Header Critique : HOW TO MAKE A MONSTER

Critique du film et du DVD Zone 0
HOW TO MAKE A MONSTER 1958

 

Pete Drummond est un maître dans l'art du maquillage et n'a pas son pareil pour transformer un jeune acteur en horrible créature. Tout va pour le mieux du monde jusqu'à ce que les pontes du studio qui l'emploie viennent le voir pour lui annoncer que la vague de films d'horreur est terminée ! Il est donc temps de fermer la section effets spéciaux de maquillage qui devient inutile sur les comédies musicales tendance rock'n'roll, ce qui sera la nouvelle ligne directrice du studio.

HOW TO MAKE A MONSTER met devant les projecteurs le métier de maquilleur et dans le même temps dévoile à peine ce qui faisait hurler de terreur les spectateurs des années 50. C'est à dire la façon dont sont réalisées les horribles créatures du cinéma d'épouvante. HOW TO MAKE A MONSTER se rapproche ainsi de la réalité, ce qui aurait pu désamorcer tout intérêt et encore plus les éventuels frissons provoqués par le film. Roublard, Herman Cohen, producteur et scénariste, s'associe à Aben Kandel pour coller à la réalité et donner une dose de crédibilité à son histoire. Le studio où travaille Peter Drummond est donc bel et bien l'A.I.P. de Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson. Des spectateurs venus les visiter sont d'ailleurs accueillis par un guide qui leur annonce qu'ils vont pouvoir assister au tournage d'une scène clef de CRIMES AU MUSEE DES HORREURS, un film produit et écrit par Herman Cohen et qui fera sensation en sortant dans les salles de cinéma l'année d'après. Enfin, dernière idée (ou recyclage des maquillages ?), les deux films précédents sur lesquels Peter Drummond a travaillé ne sont autres que deux productions précédentes de Herman Cohen à savoir I WAS A TEENAGE FRANKENSTEIN et I WAS A TEENAGE WEREWOLF. L'acteur qui interprétait la créature dans I WAS A TEENAGE FRANKENSTEIN reprend même son rôle alors que Michael Landon, futur chef de famille dans LA PETITE MAISON DANS LA PRAIRIE, cède sa place sous le maquillage du loup-garou à Gary Clarke. Un pari plutôt osé pour un film destiné à être consommé du coin de l'oeil par le public des Drive-In américains.

HOW TO MAKE A MONSTER a passé les années avec succès justement grâce à cette approche étonnante car, si le film ne risque pas de faire peur aux spectateurs d'aujourd'hui, cette petite histoire de vengeance d'un maquilleur contre ceux qui le privent de son travail, ou plutôt son oeuvre, garde tout son sel. La fin du film, qui passe d'ailleurs tout d'un coup du noir et blanc à de flamboyantes couleurs, modifie toutefois un peu la donne dans un dénouement qui retire le potentiel sympathique du maquilleur pour nous apporter une bien étrange et horrible révélation. Une dernière idée bougrement intelligente ! Car si HOW TO MAKE A MONSTER démonte le mythe des monstres à l'écran, leur retirant leur potentiel horrifique pour nous présenter une histoire criminelle, le final retombe dans l'horreur jusqu'à suggérer que les créations des maquilleurs vues dans les films sortis et à venir recèlent une part abominable purement réaliste ! Lors du final, on notera aussi que les masques accrochés sur les murs font eux aussi partie du bestiaire de l'A.I.P. (INVASION OF THE SAUCER MEN, THE SHE-CREATURE, DAY THE WORLD ENDED...).

Le film réalisé par Herbert L. Strock n'est pas pour autant un chef-d'oeuvre. L'histoire se suit assez banalement jusqu'à la fin sans que le métrage ne soit vraiment traversé par un éclair de génie en ce qui concerne sa mise en boîte. Mais à vrai dire, est-ce si étonnant puisqu'il faut tout de même rappeler que ce type de film était à l'époque produit à la chaîne. HOW TO MAKE A MONSTER pourrait donc très bien faire l'objet de nos jours d'une nouvelle version qui serait à même de servir encore mieux les excellentes idées qui y sont véhiculées. Un remake a déjà été produit pour la télévision dans la collection des Creatures Features mais celui-ci, titré de la même façon HOW TO MAKE A MONSTER, s'écarte totalement du sujet original pour nous proposer une histoire assez banale de monstre en huis clos dans le milieu du jeu vidéo. Dommage !

Première constatation, l'image de ce DVD nous présente un recadrage de HOW TO MAKE A MONSTER. Cela ne se ressent pas toujours mais certains plans ont tout de même quelques défauts notables dus à cette technique qui consiste à remplir intégralement le cadre de votre télévision, quitte à couper des morceaux de l'image. La définition est correcte mais l'encodage est en deçà des standards du DVD. Restent les petits défauts de pellicule souvent apparents mais qui ne devraient pas vous gêner plus que ça.

La seule piste sonore est celle de la version originale anglaise qui est en mono d'origine. Honnête sans plus, cette piste sonore fait le strict minimum. Elle est épaulée par deux sous-titrages qui ne serviront qu'aux acheteurs allemands et néerlandais. L'éditeur aurait pu penser à y inclure des sous-titres anglais mais ce n'est pas le cas. En tout cas, il est impossible d'en vouloir à DVD UK Ltd. de ne pas avoir inclus de sous-titres en français puisque ce DVD n'est absolument par prévu pour être commercialisé dans les pays francophones.

En guise de supplément, le DVD contient un florilège de bandes-annonces avec celles de WAR OF THE COLOSSAL BEAST, BLOOD OF DRACULA, DAY THE WORLD ENDED, THE BRAIN EATERS, THE SHE-CREATURE, THE SPIDER, VOODOO WOMAN REFORM SCHOOL GIRL et, bien sûr, celle de HOW TO MAKE A MONSTER. Et si vous appréciez les belles affiches, le boîtier DVD contient aussi neuf reproductions d'affiches au format carte postale pour les films dont vous pouvez trouver les bandes-annonces à l'exception de REFORM SCHOOL GIRL qui se voit remplacé par THE UNDEAD.

Bien plus intéressante est la longue interview de Samuel Z. Arkoff. Toutefois, ce supplément bourré d'anecdotes et d'informations nécessitera un bon niveau d'anglais puisqu'il est présenté sans aucun sous-titrage. Enregistrée seulement en audio, cette interview ou plutôt allocution est égayée par seulement trois ou quatre photos qui tournent en boucle. Ceux qui ont la chance de comprendre l'anglais pourront ainsi apprendre comment Vincent Price réalisait des économies pour utiliser l'argent qui lui était alloué lors de ses déplacements en Angleterre pour faire l'acquisition d'oeuvre d'art. Ou alors recevoir un petit cours sur le pourquoi de certains flops (LE BUCHER DES VANITES...) ou succès (LES TORTUES NINJAS...) au cinéma selon Samuel Z. Arkoff ! Il est à noter que les suppléments de ce DVD sont exactement les mêmes que ceux des autres disques de la collection (WAR OF THE COLOSSAL BEAST, DAY THE WORLD ENDED et THE SPIDER).

Dans son genre, HOW TO MAKE A MONSTER est une petite production horrifique des années 50 à découvrir essentiellement pour sa façon de jouer avec la réalité et sa présentation d'un maquilleur d'effets spéciaux habité par son oeuvre ! L'édition DVD n'est pas d'une grande qualité mais l'interview ainsi que son prix de vente assez bas lui donnent tout de même un côté fort attractif !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
HOW TO MAKE A MONSTER DVD Zone 0 (Angleterre)
Editeur
DVD UK
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Angleterre (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h13
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Allemand
  • Supplements
    • Interview audio de Samuel Z. Arkoff (50mn)
      • Bandes-annonces
      • War of the Colossal Beast
      • Blood of Dracula
      • Day the World Ended
      • How to Make a Monster
      • The Brain Eaters
      • The She-Creature
      • The Spider
      • Voodoo Woman
      • Reform School Girl
    • Reproductions de 9 affiches
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