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Critique du film et du DVD Zone 2
ABIMES 2002

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Août 1943 ; le sous-marin USS Tiger Shark dirigé par le lieutenant Brice (Bruce Greenwood, acteur fétiche de Atom Egoyan) reçoit l'ordre express de porter secours à des naufragés. Autour du parcours du sous-marin et du bâteau-hôpital qui a coulé s'échafaude une tragédie dans laquelle le fantôme du capitaine, qui dirigeait le sous-marin et qui a trouvé la mort quelques jours auparavant dans d'étranges circonstances, tire les ficelles. Quels secrets cachent son journal de bord ? C'est ce que Claire Paige, l'une des naufragés (Olivia Williams, SIXIÈME SENS), tente de découvrir, avec l'aide de Odell (Matt Davis), jeune recrue.

ABÎMES est le quatrième film de David Twohy, réalisateur ayant acquis une grande notoriété avec PITCH BLACK (avec Vin Diesel) dont la suite est très attendue ! David Twohy commence pourtant sa carrière de réalisateur avec l'échec de TIMESCAPE ; il avait auparavant été scénariste de WATERWORLD. Avant de développer le projet de PITCH BLACK 2, David Twohy s'égare dans ABÎMES, un métrage à mi-chemin entre le film d'action et le film fantastique qui s'appuie sur une trame due entre autres à Darren Aronofsy (réalisateur de REQUIEM FOR A DREAM) : une intrigue horrifique, lorgnant vers le thème du revenant, renforcée par le huis-clos que le lieu choisi impose, le fin fond de l'océan. Thème largement abordé par les deux genres cités plus haut, le film des profondeurs est le jumeau réaliste des films de vaisseaux spatiaux. L'espace y est confiné, exigu à l'extrême, et l'intrigue se noue autour de l'apparition d'une présence, plus ou moins néfaste, intrinsèque à l'équipage, ou venant de l'extérieur. Ce semblant d'ébauche s'applique à de nombreux exemples dont PEUR BLEUE, LEVIATHAN, M.A.L. pour la grande bleue et ALIEN pour les étoiles. Il convient également tout à fait au film qui nous intéresse maintenant : on peut y lire d'ailleurs une vision métaphorique du subconscient, mal connu, profond, qu'il faut révéler quitte à y découvrir des secrets inavouables ou des monstres terrifiants. Dans ABÎMES en tout cas, l'intrusion féminine déclenchera la réflexion de l'équipage (exclusivement masculin) sur lui-même jusqu'à révéler la présence monstrueuse.

Afin de perturber le spectateur, et ceci dès le début du film, Twohy pose la question du point de vue. Le spectateur, après de longs travellings menant aux survivants (un surprenant début de film, aérien) est placé dans le regard du lieutenant Brice. Quel point de vue adopter ? Celui du militaire, qui doit ramener le sous-marin à bon port, coûte que coûte, obéissant pour cela aux lois de l'armée, ou celui des survivants, qui cachent des ennemis allemands ?

La question qui est posée est celle de la validité du regard, de celle du personnage, donc de celle du spectateur. Le regard est biaisé par les machines, périscope, jumelles… ; mais aussi biaisé par la rapidité des plans, par la lumière ou les rideaux, qui voilent et dévoilent ce qui finit par tenir du fantasme… (les scènes dans les coursives, par exemple). Il n'est pas possible d'en dire plus sur cette crédibilité du regard, afin que le mystère du film reste entier.

Parallèle à la réflexion sur le regard et le point de vue, le hors-champ prend une place prépondérante dans l'intrigue : le sous-marin subit des attaques extérieures, le fantôme se fait entendre en frappant ou frottant sur la carlingue…, les nerfs de l'équipage sont mis à rude épreuve par l'invisible. Les regards s'abîment dans le vide, dans un hors-champ inaccessible qui est porteur de peur.

S'appuyant sur un casting avec quelques acteurs à la mode (Olivia Williams, Matt Davis…), le film se veut policé, net, à l'image des grosses productions hollywoodiennes. Les apparitions du fantôme sont assez bien maîtrisées mais sans débauche d'effet spéciaux (une accélération de la vitesse par-ci, un renforcement du grain par-là…) : le film s'appuie principalement sur l'alternance de la tension et de l'action. Mais le métrage de Twohy a une face moins lisse, penchant vers la série B, qui en fait davantage le charme, lui confère des aspérités qui accrochent le spectateur, tel ce plan bancal dans lequel un personnage inquiétant apparaît en contre-jour dans la coursive du sous-marin : le regard est perturbé par la multiplication des points d'éclairage, le plan est assez rapide mais est surtout surchargé par la présence d'un éclairagiste ! Cette image furtive, involontaire (il n'y a qu'à voir le regard effaré du pauvre homme !), remplit cependant la fonction d'étrangeté voulue du plan. C'est surtout dans ces maladresses que le métrage de David Twohy est attachant. Bien sûr le film, et son scénario, est plein d'un potentiel, mais malheureusement effleuré ou trop peu exploité : le carnet de bord, l'utilisation de la chanson de Benny Goodman, qui se déclenche et symbolise la présence fantomatique, le personnage même du fantôme sont petit à petit mis de côté pour privilégier les scènes d'action. Du coup l'action, que David Twohy souhaitait comme secondaire (il se plaint, dans le Making Of que le film ait été pris comme un film d'action) monopolise le champ ; d'autre part, l'horreur, le fantastique hantent le film et sont repoussés dans le hors-champ.

Même si le film gâche quelques-uns de ses atouts, il reste tout de même quelques scènes efficaces : la double fouille de la cabine de Brice (très tendue), l'exploration de la coque du sous-marin ou l'apparition des raies manta, quasi-déconnectée de l'ambiance du film et quelques métaphores un peu lourdes… demandez-vous lors de la scène de l'exécution du malade qui a du sang sur les mains !

L'édition en zone 2 chez TF1 vidéo reprend les caractéristiques de l'édition zone 1 ; quelques aspects en sont améliorés mais au détriment du commentaire audio de l'équipe du film. L'image est au format cinéma respecté. Elle est parfaite dans tous ses aspects, mises à part deux ou trois rayures sur la totalité du métrage et un très léger manque de netteté dans les arrière-plans (sur quelques plans) mais ce n'est que du pinaillage. L'ensemble est d'une qualité quasi-irréprochable tout comme les pistes-son : les deux langues, français et anglais, bénéficient de deux pistes chacune, l'une en DTS, l'autre en dolby digital 5.1. A noter que les pistes DTS sont la nouveauté de l'édition zone 2, avec les menus qui cette fois sont proposés en 16/9ème.

Quant aux bonus, ils sont à peu près équivalents. Trois scènes coupées (dont une fin alternative) plutôt intéressantes sont commentées (le commentaire est proposé en option) par Twohy de façon vraiment inintéressante ! Puis, aux côtés d'un Making Of d'une douzaine de minutes, largement dispensable, on retrouve la traditionnelle bande-annonce.

Flirtant sans cesse avec le film catastrophe, et le film d'action, le métrage de Twohy est inclassable, mais c'est loin de faire sa force. Quelques moments tendus, quelques clins d'œil d'auteur, quelques moments de grâce en font cependant un spectacle agréable, qui bénéficie d'une édition très soignée, un peu chiche en bonus cependant.

Rédacteur : Jérôme Peyrel
32 critiques Film & Vidéo
On aime
Quelques plans réussis
Un bon film de dimanche soir
On n'aime pas
Dommage que le commentaire présent sur le Zone 1 ne soit par repris
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L'édition vidéo
BELOW DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h41
Image
1.85 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of (12mn)
    • 2 scènes coupées (avec ou sans commentaire)
    • Fin alternative (avec ou sans commentaire)
    • Bande-annonce
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