4. Partie 3
Ce festival est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux procédés techniques qui vont révolutionner (ou non) le futur de la projection ou de la diffusion des œuvres. Ainsi le créateur du système "Smilebox" , utilisé sur le Blu Ray de LA CONQUETE DE L'OUEST (donnant la vision telle que la spectateur pouvait l'avoir lors d'une projection en 3 panneaux Cinerama) présenta un nouveau système de diffusion en 3D sans lunettes. Ou encore furent présentés les premiers travaux sur un nouveau procédé de tournage nommé Vistamorph… ou d'assister à des conférences de spécialistes ultimes et/ou de passionnés de technique et d'histoire des processus filmiques. Un seul bémol : l'anglais est de rigueur. Un hommage plutôt émouvant fut d'ailleurs rendu à un inconnu du grand public : John "M. Cinerama" Harvey. Toute une vie dédiée au cinéma depuis 1946. Projectionniste, il fut celui qui projeta LA CONQUETE DE L'OUEST en Cinerama en 1963 et qui depuis, passe sont temps à parcourir le monde pour retrouver multitude de films, objectifs et projecteurs jusqu'à organiser chez lui une salle dédiée au Cinerama. Le fait encore que de nos jours des films en Cinerama soient toujours projetés est du en grande partie à la passion de cet illustre inconnu.
Mais le clou demeure la séance nommée "Cineramacana". Véritable raretés en "écran large" du monde entier, Cineramacana est aussi le résultat de recherches et d'apports en tous genres de la part des organisateurs mais également des spectateurs… dont nombre sont des collectionneurs fous (dont un possédant pas moins de 17 projecteurs cinéma !). Ainsi parmi les diverses projections, des films sensations en 70mm (et 6 pistes magnétiques) pour un cinéma nommé "Cinema 180" : des courts métrages spécifiquement réalisés afin de mettre en avant des images spectaculaires : caméra vissée à l'avant d'un camion dévalant une route de montagne pendant 12 minutes dans COLOSSUS ou encore, à la manière de THIS IS CINERAMA, la caméra placée à l'avant d'un Grand Huit dans IMPACT pendant près de 13mn30. Sensations fortes garanties ! D'autres morceaux de films sont ainsi présentés à un auditoire assez avide de curiosités d'un autre age, comme cette production en Sovscope 70 SEKRET USPEKH/BOLSHOI BALLET' 67. Qui présente une chorégraphique hispanisante du Boléro de Ravel… ou encore un morceau de film en noir et blanc qui n'est autre que la scène de la boule géante roulant sur Harrison Ford dans LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE. La même scène est présentée près de quatre fois : tout d'abord en version muette, puis avec les bruitages, avec la musiques et les bruitages et enfin avec les lignes de dialogues complétées. Ou comment comprendre l'apport nécessaire du son dans un film et savoir construire l'ambiance qu'il faut. Enfin le moment qui colle au siège : la diffusion de la première bobine de SUSPIRIA de Dario Argento : une copie anglaise en 35mm et quatre pistes stéréo magnétiques extrêmement rare. Projeté une fois à la cinémathèque de Londres en 1984 selon l'historien Sheldon Hall (auteur du passionnant livre sur le film ZULU , "Zulu With Some Guts Behind It: The Making of the Epic Movie" et celui sur "Epics, Spectacles and Blockbusters"), la copie est miraculeusement intacte. Des couleurs qui éclatent à l'écran et les quatre pistes stéréo qui réussissent encore à faire frissonner même les plus réfractaires (et qui n'a absolument rien à voir avec la copie remastérisée récemment pour la sortie du DVD français, par ailleurs…). Il y a ainsi de fortes chances de revoir enfin ce chef d'œuvre sur grand écran comme il fut découvert en 1976 l'année prochaine lors du prochain festival…. Festival qui aura lieu du 24 au 27 mars 2011.
Véritable mine d'or pour amateur de cinéma sur grand écran, ce festival est un moment quasi unique en ce début de XXIème siècle. Une célébration de formats de cinéma aujourd'hui délaissés, mais sans pour autant céder à la sirène de la vieille nostalgie. Certains films sont plus que jamais des classiques (2001, ALIEN…) d'autres émergent de l'oubli grâce à des fans ardus et opiniâtres (comme WINDJAMMER)… ce qui pour le cinéphile amateur a de quoi largement satisfaire son appétit de (re)découvrir ces œuvres selon le format pour lequel ils ont été conçus : le Grand Ecran. Bradford fait d'ailleurs des émules : des festivals 70mm sont en train de renaître ça et là en Europe. A Brno (République tchèque) où seront présentées des copies 70mm (et six pistes magnétiques) de SUPERMAN : THE MOVIE, CAPRICORN ONE, OPERATION CROSSBOW, L'EXORCISTE, BATMAN, ALIENS… ou encore à Karlsruhe (Allemagne) avec les rarissimes THE GOLDEN HEAD de Richard Thorpe ou encore SCENT OF MYSTERY de Jack Cardiff (le seul et unique film en Smell-O-Vision)… l'écran large a encore de beaux jours devant lui.