Maya et son compagnon font une halte dans une petite ville isolée de l'Oregon. Suite à une panne de voiture, ils louent une maison pour la nuit en attendant que les réparations soient faites...
THE STRANGERS fait sensation lors de sa distribution en 2008. Ce n'était pourtant pas gagné au regard d'une gestation balbutiante et des hésitations concernant sa diffusion dès l'origine. Depuis, le film s'est taillé une petite réputation, ce qui reste assez surprenant compte tenu de ses qualités. Peut-être les spectateurs ont-ils vibré en pensant qu'il s'agissait de la représentation d'une histoire vraie ? Ce serait dommage puisque THE STRANGERS est une histoire entièrement fictive. Tout au plus, Bryan Bertino y a injecté les peurs de son enfance lorsqu'il habitait dans une maison isolée. Ensuite, il faudra une dizaine d'années avant que THE STRANGERS ne connaisse un prolongement avec STRANGERS : PREY AT NIGHT. Anecdotique !
Tout cela nous mène à un film intitulé LES INTRUS. Les détenteurs des droits du film original ont l'intention de continuer d'exploiter la franchise THE STRANGERS pourtant un peu moribonde. Les producteurs ont l'idée géniale de proposer une suite qui sera présentée sous la forme d'une trilogie. Ne vous attendez pas à une épopée d'aventure à l'instar du HORIZON : UNE SAGA AMÉRICAINE, CHAPITRE 1 de Kevin Costner. Renny Harlin, le réalisateur, n'a pas hypothéqué sa maison pour mener à bien sa trilogie qui débute par LES INTRUS. Évidemment, ce film n'a rien d'un projet personnel et hormis l'idée de découper l'histoire en trois parties, il s'agit ici seulement d'exploiter un filon. Pour autant, en raison de la maigreur de son sujet, LES INTRUS auraient pu s'affranchir d'une affiliation à un film antérieur. Il aurait pu être nommé LOCATION SAUVAGE, AIRBNB SANGLANT ou encore VIENS CHEZ MOI, J'HABITE CHEZ DES PSYCHOPATHES. Sérieusement, en dehors des masques des agresseurs, la connexion est ténue. Nous n'apprenons ici rien de plus par rapport aux précédents métrages. Plus gênant encore, le film se montre encore moins convaincant que THE STRANGERS.
On suit donc un couple qui tombe en panne de voiture dans une petite bourgade isolée et peuplée de gens souvent inquiétants. Ça, c'est le point de départ et vous l'avez déjà vu à de nombreuses reprises. Ensuite, ils se retrouvent dans une maison isolée pour y passer la nuit. Et, ça, vous l'avez déjà vu à de nombreuses reprises aussi. Enfin, des agresseurs viennent troubler leur quiétude jusqu'à l'excès. Si vous n'avez pas déjà vu cela auparavant (et plusieurs fois), c'est que vous débutez votre cinéphilie horrifique et je trouve ça super (dommage tout de même de commencer par là, jetez plutôt un œil à ILS de David Moreau et Xavier Palud). Attention, je vais dévoiler un morceau de l'intrigue... Le film se termine par un "à suivre" qui est extrêmement frustrant. Oui, c'est une frustration, car il faudra donc se taper deux autres films alors que l'on pensait que notre calvaire de spectateurs allait enfin s'arrêter ! Néanmoins, on commence à comprendre pourquoi Richard Brake fait de la figuration pendant quelques minutes sans aucune ligne de dialogue. LES INTRUS est une mise en place. Une douloureuse mise en place... Le film est donc le prologue de deux autres films qui ont été tournés en même temps, il présente des personnages et des lieux. Cela devrait nous intriguer, nous donner envie de voir la suite... Mais le contenu est si pauvre que, pour ma part, cela produit l'inverse. Peut-être qu'une mise en place réduite à quelques minutes et placée en préambule d'une véritable histoire aurait mieux servi le projet ?
LES INTRUS ne donne même pas le minimum syndical d'un film d'horreur traditionnel. On en vient à regretter un remake de VENDREDI 13 qui s'avère largement plus généreux. On pourra me répondre que LES INTRUS n'est pas un slasher. Et c'est vrai puisqu'il ne contient au final qu'une longue partie de cache-cache un peu molle. Toutefois, la séquence post-générique renvoie tout de même LES INTRUS directement aux slashers. Cette dernière séquence donne l'impression que la suite du film va suivre les traces de HALLOWEEN II. Une toute petite séquence peu réaliste et un peu gratuite qui tranche avec les propos de son réalisateur et des producteurs qui voulaient avec LES INTRUS emballer un film où les événements seraient réalistes. Non, le film contient tellement de passages peu réalistes que cela ne tenait pas de toute façon.
À la barre des INTRUS, on trouve Renny Harlin qui ne sait plus quoi faire pour remonter la pente de sa carrière. Dans le domaine de l'horreur, il nous avait donné le sympathique PRISON ou encore LE CAUCHEMAR DE FREDDY. Mais le cinéaste finlandais avait ensuite décollé vers de grosses productions après avoir tourné 58 MINUTES POUR VIVRE. Le succès de CLIFFHANGER venait asseoir son statut de faiseur de blockbuster. Cela n'a pas duré, les échecs successifs de L'ÎLE AUX PIRATES puis de AU REVOIR A JAMAIS amorçant la dégringolade. Depuis, sa carrière est ponctuée de hauts et surtout de bas. On le retrouve sur quelques gros films (PEUR BLEUE, DRIVEN, LA LEGENDE D'HERCULE...). En désespoir de cause, on l'appelle même pour tripatouiller et retourner des scènes de L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT après que la copie de Paul Schrader ait été rejetée par la production (L'EXORCISTE : AUX SOURCES DU MAL). Mais les interstices de la carrière de Renny Harlin sont comblés par des œuvres bien plus modestes. Le Finlandais connaît même une courte période où il tourne quelques films en Chine. À l'évidence, Renny Harlin est prêt à tout pour tourner et même nous dire que THE STRANGERS était un super film et que sa trilogie va mener le concept bien plus loin dans son développement. Pour cette dernière affirmation, même si cela part très mal, cela reste en suspens ! Quoi qu'il en soit, en honnête faiseur, Renny Harlin donne tout de même au film une facture professionnelle qui lui confère un aspect cinéma. Mais cela ne suffit pas !
Suite logique d'une sortie dans les salles au mois de mai 2024, LES INTRUS arrive en septembre de la même année sur le marché français de la vidéo en produit physique (DVD et Blu-ray) et dématérialisé. Rien à redire en ce qui concerne le Blu-ray commercialisé par Metropolitan. Le disque haute définition met parfaitement en valeur ce qui semble être les deux seuls points forts du long-métrage. À savoir une photographie et une image assez jolies ainsi qu'une bande sonore très réussie. Dans le premier cas, on trouve donc un transfert 1080p en haute définition qui ne présente pas de réelles failles. Et dans le second, des pistes audio qui assurent le spectacle en version originale sous-titrée (Dolby Atmos) ou en version doublée en français (DTS HD Master Audio). À noter que Metropolitan fait partie des rares éditeurs à proposer des pistes sonores pour les malvoyants. C'est le cas une nouvelle fois ici avec une piste en audiodescription.
En complément du film, l'éditeur nous propose pas mal de contenu. À commencer par deux vidéos où l'on retrouve des interviews de l'équipe du film. La première s'intéresse à ce projet de trilogie basée sur THE STRANGERS. La seconde est plus orientée vers le design de ce film qui a été tourné en Slovaquie. À cela, l'éditeur ajoute une galerie composée d'images promotionnelles (affiches), de photos de tournage et enfin de clichés pris lors de l'avant-première américaine.
On a déjà dit ce que l'on pense du film, mais l'édition en Blu-ray est, quant à elle, de belle facture à une exception près. En effet, et ce n'est pas la première fois, l'éditeur fait le choix de ne pas sous-titrer les commentaires audio, ici celui de l'un des producteurs (Courtney Solomon) et celui de l'actrice principale (Madelaine Petsch). De fait, ce supplément sera donc réservé à ceux qui comprennent l'anglais. Pour peu que l'on veuille en apprendre plus sur le film, ce ne sera pas non plus une mine d'informations exclusives. Mais les deux interlocuteurs pointent du doigt des éléments qui laissent entrevoir des possibilités concernant l'évolution de l'histoire au second ou au troisième chapitre. Une séquence en particulier semblait être un moment convenu du cinéma d'horreur alors qu'elle pose manifestement les bases de ce qui est à venir. En toute franchise, il n'y a pas de quoi changer son jugement sur LES INTRUS.
Un peu plus curieux, le disque propose aussi de donner la parole à Renny Harlin à propos du film. On pourrait s'attendre à une interview filmée. Ce n'est pas le cas puisqu'il s'agit d'un texte éclaté sur plusieurs pages et que l'on peut faire défiler à la télécommande.
Quelques bandes-annonces viennent finaliser cette édition. Celle du film est disponible dans les menus alors que les autres ne sont visibles qu'à l'insertion du disque en guise de publicité pour d'autres titres de l'éditeur.
