Dans un futur proche, les plages sont contrôlées par des gangs de surfeurs sans foi ni loi. Parmi les plus extrêmes, il y a les «Surf Nazis» qui se sont mis en tête de prendre le pouvoir et de diriger les opérations de tous les autres gangs. Cela n'est pas du goût de tout le monde et une guerre se déclenche entre tout ce petit monde...
Après des études de cinéma, Peter George se met à bosser sur diverses productions à petits budgets où il fait entre autres la connaissance de Fred Olen Ray pour lequel il bossera sur SCALPS. Après quelques années passées à s' occuper sur divers postes dans les petits métrages des autres, il lui vient l'idée de mettre en scène son propre film. Lui-même surfeur, l'idée de gangs adeptes du surf germe dans son esprit inspiré par ce qu'il voit sur les plages de Californie. Une idée qui sera d'ailleurs décliné de façon différente quelques années plus tard dans POINT BREAK de Kathryn Bigelow.
De là naît donc le concept de SURF NAZIS MUST DIE où Peter George s'amuse à créer un gang de nazillons qui pratiquent le surf. Leur chef s'appelle bien entendu Adolf et il harangue ses troupes de discours pompeux alors que sa nana porte inévitablement le nom d'Eva. Le cinéaste revendique aussi une certaine inspiration en provenance de MAD MAX mais à vrai dire son métrage fait de prime abord penser aux films de gangs genre LES GUERRIERS DE LA NUIT. Toutefois, histoire d'épaissir un peu plus son récit, SURF NAZIS MUST DIE contient une histoire de vengeance comme on celle que l'on peut trouver dans MAD MAX !
Tout cela n'est pas très sérieux et SURF NAZIS MUST DIE est avant tout un produit décalé qui joue sur le registre de la comédie bien qu'il n'y ait pas ici l'envie de produire des gags. Ainsi, par exemple, la vengeance n'est pas perpétrée par un policier ou un gros bras mais par une figure largement moins conventionnelle ! L'humour provient essentiellement des personnages outrés et du décalage avec la réalité alors que le traitement général est le plus souvent assez sérieux. La première partie du film est d'ailleurs la moins réussie car elle ne fait que présenter les activités des surfeurs ce qui, passée la surprise des premières minutes, tourne rapidement en rond. La seconde partie s'avère déjà bien plus réussie avec l'élimination en règle des vilains de l'histoire. Car il faut le rappeler «Les Surf Nazis doivent mourir !».
Pour mettre en boîte son film, Peter George fait appel à toutes ses connaissances dont la plupart provient de l'école où il a fait ses études plusieurs années auparavant. Il faut tout de même résoudre un problème de taille. Une grande partie de l'intrigue se déroule sur la plage et celle-ci est généralement prise d'assaut en été. C'est donc en hiver que le tournage aura lieu avec une plage largement moins fréquentée et surtout une eau glaciale qui ne fera pas que des heureux dans l'équipe du film ! Enfin, tous les acteurs ne sont pas des surfeurs et il faut donc faire appel à des doublures pour les séquences qui les mettent en scène lorsque ceux-ci sont sur les planches. Néanmoins, ces séquences ne sont pas toujours très importantes pour l'histoire puisqu'il n'y a que très rarement des rebondissements scénaristiques sur les vagues. Pour obtenir des images un peu plus spectaculaires, des plans seront tournés spécialement à Hawaï par exemple pour les passages à l'intérieur des rouleaux. Pour ces scènes aquatiques, il réussit même à obtenir Dan Merkel qui avait tourné le même type de passages pour GRAFFITI PARTY. En terme de «vedette», il faut aussi indiquer que Bobbie Bresee interprète un tout petit rôle dans le film sûrement par amitié pour Peter George qui participa à plusieurs tournages de film où l'actrice apparaît (STAR SLAMMER...).
A l'issue du tournage, Lloyd Kaufman et Michael Herz sont impressionnés par les images qu'on leur apporte et plus particulièrement en ce qui concerne les séquences dans les vagues. Troma embarque donc le film pour en faire une présentation en grande pompe lors du marché du film du festival de Cannes en 1987. Mieux, ils affichent un énorme poster de SURF NAZIS MUST DIE devant le Carlton ce qui fera comme toujours sensation ! Les années ont passé et Peter George s'est remis au boulot sur le film pour la sortie en vidéo. Il a donc opéré un «Director's Cut», plus ou moins artificiel, auquel il a ajouté de nouveaux passages dans les vagues et d'autres petits bouts de scènes qui n'avaient pas réussi à se frayer un chemin jusqu'à la copie cinéma dans les années 80.
Etrangement, l'éditeur français n'utilise pas le même transfert que celui du DVD américain pas plus que la version «Director's Cut» dont les petits changements ne modifient pas, de toute façon, la qualité intrinsèque du film. Couleurs délavées et définition moyenne sont au programme. Le DVD américain propose un peu plus d'image sur la gauche et, si la définition n'est toujours pas exemplaire, arbore des couleurs plus probantes ainsi qu'un rendu, il est vrai, moins clair. Pas de quoi s'extasier sur l'image. Pour le son, cela s'avère un peu mieux avec la piste sonore enregistrée en Ultra Stéréo à l'époque et proposée avec un sous-titrage français.
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Le contenu du DVD français est bien moins chargé que son homologue américain. La bande-annonce et la petite galerie de photos, dont certaines de tournage, se sont évanouies et n'apparaîssent pas sur ce DVD, tout comme le lot de conneries filmées en vidéo par l'équipe de Troma, que l'on peut retrouver sur la plupart des disques de l'éditeur. Les suppléments vont donc droit à l'essentiel avec une interview du réalisateur et du producteur. De toutes petites vidéos où les deux hommes livrent d'un côté quelques informations sur le film et de l'autre deux anecdotes. Une autre interview est disponible après une présentation du film par Beowulf (enfin ?) qui n'a manifestement pas compris que SURF NAZIS MUST DIE n'est pas un film d'Heroïc Fantasy. Cette petite interview joue un peu la redondance mais est tout de même sympathique puisque c'est Lloyd Kaufman lui-même qui interviewe Peter George.
Le DVD contient aussi plusieurs scènes coupées. Elles sont précédées d'une autre petite présentation dans laquelle Lloyd Kaufman n'hésite pas à indiquer les évidentes influences que SURF NAZIS MUST DIE a pu engendrer sur INDEPENDENCE DAY ou LES RENDEZ-VOUS DE PARIS d'Eric Rohmer. Toutes les scènes contiennent un bout de commentaire audio de la part de Peter George qui explique d'ailleurs que si les images ont été retrouvées, le son, lui, est à présent perdu ! Toutefois, il faut préciser que tous les suppléments ne contiennent pas de sous-titrages, ce qui limitera leur compréhension seulement aux familiers de la langue anglaise.
Peter George essaye de mélanger MAD MAX, LES GUERRIERS DE LA NUIT et GRAFFITI PARTY de John Milius. Un essai très hasardeux qu'il ne réussit pas à maîtriser de bout en bout, surtout en raison d'un budget anémique ! SURF NAZIS MUST DIE fait partie des curiosités surprenantes du catalogue Troma mais qui sont très loin d'égaler les bandes délirantes de la boîte de production de Lloyd Kaufman.