Geoffrey Wright est un réalisateur australien, qui s'est particulièrement fait remarquer avec son long-métrage ROMPER STOMPER (titre vidéo) qui décrivait les méfaits d'une bande de skinheads s'en prenant à des immigrés asiatiques. Puis, il dirige METAL SKIN (titre vidéo), un film noir ayant moins fait parler de lui. Plus tard, il passe aux USA où il réalise une ouvre moins personnelle : le slasher CHERRY FALLS. Cette petite production, tournée dans l'Etat américain de Virginie, ne peut pas vraiment se payer de grandes vedettes, mais on y retrouve tout de même quelques visages connus. Le principal est, bien sûr, celui de Michael Biehn (TERMINATOR...). A ses côtés on retrouve Britanny Murphy, qui n'avait pas encore incarné la petite amie du rappeur Eminem dans 8 MILE, ou le comique Jay Mohr, venu du SATURDAY NIGHT LIVE.
La paisible petite ville de Cherry Falls est endeuillée par une série de meurtres abominables : un effroyable maniaque torture et tue des adolescents. Le médecin légiste établit que toutes les victimes avaient en commun d'être encore vierges au moment de leur mort. Le shérif Brent Marken avertit les parents de cette situation, et la nouvelle se propage comme une traînée de poudre dans le lycée. Les élèves décident d'organiser une grande orgie afin de permettre à tous les jeunes gens de la ville de se débarrasser de leur dangereux pucelage. Pendant ce temps-là, Jody, la fille du shérif, découvre que son père soupçonne que cette affaire soit liée à une tragédie qui se serait déroulée à Cherry Falls, des années auparavant...
Pour l'épouvante américaine, la seconde moitié des années 1990 a été marquée par le retour en force du slasher, particulièrement après le triomphe surprise de SCREAM, porté par un excellent bouche-à-oreille. CHERRY FALLS, sorti en 2000, arrive alors que la vague est nettement sur le reflux : la parodie SCARY MOVIE a fait un sort au "néo-slasher", tandis que les énormes succès du PROJET BLAIR WITCH et SIXIÈME SENS, en 1999, indiquent un renouvellement des goûts du public.
Pourtant, CHERRY FALLS a tout de même des atouts dans son jeu. Comme l'a souligné, avec une ironie mordante, le film SCREAM, les survivants des slashers sont, depuis la Laurie Strode d'HALLOWEEN, les adolescents les plus "sages", à savoir ceux qui ne s'abandonnent pas à l'usage de stupéfiants ou ne se complaisent pas dans des mœurs dissolues. Or, ici, le tueur a la particularité de s'en prendre uniquement aux adolescentes et adolescents restés vierges. Cette idée de départ est exploitée de façon amusante, donnant lieu à de nombreuses situations cocasses. D'autre part, l'enquête criminelle lorgne, elle, fortement vers la série TWIN PEAKS : en effet, la série de crimes qui endeuillent Cherry Falls est liée à un drame ancien, un secret horrible encore enfoui dans les consciences de ses habitants.
CHERRY FALLS souffre de certains défauts typiques des slashers de son époque. La mise en scène est globalement banale, bien que heureusement rehaussée par une photographie soignée (signée par Anthony B. Richmond, qui a notamment travaillé sur NE VOUS RETOURNEZ PAS et L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS de Nicolas Roeg). La plupart des jeunes personnages sont réduits à des archétypes et des clichés rabattus, et sont franchement peu convaincants. L'interprétation est globalement quelconque. Quant au dénouement, il n'est qu'en partie satisfaisant puisqu'il laisse paraître quelques invraisemblances et n'explique que partiellement tous les meurtres commis.
Pourtant, CHERRY FALLS parvient sans problème à se hisser au-dessus de la moyenne des slashers de sa génération. Outre son argument de départ et son exploitation malicieuse, il peut se prévaloir d'un sens de l'humour qui fait réellement mouche, lui apportant une touche d'originalité bienvenue. La progression de l'enquête policière est plutôt solide, chose extrêmement rare dans ce style de film, tandis que le final se permet un carnage sanglant assez réussi. Enfin, la description de Jody, le personnage principal, et de son environnement familial est authentiquement sensible.
Grâce à une progression homogène et à son ton original, CHERRY FALLS réussit à compenser certaines de ses faiblesses (notamment des scènes horrifiques peu convaincantes) et à faire passer au spectateur un agréable moment. Il a pourtant connu des soucis à l'occasion de sa distribution. Aux USA, il connaît des problèmes devant la commission de la classification, qui exige certaines coupures avant de lui accorder le visa "Restricted". De plus, son distributeur se dégonfle et CHERRY FALLS, initialement destiné à être montré en salles, est d'abord présenté à la télévision (dans une version extrêmement censurée) avant d'être publié directement en DVD (en "double-programme" avec TERROR TRACT) dans son montage "R-rated".
S'il sort au cinéma dans certains pays (en Grande-Bretagne par exemple), il reste aussi inédit dans ce format en France. En effet, dans notre pays, il n'est diffusé que tardivement (en 2004), directement en DVD, par Studio Canal.
Ce DVD propose CHERRY FALLS dans son montage "Restricted" et dans son cadrage d'origine (1.85, avec option 16/9). La qualité est globalement bonne, comme on peut s'y attendre avec un titre aussi récent. La copie est d'une propreté quasi-irréprochable et l'on regrettera juste, pour chipoter, quelques légers soucis de compression et une définition parfois un peu grossière. Le résultat d'ensemble est néanmoins de très bonne tenue.
La bande-son anglaise originale est proposée dans son mixage Dolby 2.0 d'origine, lequel remplit très convenablement ses fonctions. Le doublage français, assez correct, est disponible, au choix, sur une piste Dolby 2.0, ou dans un mixage 5.1, tous deux de bonne qualité.
En bonus, on ne trouve que la bande-annonce du film, ce qui est tout de même assez maigre. On peut aussi consulter d'autres bandes-annonces de DVD Studio Canal (parmi lesquels LA PROPHÉTIE DES GRENOUILLES et JOHNNY ENGLISH).
Bref, cette édition propose le film dans de bonnes conditions, même si l'on regrette qu'il soit un peu chiche sur les bonus ou qu'il ne propose pas le montage "Unrated" de CHERRY FALLS. Toutefois, cette version intégrale du film n'est disponible nulle part pour le moment, et les autres éditions de CHERRY FALLS à travers le monde s'avèrent, elles aussi, assez minimalistes en ce qui concerne l'interactivité.