Header Critique : LE PHARE DE L'ANGOISSE (LIGHTHOUSE)

Critique du film
LE PHARE DE L'ANGOISSE 1999

LIGHTHOUSE 

Rook, un Serial Killer, est conduit à sa prison à bord du navire l'Hyperion. Il s'évade et atteint en barque une petite île sur laquelle est bâti un phare. Il élimine ses habitants puis l'éteint, provocant le naufrage de l'Hyperion.

LE PHARE DE L'ANGOISSE est un film d'horreur anglais arrivé en 1999, alors que le cinéma britannique de ce genre a quasiment disparu.

En effet, nous nous souvenons que l'âge d'or de l'épouvante British s'est déroulé à la fin des années cinquante et durant les années soixante. Avec en figure de proue les films gothiques de la Hammer comme FRANKENSTEIN S'EST ÉCHAPPÉ ! ou LE CAUCHEMAR DE DRACULA.

Le cinéma anglais est entré en crise dans les années soixante-dix, décennie marquée notamment par la démocratisation de la télévision dans les foyers. Après plusieurs échecs consécutifs, la Hammer met la clé sous la porte. Des grands réalisateurs comme Terence Fisher, John Gilling ou Roy Ward Baker cèdent la place à des nouveaux bien moins convaincants comme Norman J. Warren.

Avec l'arrivée de la vidéo et la disparition des aides aux tournages en Grande-Bretagne, le cinéma anglais s'enfonce dans la crise dans les années quatre-vingts. Des tentatives ambitieuses de revenir à l'horreur classique se soldent par des échecs comme LE DOCTEUR ET LES ASSASSINS ou LA PROMISE.

L'arrivée de sang frais avec Clive Barker et son HELLRAISER a semblé promettre un renouvellement du Gothisme anglais. Ce sera en fait sa conclusion, la carrière de l'écrivain-metteur en scène périclitant avec ses tentatives hollywoodiennes CABAL et LE MAÎTRE DES ILLUSIONS.

Le cinéma anglais dans son ensemble connaît donc un parcours comparable à celui du cinéma italien : cinématographie prestigieuse, créative et dynamique des années cinquante et soixante, elle n'est plus qu'un champ de ruines au début des années quatre-vingt-dix. Pourtant, le cinéma anglais rebondit au cours de cette décennie. De nouvelles aides sont mises en place et s'ensuivent des succès critiques (les films sociaux de Ken Loach et de Mike Leigh) ou commerciaux (des comédies comme QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT ou COUP DE FOUDRE A NOTTING HILL).

Dans la foulée de cette renaissance apparaît ce petit film, LE PHARE DE L'ANGOISSE de 1999, première réalisation de Simon Hunter. Le metteur en scène rencontre beaucoup de difficultés à monter son projet, les films d'horreur pour le cinéma ayant presque disparu au pays de Christopher Lee. Il se contente d'un budget très réduit et le film est interprété par des acteurs peu connus. Il met néanmoins en vedette James Purefoy, comédien rocailleux appelé à tenir le rôle principal dans des films d'aventures Made In England réussis comme LE SANG DES TEMPLIERS ou SOLOMON KANE.

LE PHARE DE L'ANGOISSE développe une intrigue classique. Un groupe est coincé dans un lieu clos et s'organise face à un mal destructeur. L'ambiance est typiquement British : nuit, brouillard, humidité et plages de galets ! Rook est un tueur classique, branché décapitation - il collectionne les têtes de ses victimes et les expose avec soin. Il s'inscrit dans la veine des tueurs en série alors à la mode (LE SILENCE DES AGNEAUX, SEVEN). Mais l'ambiance gothique spécifique au PHARE DE L'ANGOISSE permet d'échapper à la redite.

Les acteurs sont en général moyens et les personnages schématiques. Le film est ralenti par quelques scènes de bavardage plates et ennuyeuses. Certains rebondissements sont trop prévisibles et à certains moments, le manque de moyens financiers devient évident.

Mais LE PHARE DE L'ANGOISSE contient d'étonnants tours de force, prouvant une très bonne maîtrise du suspense, ce qui est inattendu dans une première réalisation (les toilettes, le final). La fin du film est très réussie et nous n'avons alors plus l'impression d'avoir affaire à un film au budget restreint ! Le personnage du tueur est convaincant et sadique. Les amateurs apprécieront la cruauté de Rook, ainsi que certaines scènes Gores et malsaines. Un personnage caché dans la barque du tueur est aspergé par le sang dégoulinant de la tête coupée d'un de ses amis !

LE PHARE DE L'ANGOISSE n'est pas le chef-d’œuvre de l'année 1999. Mais il reste un produit sympathique, tout à fait consommable pour les amateurs de séries B d'épouvante assumées et sans prétention.

Surtout, ce métrage se trouve à l'avant-garde d'une spectaculaire renaissance du cinéma d'horreur anglais. Si Simon Hunter ne transformera pas vraiment son essai, il sera suivi peu après par des réalisateurs qui vont offrir des titres fantastiques variés et réussis. Comme Neil Marshall (THE DESCENT, métrage le plus emblématique de cette Nouvelle Vague, DOOMSDAY), M.J. Bassett (SOLOMON KANE), James Watkins (LA DAME EN NOIR, SPEAK NO EVIL) et le plus passionnant de la bande : l'éclectique Christopher Smith (CREEP, SEVERANCE, BLACK DEATH, TRIANGLE, DETOUR).

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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