3. Kristanna Loken (Interview)

Francis Barbier : Vous étés devenue mondialement célèbre avec TERMINATOR 3. En quoi cela a-t-il affecté vos choix de carrière. ?

Kristanna Loken : Ce fut une opportunité extraordinaire pour moi. Il y a tellement de portes qui se sont ouvertes après cela. J'ai commencé à être plus attentive à ce qui s'offrait à moi. Cela m'a également permis d'avoir des choix. Lorsque vous débutez en tant qu'actrice, vous prenez ce qu'il y a comme rôles. À partir de ce moment, j'ai enfin pu choisir.

Après TERMINATOR 3 ainsi que tous les autres rôles depuis, vous êtes devenue une sorte d'icône du film d'action. Vous avez souvent le rôle principal sur des films d'action. Pensez-vous que, à l'instar de Jodie Foster par exemple, il s'agit d'une nouvelle voie de féminisme, de pouvoir revendiquer un tel statut ?

Absolument.Sigourney Weaver a été la pionnière d'un tel mouvement avec ALIEN. Il y a eu beaucoup de femmes qui ont jeté les bases d'un tel comportement aujourd'hui. Les femmes ont des positions diversifiées, dans le monde du travail, un meilleur salaire, dans l'armée… Aujourd'hui, au cinéma, chacun peut maintenant s'identifier aux femmes qui ont du caractère. Les femmes veulent leur ressembler, les hommes sont attirés par elles… C'est une bonne chose, enfin. Mon aptitude physique, mon allure sportive m'ont aussi permis d'obtenir et de jouer de tels rôles.

J'ai maintenant une question que je dois vous poser à propos de deux films précis que vous avez tourné avec Uwe Boll. J'ai vu BLOODRAYNE et IN THE NAME OF THE KING : A DUNGEON SIEGE TALE, que je n'ai pas du tout aimé, je dois l'avouer. J'aime bien, toutefois, la manière dont vous êtes mises en valeur dans ces films, bien plus que les autres acteurs.

Merci, j'apprécie votre commentaire.

C'est sincère, vraiment. Votre présence apporte beaucoup aux deux films, mais… Pourquoi avoir choisi à deux reprises de travailler avec un réalisateur comme Uwe Boll ?

… c'est une bonne introduction à ce sujet (rires). Uwe est une personne qui obtient ce qu'il veut. Il y a tellement de réalisateurs et de scénaristes qui ont des scripts qui ne se feront jamais... Uwe n'est pas comme cela. Il a mauvaise presse mais tout le monde en parle quand même… Cela veut forcément dire quelque chose, n'est-ce pas ? Il est unique en son genre. Mais… On ne peut pas s'empêcher de l'apprécier. Je ne sais pas si vous l'avez rencontré ?

Non, jamais.

Il est très charismatique, drôle, très relax sur un tournage, il adore les chiens... fait très attention à chacun. C'est une personne très attachante.

Pourquoi pensez-vous qu'il a mauvaise presse ?

Je pense qu'au bout du compte, Uwe est intelligent, c'est un très bon producteur. Il possède aujourd'hui les fonds privés de production les plus importants au monde. Il sait choisir son casting, les endroits pour tourner. Mais d'un point de vue de l'écriture et du montage, il lui manque quelque chose. Cela dit, ses films rapportent quand même de l'argent à la fin.

Je crois d'ailleurs qu'IN THE NAME OF THE KING : A DUNGEON SIEGE TALE a bien démarré en Allemagne ?

Oui, le film s'est placé second au box-office lors de sa sortie. Je pense que ses films sont meilleurs au fur et à mesure qu'il en fait d'autres. Et donc j'imagine que plus il tourne et plus il devient meilleur réalisateur, aussi.

En effet, je le pense aussi. Car j'ai vu SEED et je l'ai bien aimé.

Vraiment ? je ne l'ai pas encore vu. C'est son plus petit budget.

C'est aussi peut être parce que je n'en attendais rien. Mais le film se focalise sur peu d'acteurs et une atmosphère délétère, parfois oppressante et des effets spéciaux réussis. Je ne sais pas si il réussira à le sortir.

J'en suis persuadée, il y arrive toujours. C'est en ce sens que je l'apprécie. Il est très "non Hollywood", il fait les choses à sa manière. Qu'on l'apprécie ou non, c'est quelque chose que je respecte.

Revenons à vous. Votre carrière prend une tournure différente, maintenant. Vous êtes dans la quatrième saison de THE L WORD, vous avez votre propre série PAINKILLER JANE sur Sci Fi Channel. Toujours des personnages très forts, mais à la télévision cette fois-ci. Vous faites une pause cinéma ?

THE L WORD fut un excellent changement pour moi. Plus d'armes ou de scènes de bagarres. C'est un show très précurseur en Amérique du Nord. De décrire des relations entre personnes de même sexe sans poser de jugement, juste suivre leurs relations. J'y incarne une jeune mère bisexuelle, moderne... Une femme essayant de trouver sa voie. Mais la télévision est devenue bien meilleure, récemment. Je ne pouvais pas l'ignorer, tellement de scénarios sont venus à moi en ce sens. Je me suis dit, pourquoi pas ? Est arrivé alors PAINKILLER JANE, que j'ai co-produit aussi. Ce fut extraordinaire, aussi. J'avais la possibilité d'injecter ma propre créativité dedans. J'ai également produit mon premier film indépendant l'année dernière qui s'appelle BLIND SORT OF LOVE. Pas du tout un film de genre, plutôt une histoire émotionnelle. Un peu comme MEMENTO qui rencontre 21 GRAMMES, où l'on connaît la fin de l'histoire avec plusieurs destins entrecroisés...Je suis en plein processus de recherche de distribution. Et je travaille aussi avec mon père, qui est scénariste et je viens de créer ma propre société de production. Pour produire un film à propos de l'immigration, avec comme point central une avocate.

C'est un pari risqué, non ?

Oui, d'autant plus que notre gouvernement actuel n'a pas de politique compréhensive sur le sujet brûlant de l'immigration. Je pense qu'en travaillant dans des medias comme la télévision et le cinéma vous avez la grande chance d'avoir la possibilité d'informer et d'éduquer le public. Ce que je veux dire c'est que, oui, pendant deux heures, chacun aime être diverti, s'échapper de la morosité quotidienne... Mais il faut balancer cela avec de l'éducation, sentir qu'on puisse être utile.

Il s'agit d'un nouveau départ me semble-t-il. Vous souhaitez faire un break quant à l'action ?

J'aimerais bien. Mais on ne sait jamais ce qu'il peut arriver dans ce business. L'art possède des raisons que la raison ignore. J'aimerais effectuer plus de films dans le domaine humanitaire, si possible.

Quelle est votre méthode de préparation ?

Chaque rôle a une préparation bien précise qu'il s'agisse de BLOODRAYNE ou de THE L WORD. Tout dépend si cela requiert de l'action ou non. Je pense aussi que la nourriture joue un rôle essentiel. Vous devez maintenir un certain niveau de qualité émotionnelle et physique. Même pour de plus petits rôles. Comme celui d'IN THE NAME OF THE KING : A DUNGEON SIEGE TALE. J'ai dû énormément me préparer avec Le Cirque du Soleil pendant plusieurs mois. Je possède un certain physique, une agilité sportive, mais je n'étais pas acrobate. PAINKILLER JANE, c'est un rollercoaster d'émotions. Pendant neuf mois de travail et quinze heures de tournage par jour, ce fut très dur de tracer une limite entre le personnage et soi-même.

Mais cela va vous éloigner des plateaux cinéma. Si la première saison fonctionne, une seconde va s'enchaîner.

C'est vrai. Tourner 22 épisodes en neuf mois fut une expérience éprouvante. Mais ce fut un vrai challenge. J'arrive à un point de ma vie où je dois faire ce que j'ai à faire.

Pour finir : comment est-ce qu'une personnalité mondialement connue arrive dans un festival comme Gérardmer, un peu perdu au milieu de nulle part ?

J'adore ! J'ai accepté tout de suite l'invitation. C'est une expérience complètement nouvelle pour moi, être dans un jury. J'aime beaucoup regarder les films en compétition, en discuter avec les autres membres. Vraiment très fun !

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Dossier réalisé par
Francis Barbier