Cela ne va pas fort pour le petit Peter. Il est le souffre-douleur de l'un de ses camarades de classe et ses nuits sont dérangées par d'étranges bruits dans sa chambre. Malheureusement pour lui, son malaise va s'accentuer car rien ne semble tourner rond dans sa vie...
Voilà pour le point de départ de COBWEB curieusement titré en français LA MAISON DU MAL. Est-ce que la maison est maléfique ? Est-elle seulement peuplée de personnages malfaisants ? Est-ce vraiment le cœur du film ? Mais est-il bon d'évoquer clairement le cœur du film ? Ne vous laissez pas abuser, LA MAISON DU MAL a clairement été mal vendu auprès du public. Hormis ce titre un peu passe-partout, le film se voie affublé d'une affiche plutôt jolie mais qui laisse entrevoir ce que son réalisateur veut nous cacher. Plus surprenant, LA MAISON DU MAL se déroule durant la période d'Halloween. Autant dire qu'en sortant en plein mois de juillet, il loupe la synchronisation entre le réel du spectateur et l'imaginaire des salles obscures. On pourra me rétorquer que LA NUIT DES MASQUES de John Carpenter était sorti en début d'année mais nous ne sommes plus en 1979 et c'était à une époque où les sorties étaient très décalées en fonction des pays.
Passé ce préambule pas vraiment optimiste, mettons les choses au point tout de suite... LA MAISON DU MAL est une très bonne surprise ! Mettons-nous deux secondes à la place d'un spectateur qui ingurgite des palanquées d'œuvrettes horrifiques aux moments de tension faiblards et à l'encéphalogramme plat "grâce", entre autres, aux plateformes de streaming. Il n'a jamais été aussi simple de voir des tonnes de films d'horreur mais cette profusion cache souvent un cloaque de bidules mal fagotés. Le seuil de tolérance devient alors de plus en plus critique au point, parfois, de ne plus savoir comment séparer le bon grain de l'ivraie face à cette profusion excessive. Mais revenons à LA MAISON DU MAL qui sort clairement du lot !
A première vue, LA MAISON DU MAL est une production majoritairement anglo-saxonne. Pourtant, son réalisateur est français et c'est son tout premier long-métrage à destination du cinéma. Scénariste et comédien, Samuel Bodin a ainsi réalisé plusieurs courts-métrages ainsi que des clips-vidéos (dont un pour Gojira, fameux groupe de métal français) avant d'être le maître d'œuvre de la série télévisée LAZY COMPANY. Dans le genre qui nous intéresses, il a aussi confectionné pour Netflix une mini-série intitulée MARIANNE. A l'évidence, c'est cette série horrifique qui lui a donné l'opportunité de réaliser LA MAISON DU MAL. On pourra d'ailleurs tisser des liens entre les deux dans la manière de filmer et d'agencer les moments de tension. Dans un genre ultra balisé et aux recettes éculées, Samuel Bodin nous propose quelques décalages bienvenus en créant le suspense ou le stress sur les attentes du spectateur. C'est assurément l'une des grandes qualités de LA MAISON DU MAL. Le cinéaste s'amuse aussi à implanter des détails étranges pour mieux contaminer la réalité de ce que l'on perçoit (les smileys sur les gâteaux, le champ de citrouilles...). Du beau boulot de mise en scène qui se nourrit du meilleur du cinéma d'épouvante !
Le cinéma n'est pas la réalité et le cinéma fantastique s'en affranchit allégrement. Toutefois, pour que cela fonctionne pleinement, il est nécessaire d'ancrer le surnaturel dans un terreau crédible. Et c'est le bémol que l'on pourrait émettre à l'encontre de LA MAISON DU MAL. Les deux premiers tiers du film réussissent un très bon numéro de funambule oscillant entre mystère et horreur. Le dernier tiers se montre plus convenu et surtout brise la crédibilité de l'histoire. Au final, l'horrible secret de la maison ne fournit aucune raison d'y être resté cloîtré aussi longtemps. Cela n'empêche pas de prendre plaisir à la vision de cette MAISON DU MAL, d'autant plus que les interprétations de Lizzy Caplan et Antony Starr sont excellentes et savoureuses dans leur genre !
LA MAISON DU MAL est donc, et on le redit, une très bonne surprise, même si le film ne révolutionne en rien le genre. Et ce n'était certainement pas l'intention de ses auteurs. Mis bout à bout, les éléments de LA MAISON DU MAL peuvent se retrouver dans de nombreux autres films. Mais c'est fait avec assez d'intelligence pour que l'on n'ait pas la désagréable impression de voir une accumulation d'idées et de séquences piquées ici ou là. Certes LA MAISON DU MAL ne fait donc pas preuve d'une grande ambition mais ce qu'il nous donne est bien fait ! Et c'est l'essentiel !
Après une sortie dans les salles françaises de cinéma, on espère que LA MAISON DU MAL sera bien mieux accueilli pour sa sortie en vidéo physique. Si vous optez pour le Blu-ray, Metropolitan offre un transfert de toute beauté. L'image, au format large et en haute définition, aurait pu être mise à mal par les nombreux passages nocturnes. Il n'en est rien, le spectacle est au rendez-vous ! Il en va de même des pistes sonores en DTS HD Master Audio 5.1. Si elles ne font pas toujours dans la finesse en ce qui concerne les graves, cela a au moins le mérite d'assurer le spectacle ! Evidemment, l'éditeur propose des sous-titrages sur la version originale. A noter aussi qu'il propose des options pour les malentendants et les malvoyants.
En complément, le Blu-ray propose trois featurettes à l'intérêt très inégal. Cela a tout de même le mérite de montrer des images de tournage et, en particulier, les effets spéciaux réalisés directement sur le plateau. Mais le plus intéressant dans cette édition française consiste en une longue interview de près d'une demi-heure de Samuel Bodin. Amusant d'ailleurs de comparer les morceaux d'entretien dans les featurettes où le cinéaste s'exprime soit en anglais soit avec son élocution française plus naturelle. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur Samuel Bodin et LA MAISON DU MAL. Cette interview étant largement plus pertinente que les featurettes promotionnelles. L'interactivité se termine avec la bande-annonce du film ainsi qu'un florilège d'autres titres horrifiques parus chez le même éditeur.