". Et tu ne peux pas le savoir avant le moment où il commence à jouer et interagir avec d'autres acteurs.

B.P Cooper : Ca reste valable pour les trois acteurs principaux. Pour les rôles secondaires, nous avons pu faire des auditions.

Bradkey King : Même pour le rôle du Dr Heidecker?

B.P Cooper : Ah en effet, on l'a fait par enregistrement interposé.

Bradkey King : Ah oui! Sharon Maughan, elle est tellement gentille. Elle nous a directement envoyé un enregistrement.

Et comment cela s'es-il passé pour travailler avec les acteurs? Ecrire c'est une chose, diriger les acteurs, une autre.

Bradkey King : Je dirais plutôt bien. Nous avons pu répéter pendant deux semaines directement dans les appartement où on allait tourner, un vai luxe. Sinon pas d'histoire particulière, tout s'est très bien déroulé. John Rhys Davies : il n'est plus dans le film puisque nous avons coupé sa scène. Mais il est dans les photographies à travers le film. Il a été fantastique sur le tournage. Certains acteurs sont de vraies divas, interdisant de prendre des photos avec eux... mais lui pas du tout. il a pris des photos avec tout le monde, raconté des anecdotes sur LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE... ça a été un jour fantastique.

B.P Cooper : Je ne sais pas si c'était évident dans le film, mais il avait une scène de flash back que nous avons du couper. Cela était redondant et ralentissait le film au moment où il devait accélérer.

Bradkey King : Sa performance était très bonne mais...

Ce sera sur le Blu ray, donc.

Bradkey King & B.P Cooper : Oui (rires)

Et quel a été le challenge le plus difficile pendant le tournage?

Bradkey King : Plusieurs moments personnels. Comme la scène de la fête. Les scènes de fêtes sont généralement ratées dans les films indépendants. Tu reconnais les amis du réalisateur, tout ça...j'étais vraiment nerveux à ce sujet. des moments inhabituels d'anxiété. Mais en général, le plus compliqué a été les photos. Il a fallu tourner ces scènes avant le reste. Je ne voulais pas les incruster en imagerie par ordinateur. Je voulais avoir de vraies photos à l'écran. Il a fallu donc prendre les photos en premier, puis de suite tourner les scènes où les acteurs les montrent à l'écran. Ce qui a créé un certains nombre de challenge dans le planning, j'imagine.

B.P Cooper : ce fut intéressant de suivre le planning de tournage par rapport au planning des photos. Ces problèmes logistiques étaient parfois difficiles. Et il y avait aussi les histoires avec les tableaux.

Bradkey King : Oh oui, les tableaux! il y avait un artiste qui faisait les tableaux pendant que nous tournions le film. Et on avait besoin d'un tableau précis pour une scène précise. Et il y avait un jour où il a peint le mauvais tableau pour une scène que nous nous apprêtions à tourner! Nous avons du repousser le tournage de la scène jusqu'à ce qu'il puisse finir le tableau.

D'après ce que je comprends, vous avez eu une totale liberté de création pour TIME LAPSE? Est-ce que vous avez eu à couper quelque chose, comme de la violence?

Bradkey King : (souriant) oui, justement. Couper John Rhys Davies a été une grande blessure.en termes de violence, toutefois, nous avons eu un moment... Coop, tu veux en parler?

B.P Cooper : (souriant) oui. Nous avions ces sortes d'étranges petites idées qu'on a une fois tous les cinq ans (rires). Je vois un objet et je me dis " tiens, ça serait une bonne idée que d'être torturé avec " et dans ce film, l'ustensile que Callie, le personnage joué par Danielle Panabaker, utilise, on le voit dans le film en train de préparer à manger avec. Nous avons du couper une scène prévue dans le script. Il y a aussi une conversation qui a été excisée, elle durait trop longtemps. Et là, Jasper arrive avec la batte de base ball et démolit la tête d'Ivan. Ensuite, il lui prend la tête avec l'ustensile et commence à lui râper la tête avec. (rires). il y a un plan très cool que Bradley et le directeur photo ont fait où la caméra tourne autour de la table basse. On ne voit pas la tête entrain d'être rapée, mais on voit le sang se répandre sur la table, avec des lambeaux de chair qui s'écrasent sur le sol. Et on a eu de très très bonnes réactions dans nos projection-test! sur le moment, les spectateurs hurlaient " oooooh noooon "!. Et c'était vraiment cool! Mais...

Bradkey King : ... c'est devenu clair. Jasper utilise la batte de base ball en position de défense, pour défendre le groupe. Et lorsqu'il arrive au niveau supérieur et commence à râper la tête, il devient juste taré. Un psychopathe. Mais ça arrivait trop tôt. Ca fait grimper sa folie à un point de non-retour. Jusqu'à ruiner les raisons pour lesquelles les autres restent avec lui. Et cela escaladait vers une violence avec laquelle nous ne pouvions plus rivaliser par la suite. Toute la violence qui arrive après aurait été contre-productive. On l'a projeté plusieurs fois...et malheureusement, on a coupé. mais tout fonctionnait beaucoup mieux.

B.P Cooper : Absolument. une bonne leçon d'apprise.

Et que se passe-t-il pour le film aux USA, Avez-vous des plans de distribution?

B.P Cooper : Oui, il y a un deal en cours pour une distribution cinéma limitée sur quelques écrans, puis de la VOD et enfin entre 3 et 4 mois après, il aura un Blu Ray et un DVD.

Avec une distribution cinéma, le film sortira tel quel? ou avec des coupes?

Bradkey King : (hésitant) hmmm, je pense qu'il sortira tel quel. On aura visiblement un classement "R" ("Restricted", donc interdit aux moins de 17 ans).

B.P Cooper : Oui, il devra sortir tel quel.

Bradkey King : Couper quelque chose rendrait le film incompréhensible...

B.P Cooper : ... et je pense qu'on ne pourrait pas se permettre de couper quoique ce soit aujourd'hui (rires)

Bradkey King : Comparé avec les films qu'on voit aujourd'hui, il est relativement sobre en terme de violence et de langage.

C'est une question de perception. Parlant de perception, pourquoi selon vous les thrillers, les films de SF ou d'horreur se finissent par aller de travers pour celles et ceux qui ne respectent pas les règles en place? La fin de TIME LAPSE est ironique mais...

Bradkey King : C'est marrant car touts mes autre scripts ont une fin heureuse (sourire). Mais oui, c'est une tradition américaine d'avoir une sorte de conte moral. Avec par exemple une technologie qui utilise une partie négative de notre personnalité qui nous fait plonger dans le trou. C'est, j'imagine, une voie naturelle de suivre le mouvement. Ce qui est étrange car j'adore la technologie! Lorsqu'on me parle de robots qui vont prendre nos jobs, je me dis " génial " ! J'ai vraiment envie de savoir ce qu'il va se passer après! J'adore vraiment la technologie!. Oui, c'est vraiment une bonne question mais...

B.P Cooper : Mais ne crois-tu pas que le cinéma américain, ou tout du moins la culture dans laquelle nous avons grandi, c'est généralement des fins heureuses?

Bradkey King : Peut-être. Mais avec d'autres scénarii que nous avons écrit, on s'est dit qu'il s'agissait de l'unique chance de faire un film avec une fin pas si heureuse que cela. Alors que par la suite, si on fait de plus gros budgets, l'argent nous dictera d'avoir une fin obligatoirement heureuse; Et (hésitant)...c'est aussi surtout que l'histoire devait aller en ce sens là. Alors oui, on a le contrôle de qu'on écrit et de ce qu'on filme, mais d'après mon expérience, lorsqu'on élabore une histoire d'un manière particulière, cela tombe, un peu comme un jeu de dominos. et tu suis le mouvement e qualité de scénariste.

B.P Cooper : Mais j'aime aussi les fins heureuses!

Mais moi aussi! Mais j'adore juste quand le méchant réussit à s'en sortir à la fin.

Bradkey King : une sorte d'anti-héros qui est le héros du film, mais qui s'en sort.

absolument.

Bradkey King : Impossible ici dans le cinéma mainstream américain. Le méchant doit être puni. Mais ceci dit, j'ai vu certains films de Terry Gilliam, comme BRAZIL, et il n'a pas peut de laisser les méchants s'en sortir. Ou L'ARMEE DES 12 SINGES. Mais ce ne sont pas des films américains.

en parlant de Terry Gilliam, qu'est-ce qui selon voir défini un auteur?

Bradkey King : j'ai été dans une école de cinéma, j'ai été obsédé par la nouvelle vague, Truffaut et Hitchcock aussi. Et au début, j'ai fixé sur cette idée d'auteur où je ne tournerai que les films que j'aurai écrit. Mais en vieillissant, j'ai remarqué que les auteurs que j'aime bien (qui écrivent et réalisent), comme Wes Anderson, tendent à avoir un univers unique. Mais aussi, ils semblent ne pas tourner beaucoup. Parce que cela prend du temps d'écrire! Mais d'autres réalisateurs qui participent au process d'écriture, mais n'éprouvent pas le besoin de dire " j'ai tout fait ". Et puis sur un tournage, on travaillait avec 65 personnes. Leur voix est dans le film. Comme le gars qui a créé la machine à photographier. je ne peux pas prendre le crédit de cela! Je pourrais dire que je l'ai aidé. C'est comme si je pointais à un peintre l'endroit où peindre et dire que c'est moi qui ai tout fait. Ce ne serait pas vrai. Je veux réaliser beaucoup de films dans ma vie. Co-écrire m'a permis de me reposer un peu.

B.P Cooper : Il y a aussi le fait que tu adore réaliser. plus que d'écrire.

Bradkey King : Oui, j'adore réaliser! Réaliser est tellement fun. J'aime aussi écrire, mais c'est si douloureux. C'est très difficile. Et si j'ai quelqu'un à côté de moi pour porter le fardeau c'est beaucoup mieux.

B.P Cooper : il y a surtout beaucoup plus de mauvais jours d'écriture que de bons. Ca peut être défaitiste. On pouvait être un vendredi soir et dire " super, on a résolu le problème! " et lundi Bradley revenait en disant " nah, ça ne marche pas ".

Si vous aviez le pouvoir de remonter le temps, y'aurait-il des choses que vous auriez aimé changer dans TIME LAPSE? Des regrets, peut-être?

Bradkey King : (rires) J'en ai déjà parlé, mais la scène avec John Rhys Davies. j'aurais voulu revenir en arrière et trouver un moyen de solutionner cela et la réintégrer dans le film. Mais pour être honnête, je n'ai toujours pas trouvé le moyen de le faire. Donc je ne peux pas vraiment appeler ça un regret. Il y aurait bien des scènes que nous n'aurions pas du tourner, car on les a coupées, ce qui nous aurait permis d'économiser de l'argent pour effectuer d'autres plans... mais (hésitant) je ne vois pas de moment spécifiques que je me sois dit " merde, on n'aurait pas du faire comme ça! ". Coop?

B.P Cooper : J'ai de tous petits moments ça et là... mais en effet, les 15 à 20mn de coupées au début du film, Il existe une première version où il y avait beaucoup plus de développement dans les interactions avec les personnages. Plus de dialogues entre Callie et Finn sur leur relation, et entre Finn et Jasper sur leur amitié. Et Callie ne trouvait pas machine avant la 30e minute. Dans la version définitive, elle la trouve à 9 mn 30. Nous avons du couper tout cela, mais c'est OK en fin de compte. Les personnages ne sont pas aussi tridimensionnels que dans le script, mais il s'agit d'un meilleur film en terme de rythme. Les spectateurs voudront voir un film de genre et pas un film dramatique.

Bradkey King : Ca n'était pas nécessaire au film, en fait. Cela ajoutait des informations plus qu'autre chose.

B.P Cooper : mais, oui, je veux qu'on me rende ce temps-là! Si je pouvais remonter le temps dans cette machine et reprendre ces 15 pages de script. ça fait quand même 4 jours de tournage. Et prendre ce temps pour améliorer le reste.

Et maintenant, pour le futur?

Bradkey King : Hmmm, je vais aller prendre mon petit déjeuner (rires). Je n'aime pas parler de mon prochain projet car je suis superstitieux et ça va tout me ruiner dans ma tête (rires). Mais nous avons en effet une autre projet de science-fiction sur le feu, et nous tentons de lever l'argent pour, également une comédie horrifique que je co-écris avec un ami... mais nous avons surtout éveiller l'intérêt pour tourner TIME LAPSE en série TV. Car en ce moment à Los Angeles, c'est dans la télévision que l'argent est surtout investi. Il y a désormais des contenus originaux qui sont produits par et pour Netflix... Les discussions sont en cours. Mais j'ai renvoie de faire un nouveau film, même si je reconnais le potentiel de TIME LAPSE pour une série télé.

Pour terminer, cinq questions rapides à répondre du tac au tac. En parlant de méchant qui s'en sort (ou pas) : quel est votre méchant préféré?

B.P Cooper : je dirais Keyser Soze

Bradkey King : hmmm, Gene Hackman dans IMPITOYABLE me vient à l'esprit.

Quel est votre chef d'oeuvre?

Bradkey King : BONS BAISERS DE BRUGES est mon meilleur film de tous les temps. J'ai trainé tous mes amis pour le voir.

B.P Cooper : Mon chef d'oeuvre secret est RETOUR VERS LE FUTUR. c'est un film américain grand public et un succès international, et pas considéré comme artistique, mais je le trouve formidable.

Existe-t-il un film que vous souhaitiez ne jamais voir exister?

Bradkey King : Wow... ça c'est cool!

B.P Cooper : C'est dur, ça!

Bradkey King : (hésitant et souriant) je ne sais pas si je me sens à l'aise pour répondre à ça. Tu veux répondre à ça? J'en ai bien un en tête.

B.P. Cooper : (souriant) je sais à quoi tu penses!

Bradkey King : (rires) il y a un film que nous venons de voir dans un festival de films qui était tellement épouvantable à regarder mais je me refuse à espérer qu'il n'existe pas, car les auteurs sont vivants. S'ils étaient morts, je pourrais le dire... disons qu'il y a plusieurs suites de films de science-fiction ces quinze dernières années que je trouve tellement tragiques et qui n'auraient jamais du être faits. Et qui font de l'ombre aux premiers films de la franchise. Je n'en dirai pas plus mais ce sont ces films que j'aimerais effacer. Ou des films qui ont été altéré de leur version initiale de quand je les ai vu étant enfant. Tu vois lesquels dont je parle. Il ne faut pas faire ça! Il y aurait bien SOUS LE SIGNE DU CAPRICORNE d'Alfred Hitchcock que je trouve idiot et ne collant pas à sa filmographie.

La fin parfaite pour un film est...

Bradkey King : ... l'univers explose ? Non, dans un film existant. Pour moi, la fin de USUAL SUSPECTS.

B.P Cooper : Je dirais LA MORT AUX TROUSSES; Hitchocck passe de la résolution du conflit après la scène du Mont Rushmore au générique de fin en pratiquement 45 secondes. C'est la fin la plus économique et la plus belle du monde.

Et pour finir : votre vie est un film, comment se termine-t-il?

Bradkey King : j'espère que je crierai " coupez "! avec un mégaphone et que je m'écroulerai dans mon fauteuil roulant. (rires)

B.P Cooper : Et qui va prendre soin du reste?

Bradkey King : C'est OK, tu t'en chargeras (rires). Tu sais, ma carrière a commencé assez tard, mais il y a tellement de films que je veux faire à ce moment de ma vie. J'ai vécu tellement de vie jusqu'à aujourd'hui que je ne veux faire que des films aujourd'hui.

Excellent. Merci à vous deux pour cet entretien, ça a été un vrai plaisir.

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Dossier réalisé par
Francis Barbier
Remerciements
Bradley King, B.P Cooper & Matteo Rolleri