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Critique du film
VAMPIRES 1998

 

Pendant les années quatre-vingt-dix, les vampires ont le vent en poupe ! BRAM STOKER'S DRACULA de Francis Ford Coppola, ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE de Neil Jordan et UNE NUIT EN ENFER de Robert Rodriguez proposent des visions de cette mythologie qui séduisent aussi bien le grand public que les connaisseurs. La série télévisée «BUFFY CONTRE LES VAMPIRES» commence en 1997 et devient populaire.

Par ailleurs, LOS ANGELES 2013 de John Carpenter, suite de NEW YORK 1997, ne remporte pas le succès escompté par son studio producteur, à savoir la Major Company Paramount. John Carpenter accepte ensuite une tâche plus modeste avec ce VAMPIRES.

Ce travail de commande est l'adaptation du roman «Vampire$» de John Steakley, projet cinématographique lancé au début de la décennie et un moment confié à Russell Mulcahy (HIGHLANDER). Ce dernier est écarté et s'oriente vers un autre film de monstre classique : la très mineure MALÉDICTION DE LA MOMIE de 1998.

John Carpenter n'a jamais caché son admiration pour les réalisateurs Howard Hawks (RIO BRAVO) et Sam Peckinpah (LA HORDE SAUVAGE). Il accepte le scénario de VAMPIRES car il lui offre l'opportunité de réaliser un Western. Les rôles principaux sont tenus par James Woods (VIDEODROME, IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE) et Sheryl Lee (la série télévisée «TWIN PEAKS»).

Une bande de chasseurs de vampires au service du Vatican travaille de nos jours au Nouveau Mexique. Ils affrontent Valek, le premier et le plus puissant de tous les vampires.

Les tueurs de vampires que nous fait suivre John Carpenter rappellent par bien des aspects les brutes sauvages qui peuplent les films de Sam Peckinpah, comme les Outlaws de LA HORDE SAUVAGE ou les soldats allemands de CROIX DE FER. Fréquentant la mort et la peur, ils sont violents et imprévisibles. Ils comptent d'un air réjoui les crânes de leurs victimes après un massacre. Ils sont aussi des soudards, qui se reposent de leur activité destructrice en se saoulant aux côtés de prostituées.

Le contraste entre leur nature de mercenaires sans scrupule et leur mission de croisés au service de l'Église apparaît dans toute son évidence. A leur tête, Jack Crow évoque de nombreux héros de Carpenter (le condamné à mort d'ASSAUT, Nada dans INVASION LOS ANGELES, Snake Plissken dans NEW YORK 1997 et LOS ANGELES 2013). Individualiste lucide, il se trouve en bute face à l'autorité à laquelle il est censé obéir. Jack se révolte contre la hiérarchie catholique lorsqu'il comprend qu'elle n'a pas une position claire sur les vampires.

VAMPIRES se passe à l'époque actuelle, mais l'atmosphère est celle d'un western dans lequel des cow-boys (les chasseurs) traquent des indiens (les vampires). Nous avons même une scène de saloon avec son shérif local qui peste contre les excès des mercenaires (transposée pour l'occasion dans un motel).

L'action se déroule dans de vastes paysages américains et dans des villes typiques du Far West avec fermes, hôtels glauques et prisons. La musique, même si elle contient quelques clochettes évoquant SUSPIRIA, est essentiellement composée d'un Rock lourd, illustrant un folklore de cow-boys machos.

Pourtant, Carpenter nous rappelle que nous sommes bien dans un film de vampires en colorant son image de dominantes sanguines : rochers du désert, ciel crépusculaire et sang des victimes versé en abondance par les créatures de la nuit baignent cette histoire dans une teinte rouge. Cette grammaire symbolique des couleurs renvoie bien sûr aux nombreux films de vampires de la Hammer, en particulier au plus classique d'entre eux : LE CAUCHEMAR DE DRACULA.

Pour la première fois dans sa carrière, John Carpenter s'intéresse donc aux vampires. Cette culture est décrite avec beaucoup de détails. Nous apprenons les origines de ces créatures, leur organisation et l'existence d'une conspiration dangereuse pour l'humanité. Nous relevons des similitudes avec UNE NUIT EN ENFER : le cadre géographique, les massacres très Gore à la limite de la parodie, et les maquillages des vampires (réalisés dans les deux films par l'équipe KNB).

VAMPIRES contient des scènes d'action impressionnantes dans lesquelles Carpenter démontre son sens très sûr du découpage dans l'espace et le temps (le massacre du motel, les scènes de chasse au harpon). La relation entre le chasseur Montoya et la vampire Katrina est attachante.

Pourtant, les séquences violentes sont parfois ridicules et peu efficaces. L''attaque du monastère laisse flotter un parfum de série Z indigne de Carpenter. Le duo formé par Jack et le jeune prêtre donne lieu à des gags fastidieux, parfois bêtes. La narration manque de rigueur et de rythme, quand elle n'est pas alourdie par des bavardages ennuyeux. Le final est décevant. Le prince des vampires est facilement vaincu !

Malgré ces défauts, le miracle Carpenter a encore lieu. Certes, ce n'est qu'une œuvre de commande expédiée avec un budget modeste sur un scénario imposé. Mais l'ensemble reste agréable à suivre et certaines visions étonnantes, efficaces et inventives (les vampires sortant du sol au crépuscule, ou s'enflammant au soleil) valent le détour. VAMPIRES n'est pas un chef d'œuvre, mais ce n'est pas non plus un mauvais film !

VAMPIRES ne rencontre pas un grand succès, mais la carrière honorable qu'il connaît sur le marché américain lui vaut deux suites modestes, destinées au marché de la vidéo : VAMPIRES II : ADIEU LES VAMPIRES, réalisé par Tommy Lee Wallace, vieux complice de John Carpenter, puis VAMPIRES 3 : LA DERNIÈRE ÉCLIPSE DU SOLEIL, de Marty Weiss.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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