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Critique du film et du DVD Zone 2
MAY 2002

 

Bien qu'il ait déjà réalisé un long métrage en vidéo numérique auparavant (ALL CHEERLEADERS MUST DIE, co-dirigé par Chris Sivertson), Lucky McKee signe avec MAY son premier vrai film, tourné en pellicule 35 mm dans des conditions professionnelles. Basé sur un scénario écrit par ce metteur en scène alors qu'il était encore étudiant, son financement a été assuré par un producteur qui, séduit par ce script plusieurs années auparavant, compte en faire la première œuvre à sortir sous la bannière de sa toute nouvelle compagnie. Toutefois, MAY reste une production indépendante, bouclée en trois semaines, avec des moyens tout de même limités. Le rôle-titre est attribué à Angela Bettis, déjà vue dans L'ELUE, et qu'on retrouvera ensuite dans le téléfilm CARRIE ou le récent TOOLBOX MURDERS de Tobe Hooper. A ses côtés, on reconnaît des jeunes comédiens comme Anna Faris, révélée par la série des SCARY MOVIE ou Jeremy Sistos (DETOUR MORTEL).

Affligé par un fort strabisme convergent, May, fille unique, n'a jamais vraiment réussi à s'insérer parmi les gens de son âge. En fait, depuis son enfance, sa seule amie est une poupée fabriquée par sa mère. Travaillant comme assistante dans une clinique vétérinaire, elle prend la décision de commencer à lier de vraies relations avec les autres. Après avoir acquis une paire de lentilles dissimulant sa disgrâce physique, elle fait la connaissance d'Adam, un garçon qui travaille dans un garage, mais qui est en fait un cinéaste amateur passionné par les films d'horreur. De même, elle se lie d'amitié avec Polly, une collègue de la clinique qui se montre très attentionnée à son égard. May va pourtant aller de déception en déception…

Enfant légèrement difforme, couvée par une mère qui ne l'encourage pas à se faire des amis, May arrive, solitaire, à la fin de son adolescence. La seule amie, la seule confidente qu'elle a eue jusqu'alors, est une poupée, enfermée dans une boîte de verre, avec laquelle May entretient des conversations inventées. Perdue dans son imagination, marginalisée par un handicap physique et manifestant un léger penchant pour le macabre, la jeune fille prend la décision de sortir de son statut de vilain petit canard et de se faire des vrais "amis". Malheureusement, le retard social qu'elle a accumulé lui rend la tâche difficile. Proie facile pour ceux qui veulent profiter d'elle, elle va aussi rencontrer des difficultés à s'adapter à une relation normale.

De cruelles déceptions l'attendent donc au tournant. Le bel Adam, après s'être intéressé à elle, va la fuir à cause de son comportement qu'il juge trop bizarre. Quant à Polly la lesbienne, malgré la tendresse qu'elle témoigne envers May, elle est avant tout une nymphomane qui ne semble pas voir beaucoup plus loin que le coin de son lit. Toutes les initiatives de May pour quitter sa bulle et s'insérer dans le monde "normal" tombent donc à l'eau, y compris lorsqu'elle cherche à s'occuper bénévolement d'un groupe d'enfants aveugles, enfants qui la fascinent par leur rapport au toucher, au contact physique, contact dont May a été privée depuis tant d'années. Cette succession d'échecs la pousse à revenir à sa personnalité première, sans plus faire de concession ou de compromis. Elle veut un ami parfait, totalement à son goût et totalement loyal. Elle le construira elle-même, d'une manière pour le moins horrifique.

Fable macabre, MAY baigne dans une ambiance à la fois sinistre, nous montrant une jeune adulte encore immergée dans un univers enfantin, où le jeu côtoie encore la fascination pour le macabre. S'inspirant des toiles des préraphaélites (école picturale qui, comme son nom ne l'indique pas, est apparu dans l'Angleterre du XIXème siècle), McKee définit l'univers de May en composant une atmosphère à la fois féerique et entachée par le sordide de la réalité la plus quotidienne. Imbibée de l'ironie à la fois triste et cruelle de son propos, MAY se montre, de plus, violent dans ses images. Son metteur en scène a ainsi rarement recours à l'ellipse dans les scènes de violence graphique, qui sont souvent fortes, voire parfois insoutenables, lorsque des enfants se blessent avec des éclats de verre par exemple.

Intelligent, audacieux et proposant des séquences d'épouvante efficaces, MAY a donc tout pour plaire. On peut tout de même lui faire des petits reproches. Ainsi, sa réalisation choisit délibérément un parti pris de discrétion, refusant les mouvements ou les effets de montages les plus ostentatoires afin de laisser s'exprimer les acteurs et les personnages. Hélas, cela donne parfois une certaine impression de fadeur, particulièrement dans la première moitié du film qui peut paraître légèrement conventionnelle.

Ce n'est là qu'une petite réserve qui ne doit pas faire bouder l'indéniable bonne surprise constituée par MAY, bonne surprise qui sera, on l'espère, suivie d'autres œuvres du même calibre de la part de son réalisateur-scénariste. Durant plus d'un an, MAY fait d'abord une carrière exemplaire dans les festivals internationaux (Sundance, Sitges, Gérardmer…), avant d'avoir le droit à une toute petite distribution en salles aux USA, via la compagnie canadienne Lion's Gate. De même, en France il bénéficie d'une diffusion, assez symbolique, dans les cinémas, grâce à l'enthousiasme critique rencontré chez les amateurs de cinéma fantastique. Il arrive désormais en DVD en France chez M6 video (PAL, zone 2), après avoir été distribué aux USA par Lion's gate (NTSC, zone 1).

Proposant MAY dans son format d'origine 1.85 (et en 16/9), l'image de ce disque constitue un travail très honnête, à peine entaché par quelques rares points blancs, un peu de bruit dans les scènes sombres et une définition pas toujours très affûtée. Pour une petite production récente, ce DVD se défend très convenablement.

Pour les bandes-son, on trouve des mixages Dolby Digital 5.1 aussi bien en version française qu'en version originale. Signalons tout de même qu'il ne faut pas s'attendre à des déferlements d'effets en tous genres, les voix arrières restant globalement sages, à l'exception de quelques passages ponctuels et plutôt subtils (murmures, bris de verre mystérieux…). Seule la piste française a droit un mixage DTS. Les sous-titres français sont optionnels.

En supplément, on trouve un commentaire audio sous-titré en français, réunissant Lucky McKee et plusieurs membres de son équipe, à savoir le chef-opérateur Steve Yedlin, le monteur Chris Sivertson et les acteurs Angela Bettis, Bret Roberts et Nichole Hiltz. Cette piste n'est pas très informative, mais il y règne indéniablement beaucoup de bonne humeur. Et… c'est le seul supplément disponible pour le film sur ce disque ! Certes, l'édition américaine était maigre, mais elle avait au moins le mérite d'inclure un second commentaire, réputé plus informatif, que M6 n'a pas jugé utile de proposer aux spectateurs français. On ne trouve même pas la bande-annonce, pourtant elle-aussi présente sur le disque Lion's Gate.

Par contre, on trouve quatre bandes-annonces de films publiés ou à venir chez M6 vidéo, à savoir UNDERWORLD, LE MEDAILLON, LES TEMOINS et INSTINCTS MEURTRIERS. Le visionnage des deux dernières est d'ailleurs imposé au lancement du DVD, en plus d'un jingle de pub pour la chaîne câblée "13ème Rue" !

Bref, cette édition a avant tout le mérite de rendre MAY accessible aux francophones dans de bonnes conditions. Mais les collectionneurs maniaques et anglophones lui préfèreront sans doute le DVD américain et son commentaire supplémentaire.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Pub et bandes-annonces imposées au lancement du disque
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L'édition vidéo
MAY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h35
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Lucky McKee, Steve Yedlin, Chris Sivertson, Angela Bettis, Bret Roberts et Nichole Hiltz
      • Bandes-annonces
      • Underworld
      • Le Médaillon
      • Les Témoins
      • Instincts Meurtriers
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