Header Critique : FRANKENSTEIN MUST BE DESTROYED (LE RETOUR DE FRANKENSTEIN)

Critique du film et du DVD Zone 1
FRANKENSTEIN MUST BE DESTROYED 1969

LE RETOUR DE FRANKENSTEIN 

Après FRANKENSTEIN CRÉA LA FEMME, il faut attendre deux années pour voir arriver sur les écrans le cinquième volet des aventures du savant prométhéen : LE RETOUR DE FRANKENSTEIN. Comme pour le précédent, l'incontournable Terence Fisher se charge de la réalisation, entouré par ses habituels collaborateurs, à savoir le compositeur James Bernard, le directeur artistique Bernard Robinson (dont ce devait être le dernier film pour la Hammer) et le chef-opérateur Arthur Grant. C'est à l'écriture qu'on remarque le changement le plus insolite puisque c'est un des rares films basés sur une histoire du producteur Anthony Nelson Keys, tandis que le scénario est rédigé par Bert Batt, surtout connu comme assistant-réalisateur sur de nombreux films tournés en Grande-Bretagne, dont plusieurs de la Hammer.

Bien évidemment, Peter Cushing reprend le rôle du Baron Frankenstein, tandis qu'à ses côtés on reconnaît, dans le rôle du professeur Richter, Freddie Jones, alors surtout connu pour son travail à la télévision et qui allait, avec les années, s'imposer comme un second rôle incontournable du cinéma britannique. Sa route croisera, entre autres, celles de David Lynch (ELEPHANT MAN, bien sûr...), de Fellini (ET VOGUE LE NAVIRE) et de Terry Jones (ERIK LE VIKING). La jeune première de service est interprétée par Veronica Carlson, imposée par les dirigeants de la Hammer, alors qu'elle venait de jouer dans DRACULA ET LES FEMMES l'année précédente. Pour incarner Karl Orst, on se tourne vers Simon Ward (DRACULA ET SES FEMMES VAMPIRES, HOLOCAUST 2000...), un acteur alors quasi-débutant, qui ne retravaillera pas pour la Hammer par la suite.

Le docteur Frankenstein doit précipitamment abandonner son laboratoire secret le jour où un cambrioleur s'y introduit de force, s'en enfuit et avertit la police des macabres découvertes qu'il y a faites. Sous un faux nom, le baron se réfugie dans une pension de famille, dont la propriétaire est fiancée à un jeune docteur travaillant dans un asile psychiatrique. Ayant découvert que ce garçon se livre à un trafic de drogues volées sur son lieu de travail, Frankenstein le fait chanter et le force à devenir son assistant pour ses futurs travaux. Il apprend encore que le docteur Brandt, un de ses anciens collègues, est interné dans l'établissement depuis qu'il a perdu la raison. Or, le baron a besoin de son savoir pour venir à bout d'un problème sur lequel il bute depuis des années : la greffe de cerveau...

En effet, Frankenstein ne va pas, ici, se consacrer à l'habituel création d'un être artificiel. Déjà dans FRANKENSTEIN CRÉA LA FEMME, il diversifiait ses activités en réussissant la transmission d'une âme dans le corps d'une autre personne. Dans LE RETOUR DE FRANKENSTEIN, il s'attaque à un problème moins ésotérique : se livrant alors à une manœuvre risquée, il installe le cerveau d'un mourrant dans le crâne d'une personne physiquement saine, lui assurant une survie physique. Ainsi, le professeur Brandt, grand théoricien de ce style d'opération, va se retrouver, malgré lui, cobaye de ses propres études, suite à une opération chirurgicale qui est, comme toujours dans les Frankenstein, le clou horrifique du film. Si ces séquences sont visuellement assez peu explicites, même comparées à des titres plus anciens comme FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE !, elle n'en provoque par moins un évident malaise, particulièrement par l'usage d'une bande sonore où grincements et craquements d'os ont la part belle.

Se considérant comme un génie de la science en lutte contre une société obscurantiste, Frankenstein, comme toujours, est prêt à tout pour mener à bien ses entreprises. Chantage, mensonges, meurtres, enlèvement... sont autant de moyens qu'il applique sans aucun scrupule, en faisant preuve d'une détermination flirtant avec un comportement franchement obsessif. Cruel, il se montre même violent gratuitement, lorsqu'il viole Anna, ce qui paraît un peu en contradiction avec son personnage, a priori peu porté sur la bagatelle. Cette séquence est en fait ajoutée en cours de tournage, contre l'avis de Fisher et de Cushing, à l'initiative de James Carreras, directeur de la Hammer, qui trouve que le film manque de sexe. Non, vraiment, cette fois-ci, le baron va trop loin et, comme le proclame le titre anglo-saxon de ce long métrage : "Il faut détruire Frankenstein !".

Frankenstein, c'est évidemment Peter Cushing, ici sec comme une trique, qui braque sur son entourage un oeil glacial, impitoyable, ne sourit que sinistrement, et rehausse son interprétation d'un humour archi-noir (lorsque Frankenstein joue le "bon médecin" accueillant la femme de son cobaye...). Le reste du casting est, comme toujours pour les meilleurs films de la Hammer, inattaquable, aucun second rôle ne venant ternir l'homogénéité de la troupe. Dans le rôle de la "créature" de service, Freddie Jones incarne un être tragique, une intelligence brillante prisonnière d'un corps étranger : superbes scènes, ainsi, que celles où ils découvrent que ses mains sont celles d'un autre homme, ou bien lorsqu'il tente de communiquer avec son épouse, dissimulé derrière un paravent...

Splendeur des décors, raffinement de la photographie, élégance de la réalisation, musique puissante et solennelle... On retrouve bien les qualités des meilleurs Hammer Films dans LE RETOUR DE FRANKENSTEIN, lequel se caractérise encore par quelques séquences horrifiques époustouflantes : outre l'opération susmentionnée, on songe au prologue très "Grand Guignol", au cadavre surgissant de terre après l'explosion d'une conduite d'eau, et, surtout, au spectaculaire final, flamboyant dans tous les sens du terme. Tout au plus regrettera-t-on une mise en place un peu lente, le film tendant à manquer de scènes fortes dans sa première partie.

Réunissant la plupart des grands talents de la Hammer, LE RETOUR DE FRANKENSTEIN est une réussite, et il n'est pas rare de le voir considéré comme le meilleur Frankenstein que cette firme ait produit. Terence Fisher en parlait lui-même comme de son second film le plus réussi, juste derrière LE CAUCHEMAR DE DRACULA. Toutefois, peu après sa sortie, le réalisateur se blesse, ce qui l'écarte un moment des studios, alors même que la Hammer connaît une période de forte activité en matière d'épouvante. Le Frankenstein suivant sera LES HORREURS DE FRANKENSTEIN, réalisé par Jimmy Sangster, seul épisode de ce cycle qui ne soit pas être interprété par Cushing. Il faudra attendre quatre années pour que le prochain, et dernier, film de Fisher, sorte sur les écrans : FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L'ENFER.

LE RETOUR DE FRANKENSTEIN est présenté dans un cadrage panoramique 1.78 (avec 16/9) correspondant à peu près à celui utilisé lors des projections du film en salles (1.85). Ce disque simple-couche se caractérise par une compression légèrement fourmillante et par quelques petits défauts d'état. Toutefois, cela n'a rien de tragique et est largement compensé par un télécinéma magnifique, retranscrivant magnifiquement les lumières et, surtout, les couleurs de ce film.

La bande-son est disponible en mono 1.0, ou bien en anglais, ou bien en français. La version originale souffre d'un souffle assez présent et a parfois curieusement tendance à sonner un peu étouffée. Tout cela n'a rien de tragique, mais on se dit que cette piste aurait pu être un peu mieux nettoyée. Des sous-titres français, anglais et espagnols sont disponibles. Pour tout supplément, il faut se contenter d'une simple bande-annonce. Certes, cela est excusable au vu du prix modique de ce DVD, mais on aimerait que Warner fasse un peu plus d'efforts pour l'édition des classiques Hammer présents dans son catalogue !

Néanmoins, ce DVD permet de découvrir LE RETOUR DE FRANKENSTEIN dans de bonnes conditions et n'a, de toutes façons, pas de concurrence. Le disque américain fonctionne de plus sur tous les lecteurs français, à condition d'avoir un téléviseur ou un projecteur capable de prendre en charge du NTSC, puisque le codage régional est fixé sur 1, 2, 3 et 4.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
FRANKENSTEIN MUST BE DESTROYED DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h41
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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