Après plusieurs siècles de sommeil, le son d'une guitare
électrique réveille le vampire Lestat. Grâce à
son charisme et à sa voix hors du commun, il devient une rock-star
et expose aux yeux de tous ce qui devrait rester dans l'ombre. Cette
attitude énerve les autres vampires qui vivent dans les "traditions".
Disposant des droits sur les livres de Anne Rice, Warner n'allait pas laisser passer l'opportunité de produire de nouveaux films après le franc succès de ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE. Neil Jordan planche un temps sur une suite de son film mais cela ne se concrétise pas. Le temps passe et justement rien ne se passe. Jusqu'à ce que la Warner décide qu'il est temps d'aller de l'avant et ce même si tous les intervenants du premier film sont aux abonnés absents. La production se déplace en Australie, offre une enveloppe bien moins importante que celle du premier film en ce qui concerne le budget et confie la réalisation à Michael Rymer, jeune réalisateur du coin. Franchement pas chaud à la base, dans de telles conditions, il est devenu impossible de convaincre Tom Cruise de reprendre le rôle du vampire Lestat.
Portant le nom du troisième livre, LA REINE DES VAMPIRES emprunte tout de même quelques éléments au second tome qui lui est bien supérieur. En effet, la seconde suite littéraire de ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE ne disposait pas du même attrait que les deux premiers livres. Il nous est donc donné d'assister à l'émergence de Lestat dans le monde du rock'n'roll pour le reste, les origines de Lestat et surtout Marius sont expédiées, déformées ou totalement occultées. Mais tous les éléments repris des livres ont bien du mal à se faire une place dans le film qui semble hésiter entre la romance de Lestat et Jesse, la fameuse reine et les plus anciens des vampires. Tout cela s'entremêle et certaines intrigues sont alors à peine évoquées ce qui risque de laisser quelques spectateurs un peu perdus au milieu de tous ces vampires qui sortent de terre. A cet effet, même dans les scènes coupées où les "Anciens" gagnent un peu plus de place, il faut bien avouer que les relations entre tous les vampires restent dans un joli flou. Dommage, puisque ce sont probablement ces relations qui auraient gagné à être développées. Ajoutons à cela que personne ne sait d'où proviennent les vilains vampires qui ne passent pourtant pas inaperçus durant le concert et qui veulent rester dans l'ombre puisque les seules autres créatures du genre sont cantonnées dans un club branchouille où Lestat apparaît sans que cela ne défrise qui que ce soit !
Toute la partie consacrée à la rock-star et surtout les séquences de concert sont assez agréables alors que le reste dénote un manque de subtilité. Plus goth que les goths, reconnaître un vampire est un jeu d'enfant. C'est facile, ils ont le tour des yeux noirci, des looks pas possibles et les canines très pointues. Clichesque comme pas permis ! La fameuse reine des damnés est du même acabit avec son impossibilité à se mouvoir autrement que de façon lascive. Le romantisme de pacotille étant lui atteint par une séquence amoureuse à base de pétales de fleurs flottant autour des deux protagonistes dans une baignoire. LA REINE DES DAMNES prend ainsi la direction inverse de celle adoptée par ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE !
Après la prestation de Tom Cruise, auquel personne ne croyait dans le rôle avant de le voir dans le film, c'est au tour de Stuart Townsend d'incarner Lestat. La comparaison n'est pas flatteuse pour le jeune acteur irlandais. Car, comme déjà dit, dans les séquences de concert, il dégage une certaine crédibilité mais dès qu'il doit interpréter un charismatique vampire, cela coince pas mal ! Et il n'est pas aidé le bougre puisqu'on lui inflige Vincent Perez comme mentor vampirique. Et puisque nous parlons du casting, autour d'eux, on remarquera Marguerite Moreau vue entre-temps dans FIRESTARTER 2, Claudia Black (FARSCAPE) en vampire hindoue ou Bruce Spence (MAD MAX 2 et MAD MAX AU DELA DU DOME DU TONNERRE) que personne ne reconnaîtra avec la tête de déterré qu'on lui a faite !
Format large respecté
et grande précision de l'image donnent un transfert impeccable
de LA REINE DES DAMNES. Pas la peine d'épiloguer sur ce
sujet. Les pistes sonores Dolby Digital 5.1 sont, elles aussi, de bien
bonne qualité. Elles rendent autant hommage aux parties musicales
qu'à divers effets et ambiances saisissantes. D'un point de vue
audio/vidéo, le rendu général est donc de haute
tenue.
Malgré l'indication
sur la jaquette, ce n'est pas le responsable du montage qui accompagne
le réalisateur et l'un des producteurs sur le commentaire audio.
En lieu et place, c'est Richard
Gibbs, le compositeur qui aura épaulé Jonathan
Davis pour la création de la musique du film. Forcément,
il était impossible de passer sous silence les livres de Anne
Rice et il y est donc fait allusion dans ce commentaire audio dans
lequel les intervenants passent en revue méthodiquement divers
sujets et plus particulièrement la technique propre à
la réalisation d'un film tel que LA REINE DES DAMNES.
Reste que Warner persiste à ne pas sous-titrer les commentaires
audio de ses DVD, ce qui risque de mettre une barrière entre
cette piste sonore et la majorité des acheteurs. Si cela peut
vous rassurer, vous ne loupez pas grand chose !
La Featurette promotionnelle est bien plus informative qu'à l'habitude. Elle nous emmène auprès du maquilleur qui nous donne un cours rapide ou dans les studios où certains effets numériques sont réalisés durant la post-production. C'est là aussi que l'on peut voir de quelle façon il est possible de faire voler des vampires avec l'aide de câbles. Cette idée même d'expliciter les vols ou les vitesses de déplacement fait partie des erreurs de la production comparées au film de Neil Jordan où ce genre d'aspect était le plus souvent suggéré par le montage.
Décédée dans un accident d'avion durant la phase de post-production de LA REINE DES DAMNES, Aaliyah se voit décerner une petite featurette en forme d'hommage. Espérons qu'elle ne fut pas utilisée pour la promotion du film mais produite pour ce DVD, ce dont il est permis de douter ! Ce très court docu donne la parole au réalisateur, à Stuart Townsend, au frère de Aaliyah, le tout ponctué par des apparitions de la demoiselle.
En plus du clip vidéo de Static X, vous en trouverez trois autres assez étonnant. Il s'agit des vidéo-clips dans leur intégralité de Vampire Lestat, le groupe dans le film. Deux d'entre eux sont d'ailleurs très inspirés par l'expressionnisme allemand puisque l'influence de NOSFERATU LE VAMPIRE dans l'un et du CABINET DU DR CALIGARI dans l'autre est flagrante ! La présence de ces clips est un ajout judicieux puisqu'ils nous permettent d'obtenir ces morceaux musicaux sans devoir faire l'acquisition de la bande originale du film. Mais faut-il encore avoir des affinités avec ce courant musical ! Dans le même ordre d'idée, il est possible de visionner deux extraits musicaux montés comme s'il s'agissait d'un véritable concert (ou presque).
Une bonne part de la bande originale, y compris la musique plus conventionnelle, est l'uvre d'un certain Jonathan Davis qui s'avère être aussi le chanteur du groupe KoRn. A cet effet, une Featurette entière est dévolue à la création de la musique. Ce que l'on n'apprend pas, par contre, c'est qu'en raison d'un problème de contrat, il était impossible à Jonathan Davis de chanter lui-même. Pour pallier à ce souci, ce sont d'autres chanteurs pas moins renommés qui viendront poser leur voix sur les morceaux musicaux tels que Marilyn Manson ou les chanteurs de Disturbed, Linkin Park
Plusieurs scènes inédites se retrouvent sur le DVD et, il faut bien l'avouer, peu d'entre elles sont marquantes sur plus d'une demi heure de séquences inédites. Pas mal de ces séquences sont en fait des passages du film dans des montages plus longs. Chacune de ces scènes est introduite par un petit texte expliquant pourquoi elles ont été supprimées ou remaniées. Le bêtisier n'est pas plus enthousiasmant alors que la galerie de photos contenant des dessins de production donne à admirer une vision bien plus jolie que celle qui apparaît dans le film !
Faute de rassembler l'équipe
du premier film, Warner produit une suite au rabais en espérant
faire des entrées sur la seule renommée des livres de
Anne Rice. Le DVD
a, quant à lui, des atouts insoupçonnés mais qui
auront bien du mal à éclipser le fait que LA REINE
DES DAMNES n'arrive pas à la cheville de ENTRETIEN
AVEC UN VAMPIRE.