Header Critique : SCREAM AND SCREAM AGAIN (LACHEZ LES MONSTRES)

Critique du film et du DVD Zone 1
SCREAM AND SCREAM AGAIN 1969

LACHEZ LES MONSTRES 

Aussitôt après le film gothique LE CERCUEIL VIVANT, la compagnie American International Pictures réunit le réalisateur Gordon Hessler, le scénariste Christopher Wicking et les acteurs Vincent Price et Christopher Lee, pour un nouveau long métrage tourné en Grande-Bretagne. Cette fois-ci, il n'est pas question de renouer avec l'univers d'Edgar Poe, puisque l'intrigue, inspirée du roman "Lâchez les monstres" de Peter Saxon, s'inscrit dans un cadre contemporain. En plus des deux stars de l'horreur déjà mentionnées, LACHEZ LES MONSTRES s'offre la présence d'une troisième vedette, à savoir Peter Cushing lui-même. D'autres visages typiques du fantastique de l'époque sont reconnaissables, parmi lesquels Michael Gothard, alors méconnu, mais appelé à percer, dès l'année suivante, grâce au rôle d'un exorciste fanatique dans LES DIABLES de Ken Russell. Enfin, on remarque que le film est produit par Milton Subotsky et Max Rosenberg, alors dirigeants de la firme anglaise Amicus, spécialisée, elle aussi, dans le cinéma fantastique.

En Grande-Bretagne, un homme s'effondre alors qu'il fait son jogging. Il se réveille dans un étrange chambre d'hôpital, et découvre qu'on lui a coupé une jambe. Une jeune fille, assistante d'un savant, est retrouvée morte, vidée de son sang : la police soupçonne qu'un serial killer sévisse dans la région. Dans un petit pays d'Europe centrale, placée sous la coupe d'un régime militaire, deux jeunes gens ayant tenté de passer clandestinement la frontière sont arrêtés, puis torturés sans ménagement par un officier. Le pilote d'un avion anglais, qui survolait le territoire de cette dictature, est capturé et enfermé dans ses geôles…

Film Puzzle, LACHEZ LES MONSTRES suit, en parallèle, des évènements semblant n'avoir aucun rapport entre eux. Le lien entre ces péripéties disparates est pourtant l'enjeu de son suspens. Mettant en scène un tueur en série ferrant ses proies dans une boîte de nuit psychédélique, puis un scientifique travaillant paisiblement à la campagne, et enfin un coup d'état se préparant dans une obscure dictature fascisante, le script parvient à tenir le spectateur en haleine, en menant de front plusieurs intrigues aux rebondissements imprévisibles et délirants. Ces derniers trouveront, en fin de compte, une explication aussi astucieuse que glaçante, impliquant une redoutable conspiration. Mais le pessimisme du propos est contrebalancé par une atmosphère "Pop" assez légère, particulièrement bien mise en valeur par la bande originale, supervisée par le grand producteur de rock Shel Talmy.

Cette ambiance originale, oscillant entre la légèreté du Swinging London et une paranoïa ultra noire, rappelle, en fait, certaines des meilleures productions britanniques des années 1960, comme les séries télévisées CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, LE PRISONNIER ou le James Bond GOLDFINGER. A aucun moment, LACHEZ LES MONSTRES ne semble limité par son budget de petite production, et il parvient même à restituer une impression d'ampleur tout à fait intéressante, grâce à son excellent scénario qui, passant sans cesse d'une histoire à l'autre et mettant en jeu de nombreux personnages et lieux, offre un suspens d'une richesse convaincante. Le tout est rehaussé par d'éblouissants tours force, comme la très longue poursuite entre les policiers et le tueur Keith, lequel, capturé à deux reprises, parvient systématiquement à leur échapper de façon inattendue. De même, le dénouement permet à Vincent Price de nous servir une performance (relativement) retenue, à la fois bizarre et amusante.

On a souvent reproché à LACHEZ LES MONSTRES de ne pas bien mettre en valeur ses trois vedettes. Il est vrai que Price et Lee n'apparaissent pas fréquemment à l'écran, moins, par exemple, que des acteurs peu connus comme Alfred Marks ou Marshall Jones. Ils sont néanmoins bien mis en valeur, dans des scènes intéressantes, leurs personnages tenant des rôles clés dans l'intrigue. On n'en dira pas autant de Peter Cushing, sacrifié dans le rôle d'un dictateur, n'ayant que le temps de lâcher quelques répliques avant d'être assassiné.

Si on devait reprocher un petit quelques chose à LACHEZ LES MONSTRES, outre ses titres anglais et français grotesques, ce serait que son explication finale, étonnante, laisse tout de même paraître quelques incohérences, particulièrement en ce qui concerne les rapports entre Konrad et Fremont.

Néanmoins, LACHEZ LES MONSTRES est un très bon film. Habile et original mélange de science-fiction et d'espionnage, il est réalisé avec soin, et bénéficie d'un scénario extrêmement soigné et surprenant. Il est bien connu que parmi ses fans, cette œuvre relativement méconnue (en tout cas en France) comptait un certain Fritz Lang, dont on ne s'étonne pas que cette machination empoisonnant la société de sa base à son sommet, comme, en leur temps, celles de DOCTEUR MABUSE ou de LES ESPIONS, ait touché une corde sensible. Le distributeur allemand ne s'y trompa pas, qui baptisa ce film DIE LEBENDEN LEICHEN DES DR. MABUSE ! En France, il est distribué en salles dès 1970, tandis que, en vidéo, il est publié sous le titre DOCTOR DIABOLIC.

LACHEZ LES MONSTRES est disponible en DVD uniquement dans la collection "Midnite Movies" de l'éditeur MGM (zone 1, NTSC). L'image, proposée dans son cadrage 1.85 d'origine, bénéficie d'un beau télécinéma en 16/9. On remarque toutefois qu'un certain nombre de saletés polluent l'écran, tandis que les contrastes et les couleurs peuvent manquer de franchise. L'ensemble reste néanmoins tout à fait regardable.

La bande-son est uniquement disponible en anglais (mono d'origine, codé sur deux canaux) et, malgré un souffle un peu trop présent, parvient à passer avec une puissance agréable, sans jamais donner l'impression d'être criarde. Des sous-titrages anglais, espagnol et français sont présents.

Le seul supplément lié au film lui-même est une bande-annonce anglo-saxonne. Heureusement, sur le même DVD, MGM propose un autre film, LE CERCUEIL VIVANT, tout à fait complémentaire de LACHEZ LES MONSTRES, puisque réunissant, comme on l'a vu, une partie de son équipe.

Seul DVD disponible pour ce long-métrage, ce disque MGM s'avère donc une édition tout à fait acceptable, dont l'intérêt est encore rehaussée par l'ajout d'un complément de programme intelligemment choisi.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
SCREAM AND SCREAM AGAIN DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double face - simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
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