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Critique du film et du DVD Zone 2
BLOODUSCKING FREAKS 1975

 

Le réalisateur new-yorkais Joel M. Reed commence par tourner des films "pour adultes", puis dirige sa première oeuvre classique : G.I. EXECUTIONNER (titre vidéo), un long métrage d'espionnage datant du début des années 70. Alors qu'il tente en vain de monter un autre projet, il est invité à assister à un spectacle sado-masochiste, puis en discute avec des personnes issues du milieu de la danse. Finalement, on lui avance un peu d'argent pour réaliser un film qui décrirait une compagnie mettant en scène des ballets sadiques. Toutefois, l'essentiel du financement sera obtenu grâce à un particulier, apparemment très pressé de se débarrasser d'une importante somme d'argent pour des raisons fiscales ! BLOODSUCKING FREAKS se tourne, de nuit, avec des acteurs venus essentiellement du théâtre ou ayant un autre travail à côté.

Maître Sardu a des activités peu orthodoxes. Il anime un petit théâtre marginal où, le soir, se tiennent des spectacles mettant en scène des violences et des tortures. Le public est convaincu que tout cela est truqué. Mais il n'en est rien. Sardu et son âme damnée, le nain Ralphus, enlèvent des jeunes femmes et leur font, en fait, subir de véritables sévices. Qui plus est, les deux larrons s'enrichissent en kidnappant de jeunes américaines, qu'ils monnayent ensuite sur le marché de la traite des blanches. Mais Sardu aspire à plus de reconnaissance. Lassé d'être un metteur en scène méprisé par les critiques, il décide de ravir un représentant de cette profession et d'en faire la "vedette" d'un de ses futurs shows. De plus, il veut agrémenter ce numéro par la présence d'une vraie danseuse. Il enlève donc Natasha, une ballerine célèbre. Mais celle-ci refuse de danser pour lui...

Sardu (prononcé "Sardou" !) est la star du film. Esthète de la sauvagerie, aimant autant faire souffrir qu'être torturé, il s'inscrit dans la généalogie du comte Zaroff et des autres grands sadiques du cinéma. En compagnie de l'inénarrable Ralphus, il pratique la cruauté comme un art, avec délectation, en élaborant des humiliations et des violences toujours plus cruelles. Sa manière de régler ses comptes avec la critique rappelle évidemment THÉÂTRE DE SANG, interprété trois ans plus tôt par Vincent Price, dont le cabotinage précieux a sans doute inspiré Seamus O'Brien pour son incarnation de Sardu. Quant au spectacle au cours duquel, à l'insu des spectateurs, de vraies victimes sont tuées dans des numéros soi-disant truqués, il évoque fortement THE WIZARD OF GORE de H.G. Lewis. C'est d'ailleurs très nettement à l'esprit macabre et farceur de ce fondateur du cinéma gore que renvoie BLOODSUCKING FREAKS.

Séquences sanglantes s'enchaînant à un bon rythme, humour noir, mauvais esprit, jusqu'au-boutisme d'un propos immoral à souhait... Reed emploie tous les faibles moyens matériels à sa disposition pour mettre au point un condensé de mauvais goût agressif et rigolard. Déclarant avoir été influencé par les deux premiers ILSA, il élabore un catalogue de séquences sanglantes, compensant certaines lacunes techniques par de l'entrain et de l'humour.

Évidemment, tout n'est pas génial. La réalisation reste basique. L'intrigue, qui n'est qu'un prétexte, tend à se traîner et à provoquer, vers la fin du film, une certaine lassitude. Si certaines séquences de sévices sont marquantes, et d'une originalité assez délirante (la guillotine, le dentiste...), d'autres font moins d'effet.

Farce macabre réjouissante, BLOODSUCKING FREAKS reste un échantillon très sympathique du cinéma underground américain d'alors, mêlant invention Grand-guignolesque et humour noir avec une bonne santé qui fait plaisir à voir.

Il sort d'abord aux USA en 1976, sans coupure, avec un classement X. Par souci de faire un peu de publicité, on croit malin d'inviter une association féministe (Women Against Pornography) à manifester contre BLOODSUCKING FREAKS, une oeuvre, il faut bien le dire, effectivement assez machiste. Cela marchera tellement bien... que le film sera retiré des écrans suite au scandale ainsi provoqué ! Au début des années 1980, Troma acquiert les droits du long métrage et organise une nouvelle exploitation. Soucieux d'atteindre un large circuit de distribution, la compagnie de Lloyd Kaufman présente BLOODSUCKING FREAKS au MPAA et accepte de pratiquer les coupures demandées par cet organisme afin d'obtenir le visa R. Pourtant, ce sont des copies "Uncut" qui seront diffusées à travers tous les USA, ce qui vaudra des petits ennuis à Troma une fois la supercherie découverte ! En France, il est diffusé directement en vidéo, chez Haxan.

BLOODSUCKING FREAKS est d'abord sorti en DVD NTSC multizone aux USA. Il arrive désormais en France, au sein de la collection Troma de LCJ / Sony Music (zone 2, PAL). En le glissant dans son lecteur DVD, on constate que le lancement du film est précédé obligatoirement de sa bande-annonce. L'image est proposée en 4/3, avec une qualité assez inégale. Presque toujours très sombre, elle trahit des petits soucis d'étalonnage, ou laisse paraître quelques traces de compression, une définition perfectible et pas mal de points blancs. Cela reste convenable, mais il ne faut pas s'attendre à des miracles.

La bande-son anglophone originale est dans un mono très acceptable au vu des conditions assez précaires du tournage de ce film. Le sous-titrage français est amovible.

La section bonus se limite à une featurette d'à peine trois minutes, nous proposant des interviews éclairs (et non sous-titrées !) du monteur Viktor Kanefsky et des acteurs Arlana Blue et Ernie Physer. Dans un texte en français (présenté, hélas, dans des caractère trop petits pour une lecture agréable sur un téléviseur), Lloyd Kaufman explique pourquoi il trouve BLOODSUCKING FREAKS moins choquant que PRETTY WOMAN, FORREST GUMP ou GENERATION 90 ! Enfin, on peut consulter une galerie de photographies dédiées à diverses actrices des productions Troma, puis les bandes-annonces de deux titres de la collection : CANNIBAL, THE MUSICAL et COMBAT SHOCK.

Par rapport au DVD américain, on ne regrette que la disparition du commentaire audio assuré par Eli Roth, réalisateur de CABIN FEVER. Pour l'anecdote, Troma avait envisagé de faire commenter le film par Joel M. Reed, mais celui-ci, semble-t-il fâché avec le studio indépendant, refusa. On demanda alors à Eli Roth de faire semblant d'être un expert en cinéma fantastique et de faire un commentaire, réputé aujourd'hui pour son manque de pertinence ! Il mena aussi des interviews de membres de l'équipe du film, dont certaines sont réunies dans la featurette proposée sur le DVD français.

Somme toute cette édition zone 2, sans être grandiose, permet donc aux francophones de découvrir, dans des conditions très acceptables, cette version délirante de SALO, LES 120 JOURNÉES DE SODOME.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
BLOODSUCKING FREAKS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Sony
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interviews de Arlana Blue, Ernie Pysher et Victor Kanefsky par Eli Roth (3mn46)
      • Bandes-annonces
      • Cannibal the Musical
      • Combat Shock
    • Une intervention de Lloyd Kaufman (texte)
    • Galerie de tromettes
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