Un groupe d'amis décide de fêter la fin de l'année scolaire dans une usine désaffectée (quelle idée!). Ils ignorent que l'endroit a été fermé suite au massacre de vingt-quatre personnes, perpétré par une employée transformée en monstre biomécanique par une fuite radioactive ! Toujours là à hanter les lieux, elle ne va pas rater l'occasion de donner un tout autre tour à la fête...
DEATH FACTORY fait partie de la première fournée DVD de l'éditeur Uncut Movies, dont le catalogue, jusque-là entièrement composé de VHS, se résume essentiellement à des films gores, crades et franchement underground. C'est une production Brain Damage Films, qui a la prétention de faire des films "politiquement incorrects" (voir le Making Of sur le DVD) avec de très petits budgets. Parmi les participants au projet on trouve Ron Jeremy star bedonnante du porno US, une tromette (Tiffany Shepis) et le cinéaste Brad Sykes. Une treizième réalisation pour ce dernier qui a la réputation de faire des merveilles avec juste 2000$ et une caméra DV...
L'usine de la mort donc, est introduite avec le massacre d'un couple qui a l'idée saugrenue de venir s'ébattre là alors qu'il aurait pu rester dans l'herbe aux alentours. De passage, un clochard complètement bourré (Ron Jeremy, profitez-en les fans, après on ne voit plus que son cadavre), a l'occasion de sauver la demoiselle mais finit par y passer lui aussi... Le jeu de massacre continue avec l'arrivée du groupe d'amis accompagnés de quelques bières et d'un radiocassette !
Premier constat : la prestation des acteurs fait vraiment amateur, même si quelques-uns ne le sont justement pas. S'ils s'en sortent dans les séquences de massacre et les rôles de cadavres, c'est rarement le cas dans les scènes de dialogue. Les passages dramatiques sont ridicules tant qu'on les laisse parler (et même souvent après…). On peut tout juste noter l'exception Jason Flowers qui compose une prestation plus que correcte dans le rôle d'un fan de Megadeth. Le reste du casting présente peu d'intérêt, combinant sur-jeu et manque d'aisance face à la camera.
L'autre problème du film est son rythme plutôt mou du genou. Une fois le premier massacre passé, on a droit à une bonne demi-heure de scènes sans intérêt pendant lesquelles le petit groupe d'amis prépare son excursion à l'usine et commence sa petite fête. La réalisation plate alliée à la banalité des situations est à mettre en cause. Pour une fois, un problème en répare un autre et le spectacle inhabituel d'un jeu d'acteur aussi mal assuré permet de prendre son mal en patience ! Sans suspense, le massacre du groupe vient tout juste relever le niveau, heureusement la fin du film arrive vite (le tout ne dure qu'une heure vingt) et réserve une petite surprise.
Tout n'est pas perdu pour autant. Au rayon des réussites, le monstre arrive largement en tête, c'est quand même à lui que l'on doit la belle pochette crade racoleuse ! Avec ses griffes d'acier mal fichues, on est plus proche des mutations de TETSUO que de Freddy Krueger. Dans le même registre de comparaison, il a droit a une reprise très cheap du thème final de TETSUO ! Souvent crédible, parfois franchement amateur, la prestation de Tiffany Shepis dans ce rôle est liée à la majorité des quelques belles scènes du film. Ces scènes de massacre et plans d'acteurs hébétés ou pas encore morts sauvent le film. Moments cheaps, violents et parfois poétiques dans un cadre d'usine plutôt réussi, elles arrivent sans trop prévenir et font le charme du film. On en vient même à regretter que l'intrigue ne se contente pas juste de suivre la créature et que le tout soit filmé en DV, un autre support aurait donné une tout autre valeur à ces scènes.
Le "politiquement incorrect" dont se targue la production semble se résumer à un personnage de lesbienne, un sachet d'herbe, quelque bières et deux scènes érotiques dignes d'un softcore... Ce n'est pas l'île aux enfants certes mais ça ne casse pas des briques. Pour ce qui est du gore, le sang coule pas mal mais on pouvait légitimement en attendre plus, quelque petites choses viennent tout juste relever le niveau (yeux transpercés à la main, organes arrachés...).
Uncut Movies nous offre un DVD doté d'une interface plutôt réussie, reprenant un des meilleurs plans de DEATH FACTORY. Le film est présenté en 4/3 et apparemment dans le ratio d'origine. Pas de surprise le tournage en DV a permis un transfert très propre sur DVD, même si on dénote parfois ce qui ressemble à de légers artefacts de compression. Pas de doublage français, juste une version originale anglaise en mono avec sous-titres français. Les puristes apprécieront la possibilité de voir le film sans sous-titres. La partie son n'est pas très soignée, on note souvent des apparitions et disparitions soudaines de bruit ambiant, ce qui résulte en réalité du mixage du film et non pas du transfert sur DVD.
Le DVD propose une section bonus qui lance en une seule fois la lecture d'un Behind the Scenes, d'interviews du réalisateur, du producteur et de quelques acteurs, d'un bêtisier et des trois bandes-annonces de DEATH FACTORY. Ces bonus sont à l'image du film, rien de très original, mais pas complètement inintéressants. On trouve également la bande annonce de UNKNOWN BEYOND, second DVD à sortir de l'éditeur.
DEATH FACTORY n'est donc pas le défouloir gore, crade et malsain que l'on pourrait croire à la simple vue de la pochette. Avec son politiquement incorrect d'un autre âge, son rythme mollasson et sa succession de massacres sans suspense, ce direct-to-video n'a pas grand chose pour susciter l'intérêt auprès des non-initiés du gore-fauché-underground. Les fans hardcore y trouveront leur compte puisque c'est tout de même loin d'être un ratage complet. Juste un film trop classique, trop mou, parfois réussi et qui se laisse quand même regarder.
